Foutue 2016, tu commences à bien nous péter les bollocks. Après avoir ravi David Bowie, c’est au tour de Prince de s’en aller taper le boeuf avec Tupac et Biggie. Auréolé de son mystère, le kid de Minneapolis a su rester discret et loin des frasques. Pourtant, pas mal d’anecdotes drôles ou touchantes circulent depuis sa mort. On a décidé d’en choisir dix pour célébrer celui sans qui le funk n’aurait pas été le même. Rest in Power.
Peu de termes sont plus usités que le qualificatif de génie. Pourtant, si c’est ainsi qu’à peu près tout le monde s’évertue à appeler Prince depuis son décès jeudi dernier, rien n’est plus approprié. Après tout, à part un James Brown ou un David Bowie, combien d’artistes peuvent se vanter d’une carrière si riche, si variée et si influente ? Néanmoins, ce qui est d’autant plus surprenant pour une star de ce calibre, c’est qu’on ne sait que finalement peu de choses sur le kid de Minneapolis. Depuis le décès du chanteur, toute personne évoluant de le milieu musical ou presque – ça va de Stevie Wonder à Radiohead – y va donc de son témoignage et révèle un nombre assez effarants d’histoires et d’anecdotes pour certaines étonnantes, épaississant finalement un peu plus le mystère Prince.
La fois où Prince a remplacé Questlove par un DVD du « Monde De Nemo »
Le mythique batteur Questlove est aussi un fin DJ émérite dont la collection de disques ferait pâlir ton cousin apprenti digger. Pas étonnant qu’il se retrouve à officier derrière les platines pour l’atter party de la release de l’abum Musicology de Prince à Philadephie, fief natal de The Roots. Jusque là, rien d’anormal, sauf qu’après avoir tenté de gagner l’attention de Prince en jouant un ses morceaux favoris de Fela, son altesse princière décide d’envoyer son assistante auprès de Questlove pour lui intimer l’ordre d’arrêter de jouer de la musique pour… jouer un DVD du Monde de Nemo à la place. L’anecdote fait l’objet d’une vidéo animée hilarante narrée par Queslove lui même. Comme quoi, on peut être fan de Disney et de Fela à la fois.
la fois où il a ri de lui-même
Dans une interview accordée à CNN (dans laquelle apparaissait également Chuck D de Public Enemy qui a qualifié Prince de « passé, présent et futur » de la musique), le comédien de stand-up Cedric the Entertainer faisait mention de la fois où, lors d’un spectacle donné à Minneapolis, il avait glissé une blague sur le chanteur – qui se trouvait dans le public, ce que le comique ne savait pas. Visiblement beau joueur, le « Purple One » avait par la suite invité Cedric à plusieurs reprises dans son studio d’enregistrement pendant des répétitions. Classe.
la fois où il a lu la bible en boîte avec talib kweli
Autres histoires, nous provenant cette fois de Talib Kweli : « Une fois, j’étais à un de ses concerts avec Ludacris. Prince nous a rejoint à notre table et s’est mis à lâcher des rimes en freestyle pendant qu’il jouait de la guitare », précisant que le même-soir, le chanteur avait convié Talib et le comique Dave Chappelle pour chanter une chanson des Commodores avec lui. Mais la meilleure anecdote contée par Kweli vaut son pesant de cacahuètes : « Une fois, j’étais dans un club avec Prince. À deux heures du matin, il a foutu tous les mecs dehors, c’était juste nous deux et les nanas. Et il s’est mis à lire des extraits de la Bible. » Amen.
La fois où il a forcé Talib Kweli, encore lui, à ne pas jouer de « gangsta rap »
Talib Kweli a balancé pas mal d’anecdotes très cool sur Prince via son compte Twitter, comme vous pouvez le voir. Pour une raison pas forcément évidente, le rappeur new-yorkais semblait entretenir une relation assez particulière avec la défunte légende. Il explique que c’est notamment lié à une certaine DJ Eque. Une relation qui a notamment permis au kickeur de vivre des moments comme celui-ci : « Une fois j’étais DJ à une soirée de BET sur demande de Debra Lee [la boss de la chaîne, ndlr]. Je jouais du gangsta rap. Prince est monté me voir et m’a dit qu’il ne s’était pas mis sur son 31 pour entendre des insanités. » Léger petit coup de pression.
