Les 16 albums qui ont fait 2016

vendredi 23 décembre 2016, par SURL.

2016 a manqué de beaucoup de choses, mais pas de rap. Entre le retour de vétérans en pleine forme et l’éclosion de nouveaux talents très prometteurs, l’année a été aussi prolifique que qualitative. À l’heure de la fin de l’exercice et des inévitables bilans de fin d’année, nous avons choisi de partager avec vous les coups de cœur qui reflètent notre vision du meilleur du millésime écoulé. À la clé, des heures de débats enflammés à la rédaction, des litres de café écoulés, et surtout, un vrai plaisir à se replonger dans cette année musicale excitante. Voici les 16 albums qui ont fait notre année 2016.

Époque oblige, vautrés dans le large sofa confortable de la rédaction suite à une absorption prématurée d’huîtres et une quantité non raisonnable d’alcool à bulles, nous avons fait notre liste de trucs qu’on aimerait le moins avoir à Noël. Le DVD de Kev Adams et Gad Elmaleh est tombé en deuxième position derrière un harmonica, les troisièmes et quatrièmes places étant trustées par un casque Beats By Dre et une boite de chocolats, juste devant les inébranlables gants en laine ( « c’est toujours utile ! ») et autres coffrets rétrospectifs des Guignols de l’info. Quand aux places d’honneur, elles sont évidemment réservées à un recueil des meilleures répliques de Yann Moix, une bande dessinée de Marsault, des chaussons et l’intégrale de Guillaume Musso.

Sinon, si tu en as marre de rabâcher à tous tes potes ta liste d’albums parfaits en constatant à quel point ils n’en ont rien à branler, rassure toi, nous aussi. Et pourtant le silence lourd de sens avec lequel nos ami(e)s entretiennent leur mépris envers nos goûts musicaux ne devrait pas nous empêcher de claironner que le dernier album de Jul est purement génial et que tous les morceaux sont des tubes d’une puissance infinie. Calme toi, ce n’était qu’un exemple.

Et puis au final, le format « album » au fil des années aura subi plus de modifications qu’une Orlan en fin de carrière. Ne t’étonne donc pas qu’on mélange ici mixtapes, projets gratuits ou payants, ok ? Ceci ne devrait pas gâcher une belle occasion de fanfaronner en public. Prenons nous les mains, allumons cette bougie Nature & Découvertes parfumée à la vanille que tu as eu au Noël 2014, et célébrons ensemble, comme nous l’avons fait l’année dernière, cette liste définitive des albums ayant marqué de leur sceau cette foutue année 2016. Elle pourra toujours te servir entre le dessert et le digestif.

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16 – « Double Hélice » – Caballero x JeanJass

Oui encore des Belges chez SURL, et pourtant, aucun actionnaire belge dans notre équipe (aucun actionnaire tout court, en fait). Mais notre honnêteté nous a obligés à faire une bonne place à la Belgique dans nos différents classements. Sorti en début d’année, Double Hélice est un véritable régal. Un mets abondant, avec de l’egotrip comme on voudrait en entendre plus souvent : teinté d’ironie, entre projets d’héliport sur le toit et jet privé pour le petit. Techniquement irréprochables et appuyés par des beats accrocheurs, les deux acolytes valent également le détour sur scène, ce qui n’est pas rien.

> À l’écoute sur Spotify
> À voir aussi, notre live report « Vidéo : Caballero et JeanJass jouent les ensorceleurs »

