L’un est sur la route de l’am(m)our avec son acolyte sur le siège passager. Les autres continuent de déambuler sur le chemin ténébreux qu’ils se sont tracés. Tous voguent à leur manière sur la vaste autoroute du rap français. Hyacinthe, Krampf et Butter Bullets (Sidi Sid et Dela) se sont retrouvés sur scène le week-end dernier, à notre invitation, dans le cadre de la Ninkasi Urban Week 2016. Retour en images sur une soirée qui aurait sans doute plu à Olivier Cachin.
Il ne faisait pas bon être dans la tranche d’âge de Kool Shen ce vendredi 5 mars aux alentours du Ninkasi café. Ce soir-là, les premiers à monter sur scène cumulent à peine 45 ans à eux deux réunis. Dans les loges, on échange avec eux quelques vannes sur le come-back poussif de certains rappeurs de « l’âge d’or » du rap français. Pour autant, ne classez pas Hyacinthe et Krampf dans la catégorie jeunes premiers. Sur scène, Hyahya parle certes d’amour, tente des a capella entre deux morceaux, mais kicke aussi des punchlines crades avec une énergie prometteuse. Entre haine de soi et égo trip fier à bras, le jeune MC restera toujours sur le fil du rasoir le temps d’un (trop) court moment avant de laisser place à la Ténébreuse Musique.
Passation de pouvoir. C’est donc Dela qui s’installe aux platines tandis que l’auto proclamé « Pimp C blanc », aka Sidi Sid, rentre sur scène avec les automatismes de celui qui sait qu’il va plier le match. On connait la façon dont les Butter Bullets jouent de leur arrogance pour mieux délivrer un rap foutraque qui, entre élans rageurs et noirceur assumée, tire le rap français vers des abysses salvatrices. Enchaînant les titres avec une spontanéité rare, on sent que Sidi Sid est de la race des performeurs qui prennent la scène pour un lieu à la fois sacré et profane. Avec la fougue d’un prêcheur d’Atlanta, le natif du Haut-Doubs propage sa bonne parole : « Doigt en l’air pour Olivier Cachin. » Avec l’aval du public venu en masse prendre une leçon de rap ce soir-là. Après leur show dantesque, les deux acolytes, très vite rejoints par Krampf et le Ratchet Crew, se lancent dans un DJ set de haut-vol, entre classiques et mash-ups audacieux. Histoire d’enfoncer le clou avec la délicatesse d’un Zangief en crise d’hypoglycémie.
Nos deux vidéos, en cours de montage, sauront vous convaincre que la soirée était un must-see à ne pas rater.