Le 15 janvier dernier, on recevait à guichet fermé Don Dada Records, l’une des escouades les plus en vue du rap jeu. Hologram Lo’ et Alpha Wann se faisaient alors un plaisir avec leur team de déverser une avalanche de flows techniques et de bonnes vibes sur les planches du Ninkasi Kao. Entre deux flingueries scéniques, on a pris le temps d’évoquer leur label, l’influence du rap new-yorkais… et Edouard Baer.
En février 1916, à Zurich, une poignée de révolutionnaires s’emploie à faire tourner le vent de la création artistique au milieu de la boucherie de la 1ère Guerre Mondiale. Regroupés sous le nom de Cabaret Voltaire, ils se donnent pour mission de divertir leurs adeptes en présentant des programmes musicaux et poétiques exécutés par des artistes présents parmi le public. C’est en ouvrant au hasard un dictionnaire qu’ils tombent sur le mot « Dada » et qu’ils décident de nommer leur mouvement de la sorte. Si, 100 ans plus tard, on serait poussés à tenter une comparaison entre la mouvance surréaliste et le label de Alpha Wann et Hologram Lo’, c’est pour cette nonchalance classieuse dont fait preuve Don Dada depuis son lancement.
« On doit poster la pochette de l’album sur Twitter et Facebook et on est à toi. » Sweat noir, cheveux longs pour Lo’, survêtement du Barça et du-rag vissé sur le crâne pour Philly Flingue, les deux têtes pensantes du label Don Dada Records s’installent dans le canapé de leurs loges. Dans quelques minutes, ils cracheront, devant un Ninkasi Kao plein à craquer, les flammes tant attendues par leurs fans. Mais pour le moment, les deux compères nous regardent nous installer d’un oeil et de l’autre consultent leurs smartphones où les notifications ne cessent de pleuvoir.
Il faut dire que le 15 janvier est un jour particulier pour la team Don Dada, qui fête la sortie nationale de Alph Lauren II, le deuxième EP solo de Alpha. En deux années qui séparent la sortie du premier Alph Lauren du second, Lo’ et Alpha Wann semblent avoir beaucoup appris. De leurs succès comme de leurs erreurs. Si bien qu’à constater un professionnalisme sans faille mêlé de décontraction, on comprend vite que le duo est en mission ce soir et compte bien marquer au fer rouge la salle lyonnaise.
Entre deux soundchecks, on en profite pour faire entre autre le point sur l’origine du label, la place de Nekfeu sur la feuille de match du rap français et la difficulté de vieillir en tant que rappeur, avant de finir par une imitation assumée de leurs prédécesseurs. Classe et nonchalance, on vous disait.
Vidéo réalisée par Jonathan Morel, encore et toujours.