Il y a les morceaux qui rendent accro dès les premières secondes. Et il y a les autres. Azekel a lui tendance à distiller des tracks qui font partie de la première catégorie. T’sais, le genre de track que t’es obligé d’ingurgiter matin midi et soir comme un antibiotique pour te sentir bien. Il faut dire que le natif de Londres a la voix si douce qu’elle pourrait guérir tous les maux, no shit. Et pour cause : il lui aura suffit que d’un seul EP pour nous compter parmi ses patients. Plus efficace qu’un guérisseur planqué au fin fond de l’Afrique, son Circa EP nous a fait autant de bien qu’un tour dans un salon de massage thaïlandais. Après une année 2014 en fanfare, ses toutes dernières sorties sont là pour prouver qu’il n’est pas prêt d’arrêter de nous prodiguer ses soins.
Tout l’été on a attendu un nouvel album de Frank Ocean. En vain. A la place, on a vu Ty Dolla $ign monter en grade, Robin Thicke se faire autant de thunes qu’un maître kébabier avec un son dernier album, et Usher revenir sur le devant de la scène (et derrière les fat ass). Un été au goût amer pour le R&B donc (et on ne vous fera quand même pas l’affront de vous parler du R&B made in France), heureusement sauvé par le jeune artiste londonien Azekel. Déjà, l’année dernière, à l’aube de l’hiver, il nous avait réchauffé avec son premier EP, Circa EP, en hommage à Otis Redding. Après un long silence et une promo menée principalement outre-Manche, il est revenu cet été avec deux nouveaux singles histoire de prépare le terrain pour son nouveau projet.
Pas de titre ni de date de sortie pour le moment, mais les deux titres ont suffisamment plu au public pour lui assurer une bonne présence sur les internets. Pendant que Justin Bieber faisait le clown avec Orlando Bloom, Azekel, lui, a préféré étendre sa fan base. A man’s got to do what a man’s got to do, pas vrai ?
« Adolescent je n’avais que la musique pour m’exprimer »
Artiste, Azekel l’est jusqu’au bout des ongles. A la fois auteur, compositeur et interprète, le Londonien conçoit la musique comme un moyen d’expression « Adolescent, je n’avais que la musique pour m’exprimer », nous confie-t-il. Armé de sa voix mélodieuse et résolument soul, le chanteur sort alors ses premiers morceaux. Son premier EP est un catalogue musical de souvenirs marquants collectionnés entre 2003 et 2013. Chaque morceau du projet est affublé d’une date et raconte une histoire, une histoire souvent liée à l’évolution de sa vie et de sa musique.
Porté par des instrus en or massif empruntant à de nombreux styles, dont le jazz, la soul, l’afro beat et l’electro, Azekel conte avec douceur ses expériences et partage avec force ses convictions. Car pour lui, l’honnêteté est la source même la création artistique. Il encense ainsi Kanye West ou Kendrick Lamar, « parce qu’ils sont opiniâtres et honnêtes » : « Je suis influencé par l’honnêteté dans la musique et l’art. Je suis influencé par les leçons que j’apprends dans la vie, et les processus de l’amour, la naissance, et la mort. »
Parmi les grands kiffs d’Azekel, on retrouve également les films, les beaux-art, la philosophie et la spiritualité, bien loin des sempiternels strip-clubs et autres threesome auxquels nous on habitué ses confrères. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir de temps à autres quelques pensées pour la gente féminine, mais toujours de façon respectable. Parce qu’à ses yeux, la musique a une fonction éducative : « J’aimerais que la musique soit une influence positive pour la jeunesse, qu’elle participe à son éducation. Plus jeune, j’écoutais Nas et j’apprenais beaucoup sur le monde juste en l’écoutant. Avec ma musique je veux faire ça, je veux que les personnes qui m’écoutent voient le monde à travers mes yeux, ma musique. »
Une ambition qu’il espère matérialiser avec la sortie de son premier album dans les mois qui viennent : « Je bosse sur mon premier LP, pour l’instant ça avance bien. » En attendant les retours aux affaires de Frank Ocean, Drake et compagnie, Azekel propose une autre façon, plutôt agréable, d’écouter du R&B. Parce qu’il n’y a (malheureusement) pas que les girls avec des « big drop titties » et celles qui sont « in the club with no panties » dans la vie.