Cinq artistes de São Paulo à suivre

jeudi 1 janvier 2015, par Marine Cagniet.

Si t’es dingue de chorizo et que t’es accro aux tapas, tu dois te réveiller avec la gueule de bois. Ce jeudi matin, l’Espagne est déjà éliminée de la Coupe du monde, une semaine à peine après l’arrivée de la Roja au Brésil. Si t’es Français et que tu te souviens pourquoi tu détestes les sportifs espagnols, alors t’es plutôt heureux. Mais la Copa del mundo, ce n’est pas qu’une énorme kermesse footballistique. C’est aussi un énorme coup de projecteur sur le Brésil et sur les richesses d’un pays en pleine crise sociale mais, indéniablement, en constant développement. À mi-chemin entre la culture occidentale et celle des taudis de fortune, la culture brésilienne se forge et s’affirme seule, à l’écart des influences de la mondialisation et entre les gouttes de l’acculturation. Focus sur les génies de l’aérosol au pays du ballon rond.

Ils réussissent la prouesse de se démarquer sans ballon, au pays du futchebol. Qu’ils soient issus des favelas ou de la classe moyenne, les gamins du Brésil sont tous influencés par la richesse des couleurs de leurs rues. L’art urbain est un moyen pour ces populations, le plus souvent négligées par leur gouvernement, de se faire entendre, d’exprimer leur opinion politique et de partager leur quotidien. En mai 2009, alors qu’une loi est votée légalisant le « street art » dans certaines villes du Brésil, des programmes se mettent rapidement en place afin de revitaliser les quartiers les plus pauvres grâce au graffiti. L’occasion pour de nombreux artistes brésiliens de mettre à jour leur talent. Le niveau est tellement élevé dans les rues de São Paulo qu’il a été difficile de faire un choix. Notre sélection compte cinq artistes, pas forcément les meilleurs, ni les plus réputés, mais qui représentent la diversité de la scène artistiques de l’art urbain brésilien.

 

Paulo Ito, le plus médiatique

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Depuis quelques semaines, Paulo Ito est partout dans les journaux de la presse étrangère pour sa fresque d’un enfant affamé à qui l’on a servi un ballon pour grailler. Toujours très engagé politiquement, l’artiste, qui vit toujours à São Paulo, traite autant des problèmes économiques de son pays que de la prostitution infantile ou de l’insécurité. Non sans humour, il s’inspire de la vie quotidienne de milliers de Paulistas.

 

Ignoto, le rêveur

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Pour Ignoto, une ville grise est une ville morte. Moins politiquement impliqué que son collègue Ito, il souhaite, à travers ses fresques, redonner vie aux quartiers défavorisés. On le reconnait grâce à son personnage bleu, une sorte d’alter ego de l’artiste qu’il présente parfois comme un graffeur, un guerrier ou encore un Don Juan. Le visage à demi-caché sous un bandana, l’anti-héros d’Ignoto abat les murs des banlieues pour en libérer ses jeunes.

 

Sliks, le chouchou des galeristes

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Lui aussi originaire de São Paulo, Sliks recouvre les façades des grandes villes d’Amérique du Sud et d’Europe à grands coups de spray can. L’artiste prend un malin plaisir à transformer ainsi nos rues grisâtres en joyaux multicolores. L’expérience est d’autant plus folle en galerie, où l’artiste recouvre murs, sols et plafonds, pour une immersion totale dans son univers.

 

Alexandre Orion, graffeur sans bombe

Alexandre Orion est un génie. Ce pionnier du « reverse graffiti » – technique qui consiste à se servir des dépôts de pollution pour y tracer des formes, des mots, en nettoyant partiellement les surfaces noircies – s’est fait connaitre dans le monde entier en passant 13 nuits à dessiner des crânes, à l’aide d’un chiffon, dans un tunnel de São Paulo. Dégrader est un délit, mais nettoyer ne l’est pas. C’est pourquoi Orion a passé autant de nuits à recouvrir son tunnel de multiples têtes de mort, malgré les interventions de la police qui ne pouvait légalement pas l’en empêcher. Des employés municipaux sont intervenus le treizième jour pour effacer les dessins d’Orion, en nettoyant la partie du tunnel « graffée ». Il s’est donc attaqué à celui d’en face, les obligeant à revenir s’en occuper aussi, poussant finalement la ville à nettoyer l’ensemble des tunnels de São Paulo des épaisses couches de suie dont ils étaient recouverts.

 

Smoky, le militant

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Bien qu’il vive aujourd’hui à Toronto, Smoky n’en oublie pas moins Brasilandia (São Paulo), le quartier populaire dans lequel il a grandi et fait ses premiers pas d’artistes. Ses oeuvres, toujours autant remplies de couleurs et de contestations, rendent hommage aux minorités. Après avoir recouvert les murs des quartiers oubliés et précaires à travers le Brésil, il continue avec l’aide de sa femme, Shalak Attack, artiste canado-chilienne, son action communautaire à travers le monde.

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