Il nous a fallu du temps pour digérer la deuxième livraison de Guizmo. Après plusieurs séances d’écoutes à intervalles plus ou moins réguliers, on profite de la sortie du clip de « Ma Haine est viscérale » pour enfin balancer notre chronique. Pour l’occasion, on s’est dit que deux avis valaient mieux qu’un.
« Une autopsie de lui-même, de son quartier et de ses délires. »
Dans HiiiPower, Kendrick écrivait « I want everybody to view my autopsy, So you can see exactly where the government had shot me », et cet album sophomore de Guizmo est exactement ça, une autopsie de lui-même, de son quartier et de ses délires. On sait que Guizmo souffre, que le boug de Villeneuve La Garenne a du mal à vivre, malgré son succès grandissant : ses problèmes de drogues, d’alcool (Ballantine’s ou Sky évidemment) ou ses embrouilles avec l’Entourage – d’où la bombe « Chat Perché ». Il nous avait promis un album tous les 6 mois, et le gremlin tient sa parole même lorsqu’il est défoncé.
Quand on analyse de loin ce projet, on mate un corps avec beaucoup de cicatrices : les titres des chansons sont là pour le prouver. De « Besoin d’exister » à « La Raclée » en passant par « Ma Haine est viscérale », le MC galère. Il a besoin d’extérioser cette haine, peu importe les moyens, voire même à quitter le rap-game. Et quand on examine encore un peu plus cet album, on ressent quelque chose de plus profond. Le MC s’est confié dans tout ce qu’il fait. Il vous faudra plusieurs écoutes pour comprendre le ressenti du Guiz, qui est souvent le plus sous-entendu, comme un coup impossible à voir pour un médecin légiste.
« Les morceaux tournent bien mais tournent aussi en rond. »
Passablement énervé contre la Terre entière dans son album Normal, Guizmo ne s’est pas calmé en chemin. La preuve, il a même rompu le contact avec ses anciens potes de L’Entourage, non sans fracas. Un « Chat perché » à la langue bien pendue, demandez à Alpha. Sur ce second opus, Guiz fait tout pour montrer qu’il a un coeur givré, même quand il monte la température sur « T’es juste ma pote » (mais surtout une pute). Pas de sentiment, sauf à la limite sur « Maman STP », voilà comment on pourrait résumer l’album. Une dureté un peu trop affirmé et des thèmes souvent limités au quatuor « tise, drogue, sexe, violence ». Du coup, les morceaux tournent bien mais tournent aussi en rond, puisqu’ils abordent les mêmes sujets de manière aléatoire. Une écriture instable comblé en partie par les nombreuses punchlines bien senties.
Si certains se demandent si « L’Entouseul » ne va trop loin dans son personnage « je m’en foutiste », admettons qu’il a le charisme et l’attitude pour tenir ce rôle, si rôle il y a. Peu de MCs peuvent prétendre à cette crédibilité. Un style franc du collier doublé d’un flow incisif qui ne me font pas douter de son potentiel : Guizy peut clairement s’affirmer comme LE prochain grand rappeur hexagonal. Suffit d’écouter « Guizmax » ou « C’est pas la même » sur son sulfureux beat rock.
Malgré tout son talent, Guizy Ouzou a peut-être visé un poil haut en annonçant un album tous les 6 mois : même si « sa haine est viscérale », la patience reste une vertu. Je me dis que s’il prenait un peu plus son temps, on se prendrait une grosse bombe de LP la prochaine fois, sans reprise étrange de « Thriller ».
Guizmo sera en concert le 9 Juin à Bobigny (Canal 93) et le 16 Juin à La Maroquinerie. Pour l’occasion, Live Nation organise une promo spéciale fan qui permet d’avoir son billet pour Bobigny à 8 euros à peine, grâce au code « LAMINE »! Le lien pour y accéder.