Dans une action en forme de bras d’honneur, l’artiste italien Blu, connu pour ses fresques colossales, a décidé de recouvrir lui-même l’ensemble de son travail réalisé sur les murs de Bologne, sa ville natale, en signe de contestation. La nature de ses oeuvres a toujours été politique et on est peu étonnés de le voir agir de la sorte. Ce n’est en effet pas la première fois que Blu « suicide » ses propres fresques, puisqu’à Berlin, le graffeur avait déjà fait disparaître une des ses peintures les plus emblématiques à Kreuzberg pour protester contre les lobbys immobiliers spéculant sur la valeur d’un immeuble en construction en face de la fresque en question.
Cette fois, Blu a a décidé de recouvrir l’intégralité de ses œuvres pour éviter qu’elles ne soient récupérées à l’occasion de l’expo Street Art: Banksy & Co. – L’Arte allo Stato Urbano qui débute le 18 Mars 2016 à Bologne et organisée par un magnat de la sphère politico-financière de la région. L’idée puante de l’exposition, c’est de transformer les murs peints en propriété privée, sous couvert d’assurer leur « entretien » et leur « pérennité ». Et surtout de se faire un billet au passage sur le dos des artistes. Un vaste foutage de gueule que n’a pas supporté Blu.
Si le graffiti ou le street-art – si il existe – n’a pas pour vocation d’être éternel, on ne peut que s’interroger sur la colère légitime poussant un artiste à réduire à néant 20 ans de production murale. La prochaine fois que tu te plaindras de la gentrification de ton quartier, tu sais ce qu’il te reste à faire…