15 – « FDT » – Freeze Corleone

La définition du rappeur de rappeur. Sans que beaucoup en soit conscients, Freeze Corleone et le 667 ont pas mal influencé le rap français ces deux, trois dernières années. Vous avez le droit de ne pas partager cet avis, mais sachez qu’après de longues écoutes répétées de FDT, ça ne fait plus aucun doute de notre côté. Une galette annonciatrice de la fin des temps sortie le 11 septembre dernier à minuit, heure du Sénégal où réside désormais son auteur. Sur la cover de celle-ci sont listés les dix signes du jour du jugement indiqués par Hudhayfah ibn Usayd Ghifari, compagnon du Prophète dans le Sahih Muslim (l’un des six plus grands recueils de hadith de l’islam sunnite). Le dernier signe fait référence à la venue de Issa (Jésus) sur Terre, or Issa est également… le prénom de l’ami Freeze Corleone. Coïncidence ? Je ne crois pas. FDT, ce sont treize titres tous plus sombres les uns que les autres où le leader officieux du 667 jongle avec les mots, s’amuse avec les flows et multiplie les phases assassines dont certains ne se remettront pas. Un diamant noir dont on ne se lasse toujours pas plus de trois mois après sa sortie. Attention, interdit au moins de 16 ans.

> À l’écoute gratuitement sur Datpiff

14 – « Konnichiwa » – Skepta

Konnichiwa, quatrième album de Skepta, est-il celui de la consécration pour l’Anglais ? C’est en tout cas celui de l’éclosion internationale, à n’en pas douter. Le grime fait trembler les terres de la Reine d’Angleterre depuis plus d’une décennie, et Skepta en est un de ces plus fidèles représentants. Treize ans après Boy In Da Corner de Dizzee Rascal, il a gagné le Mercury Prize prouvant qu’il est bien le renouveau du genre. L’album est varié, entre grime pur (« Shutdown », « That’s Not Me »), et morceau aux sonorités plus posées (« Ladies Hit Squad », « Numbers »). L’artiste anglais a aussi su diversifier ses collaborations (Pharrell, plusieurs rejetons du A$AP Mob…). Un disque habilement mené donc, qui parvient à parler à un public large sans trahir ses origines, à base d’hybridations musicales savamment dosées. Homme à tout faire, Skepta a d’ailleurs produit huit des douze tracks de l’opus. Peut-être moins grime mais tout aussi intense, Konnichiwa a dit Bonjour au monde entier.

> À l’écoute sur Spotify
> À lire aussi : notre chronique complète « ‘Konnichiwa’, ou comment Skepta a tué le match »

13 – « Dans La Légende » – PNL

Il y a un an, au moment de faire le bilan de l’année 2015, nous classions les albums de PNL QLF et Le monde Chico à la première et troisième place de nos disques favoris de l’année. Beaucoup trouvaient excessif le fait de mettre deux fois le duo dans notre sélection, et surtout de les mettre deux fois sur le podium. C’est un choix que nous avons toujours défendu et que nous défendons encore aujourd’hui. Aucun artiste ou groupe de rap français n’avaient mis de double-claque semblable à celle balancée par les deux frères des Tarterêts depuis de très, très longues années. On dit souvent que le rap francophone a du mal à trouver sa propre identité et ne se contente trop souvent que d’adapter, dans la langue de Molière, ce qui se fait de l’autre côté de l’Atlantique. Même si PNL a été comparé a certains artistes américains en 2015 – le cloud rap, les type beats, toussa toussa -, il est honnêtement de plus en plus dur de trouver des comparaisons sensées en 2016. À la manière de Jul voire d’MHD, les deux frères ont finalement créé leur propre sous-genre et l’ont confirmé – et affiné – avec leur troisième album, Dans la légende. Un disque assurément réussi, surtout lorsque l’on prend en compte l’attente qu’il a suscité. Et même si aujourd’hui la formule d’Ademo et N.O.S nous fait un peu moins d’effet qu’avant, l’effet de surprise n’étant plus, Dans La Légende prouve que les deux frères sont toujours capables de nous surprendre et de sortir d’extraordinaires morceaux. « La feuille est si belle, plus j’écris plus j’salis. » N’en déplaise aux réfractaires, la légende continue.

> À l’écoute sur Spotify
> À voir aussi, notre article « PNL, le doit sur la rap-monde »

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