L’annonce de la mort de Sean Price nous a laissé pantois, comme beaucoup. Ce mec qu’on croyait éternel, mort dans son sommeil dans la force de l’âge. Alors une fois n’est pas coutume, on a décidé de délaisser notre traditionnelle fournée de sons de la semaine. À la place, on vous propose un hommage à cet artiste immortel qu’on estime indispensable comme ajout à votre bibliothèque sonore.
23 octobre 2011. Ce soir-là, Sean Price a son regard noir des jours sans. Venu rocker les planches du Transbordeur avec son supergroupe Random Axe, le colosse de Brownsville subit les affres d’un generation gap. Devant le trio d’américains se dresse une foule d’adulescents venus clairement supporter 1995, qui clôture la soirée. Et on sent que l’affaire n’est pas au goût de Black Milk, Guilty Simpson et Sean Price. Incompréhension mutuelle. Poussé dans ses retranchements par la situation ubuesque, Sean Price se met à rapper dos au public, au grand dam de ses fans. Cette scène qu’on croirait sortie des pires scories de la biographie de Miles Davis, est en fait une image assez représentative du bonhomme. Un artiste entier, fun et farfelu, au capital sympathie inégalé dans le rap jeu.
Un peu plus tard, dans l’interview qu’il nous livrera, Sean explique sa façon d’envisager sa carrière. « On parle de pression, alors qu’on fait de la musique. Je ne ressens pas de pression en faisant de la musique, la pression mec c’est payer les factures ! La pression, c’est prendre soin de ta famille. Faire des rimes c’est s’échapper de toute cette pression ! »
Sean Price s’est éteint dans son sommeil à 43 ans. Finalement, Nas avait raison, sleep is the cousin of death. C’est un vide immense que laisse ce MC à la carrière d’une longévité exemplaire. De Heltah Skeltah à Boot Camp Click en passant par ses multiples projets solos, dont cet album produit par Lil’Fame sur lequel il s’apprêtait à travailler, Sean P aura marqué plusieurs générations de hip-hop heads. Parce qu’on en fait partie, et que sa voix nous semble si familière qu’on a presque l’impression de devoir dire au revoir à un ami, on souhaitait simplement lui rendre hommage avec un mix parcourant quelques uns de ses faits d’armes.
Repose en paix, bro.
