Après un peu de repos bien mérité pendant l’été, et un mémoire à boucler, elle revient ! Découvrez « Entre Deux » , la chronique bimensuelle, guidée par la plume de la pétillante Agy. La culture urbaine se diffuse à travers tout type d’art, y compris l’écriture. Cela aurait été triste de ne pas lui accorder une place sur ce blog… Cette semaine, pour son grand retour, notre sociologue préférée ne se fait pas d’illusions …
Je crois que ce n’était qu’un rêve… Comment je le sais ? Je n’ai qu’à me regarder dans un miroir. Vous voyez cette foutue marque d’oreiller qui strie mon visage de part en part ? Mon oreiller a du amortir ma chute après ce doux rêve d’une réalité qui était bien trop belle pour être rationnelle.
J’ai longtemps été bercé d’illusions. Un va-et-vient incessant dès plus agréables sur le coup. Cette douce chimère d’un monde serein, où l’hypocrisie et le jugement d’autrui serait dénué de sens. Une sorte de monde parallèle sous Xanax. Ici les « je t’aime » ne sonnent pas creux, les « on dits » fondés et les critiques argumentés.
Là-bas les gens trafiquent de l’Espoir et planent grâce à un truc qu’on nomme Bonheur. Une substance addictif que très peu, dans notre monde, on pu toucher du bout du doigt tellement elle est inaccessible. L’histoire de l’offre et de la demande. En plein trip de jovialité, il n’oublient jamais de sniffer une ligne de Remise en question pour ne pas faire une overdose d’Egotrip.
C’est fou, dans ce rêve, les gens croient à des concepts qui dans notre réalité sont largement piétinés et sur lesquels on crache bien volontier. L’amour, l’amitié, l’honnêteté, la tolérance, la solidarité et j’en passe. Pourquoi sommes-nous si peu attentifs ? Pourquoi suis-je si peu attentive ?
Cette nuit là, j’ai dormi comme un bébé. Un bébé qui n’a pas à faire le constat amer que notre monde part à vau-l’eau. C’est là que je comprend que c’est la réalité elle-même qui m’a bercé d’illusions. Tout n’est que faux semblants et simulation. Manipulation habile et familiarité affichée pour masquer ce malaise social collectif qui se traduit en mal être, en sachet individuel à emporter partout.
Il m’a fallu un peu de temps pour reprendre mes esprits, le temps que la marque sur mon visage s’estompe et surtout que cette fausse perception de la réalité s’évapore.
Dieu merci, je me raccroche à une seule chose. Je ne suis pas de ces moutons que l’on compte pour s’endormir. Retenez qu’entre deux illusions, il y a la réalité et qu’il faut la vivre. Ne vous attardez pas trop longtemps sur les leurres car ils peuvent laisser des bleus dont la couleur est parfois indélébile. Ça ne sera pas une entreprise aisée mais qu’importe on remet ça cette nuit.
Agy – http://www.doepicshit.fr