Il y a un peu plus d’une semaine venait de s’achever la quatrième saison de Breaking Bad. Pour ceux qui auraient hiberné ces dernières années, retour (sans spoilers) sur cette série qui est entrée dans la légende.
Il avait déjà fallu attendre plus d’un an (une éternité) pour redécouvrir les aventures de Walter White et de son compère Jesse Pinkman car la quatrième saison avait commencé mi-juillet alors que la précédente s’était terminée en… juin 2010. Forcément, lorsqu’un épisode coûte 3 millions de dollars, les négociations sont longues et tendues concernant la suite de la série. Mais cela valait la peine d’attendre tant la saison 4 (surtout la fin) fut exaltante.
Comment résumer donc Breaking Bad le mieux possible ? La réponse n’est, certes, pas évidente mais elle repose sur une certitude : la prestation de Bryan Cranston (le père de famille dans Malcolm). Celui-ci joue, une nouvelle fois, un père de famille beaucoup moins funky puisqu’il est professeur de chimie assez barbant et vit une situation familiale plutôt morose. Son avenir va changer du jour au lendemain lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’un cancer. Quelques mois lui restent à vivre et il décide de prendre les choses en main pour ne pas laisser dans le besoin sa femme enceinte et son fils handicapé. Walter White décide tout simplement de fabriquer et de vendre de la drogue, la Methamphetamine ultra-pure. Pour cela, il demande l’aide d’un ancien élève, Jesse Pinkman, qui a arrêté les cours et qui deale à côté. L’interprétation de Bryan Cranston est tout simplement remarquable puisqu’il passe de monsieur tout le monde à Tony Montana avec une habileté déconcertante. Cette performance a d’ailleurs été récompensée de très belle manière puisque l’acteur a remporté 3 Emmy Awards consécutivement en tant que meilleur acteur pour une série dramatique : autrement dit c’est le top du top. Un acteur renversant dans une série bouleversante. Il est tout à la fois, maladroit, vicieux, courageux et très dangereux pour lui et pour sa famille.
Mais impossible de parler de Breaking Bad, sans évoquer Vince Gilligan, qui n’est autre que le créateur, le producteur et un des scénaristes. Cet homme de télé a du nez puisqu’il s’occupait autrefois d’une certaine série, X-Files. Dans BB, Vince sait se servir du décor : le Nouveau Mexique avec son désert à perte de vue. Walter White s’y rend régulièrement à l’aide de son Mobile Home pour « cuisiner » les amphets. Pour entourer WW, Vince Gilligan a employé un beau-frère travaillant pour les stups, un avocat véreux, une belle-sœur cleptomane, un boss de la drogue (Gus) aussi glacial que discret et, évidemment le jeune associé Jessie Pinkman pas aussi bête qu’il en a l’air. Certaines scènes sont devenues classiques, comme le fou rire inattendu de Walter White dans la saison 4 (j’en dis pas plus), la tentative de Jesse de cuisiner sa drogue sans l’aide de Walter avec le plus idiot de ses amis, l’explosion du QG du client psychopathe (fin de la saison 1), les premiers toussotements de Walter White (début de la saison 2). Seule ombre au tableau, le long moment (inutile) au cours duquel WW essaie de tuer une mouche (saison 3). Cette série très sombre montre aussi plusieurs côtés très drôles : la maladresse de Walter White, le beau-frère macho qui tente d’être marrant, la rhétorique du génial avocat Saul Goodman, l’attitude Bad Boy de Jesse Pinkman et ses amis débiles,… Des détails qui en font un monument de la télévision.
Breaking Bad n’est pas saluée que par la critique et la profession, son audimat a également grimpé. La dernière saison a fait 24% de plus que la précédente, une augmentation jamais vue dans l’histoire du câble américain pour ce support. Ce show est, donc, à la frontière de la perfection et il est très rare de voir autant d’avis positifs à l’égard d’une série TV. Reste à savoir si la prochaine (et dernière) saison sera du même acabit et si la fin de BB ne décevra pas (comme c’était le cas pour Lost, Entourage…), ce qui pourrait presque gâcher 4 années de pur plaisir.
PS : Le début de la 5ème saison n’a pas encore de date mais une chose est sûre, elle sera composée de 16 épisodes et ce sera la dernière. La production commencera en janvier prochain et en attendant, Sony Pictures sortira le 7 décembre, le coffret de la saison 3. En France, tous les mardis depuis une semaine, la chaine Arte, diffuse la troisième saison, en deuxième partie de soirée, et adoptera le rythme de deux épisodes hebdomadaires jusqu’au 15 novembre prochain.