les nombreuses fois où il finançait secrètement la vraie rÉvolution
Mystérieux à l’extrême, Prince n’avait jamais vraiment publiquement affiché ses opinions politiques ou religieuses, sans doute pour que l’on ne retienne de lui la seule chose qui comptait à ses yeux : la musique. Pourtant, d’après Van Jones, commentateur politique et ami proche du chanteur, ce dernier finançait et participait activement à des mouvements comme Black Lives Matter, la recherche pour l’énergie solaire ou YesWeCode, visant à apprendre aux enfants issus de familles pauvres le codage informatique.
la fois où il a passé le flambeau à Janelle Monae
On sait l’influence qu’a eu James Brown sur la musique et le style de Prince, lui empruntant son célébré grand écart. Quand Prince a commencé sa carrière, un fait assez marquant a jalonné son parcours. Lors d’un concert, le godfather James Brown a surgi des coulisses avec sa légendaire cape argentée, pour pour la déposer sur les frêles épaules du kid de Minneapolis, devant une foule médusée. Comme une sorte d’adoubement royal, signifiant que Prince faisait dés lors partie du sérail. Des années plus tard, en 2013 à Copenhague, pendant le festival en plein air qu’il organisait, Prince a à son tour réitéré la passation de pouvoir. Surprenant son monde pendant le concert de Janelle Monae, il déboule sur scène pour déposer à son tour une cape sur les épaules de la chanteuse, avant de repartir en trombe dans les loges. Séquence émotion.
la fois où il a pris dave chappelle à son propre jeu
Dans son très influent Chappelle’s Show diffusé au début des années 2000, Dave Chappelle a fait de personnages iconiques à part entières ses imitations de Lil Jon, Rick James et Prince, dont Chappelle est un immense fan, au point de lui dédicacer ce weekend un show de stand-up de quatre heures. Visiblement, la réciproque est vraie, puisque Prince ira jusqu’à utiliser une photo de Chappelle grimé en lui-même avec des pancakes pour la couverture de son single « Breakfast Can Wait ». Le comique revenait en 2013 sur l’ironie de la situation dans laquelle le chanteur l’avait placé : « Qu’est-ce que j’allais faire ? Le traîner en justice pour une photo de moi déguisé en lui ? » Imparable.
la fois où il a failli faire danser LEO DiCaprio au ciné
En 2012, alors que le cinéaste Baz Lurhmann prépare son prochain film, Gatsby le Magnifique, il approche des musiciens pour créer des chansons s’inspirant des années folles durant lesquelles le film se déroule : Fergie, Jay-Z et, donc, Prince. Si les deux premiers cités figureront sur la BO du film, le dernier en sera étonnamment absent. Pourquoi ça ? La chanson aurait en fait été basée sur un titre précédent du chanteur, « Love… Thy will be done », enregistrée en duo avec la chanteuse Martika. D’après Luhrmann, le chanteur et lui avaient « beaucoup travaillé dessus » : « On n’a pas pu la sortir, étant donné qu’il n’était pas le seul à détenir les droits. Et à ce moment-là j’ai dû prendre une autre décision, et j’ai travaillé avec Lana Del Rey sur la chanson qu’on a utilisé. »
LA FOIS où, à 10 ans, il a été danser sur scène avec James Brown
On l’a dit et répété, Prince a tout pompé à James Brown, un peu comme Michael Jackson mais en mieux. De la gestuelle scénique à la construction de ses shows, on retrouve du Mister Dynamite chez Prince un peu partout. Au point où ça n’a pas échappé à un autre virtuose, Miles Davis, qui dit du kid : « Prince est de l’école James Brown. Son père l’a amené danser avec lui sur scène à dix ans. Il a le truc. C’est un mélange de JB, Sly Stone, Little Richards. Et meme un peu de Charlie Chaplin. » Il n’est pas trop tard pour faire un procès à tes parents qui t’ont amené voir Alizée quand tu avais 10 ans.
la fois où il a changé les codes du petit-déjeuner
C’est un fait désormais connu : Prince était un aficionado du petit-déjeuner, au point d’y consacrer deux chansons, « Starfish and Coffee » et « Breakfast Can Wait ». Une passion confirmée par cette histoire qui nous vient cette fois du majordome du chanteur : « Une nuit, j’ai reçu un appel à 3 heures du matin et il voulait que je prépare un petit-déjeuner pour 14 personnes. Il a demandé 14 omelettes et des pancakes pour 14. J’ai dû appeler tous les cuisiniers pour préparer tout ça pendant que je préparais la table. Je devais servir le petit-déjeuner à 4 heures du matin tout seul. J’ai commencé à servir quand il s’est levé et il m’a aidé à distribuer les plats. » Ce qui explique les pancakes de la pochette de « Breakfast Can Wait ».