Hugo Boss, c’est le TSR, c’est le 18ème, c’est le rap sans strass ni paillettes qui passera jamais sur Skyrock et qui ne sortira jamais sans doute du microscope underground. Des thèmes souvent similaires – la rue, la misère, la drogue – mais un flow, des punchlines et des instrus inimitables. « Génération Shit & Grec » ou « Objectif Lune » sont des classiques pour ceux qui s’intéressent un peu au rap FR. Et son dernier album, après la Bombe H, était très attendu car il allait, peut-être, sacrer Hugo comme LE rappeur en France. Revue de Fenêtre Sur Rue.
Hugo s’échauffe la voix sur « Ugotrip », un concentré pur et sans fioritures de punchlines : l’instru est violente et le emcee balance ses rimes comme il fume ses joints : « c’est pas grave si t’as pas le visa, je vais tellement loin que t’attrapes la tourista« . Bref, une entrée en la matière tranquille. Il enchaîne sur un de ses thèmes fétiches avec « Alors Dites Pas » où il dénonce le racisme et l’impossibilité d’avoir un avenir quand tu viens du 18ème. Un titre accrocheur où on n’arrive pas à contredire les arguments du mec de TSR.
« On ressort de cet album une tristesse et une misère profonde »
Subjectivement, « Coma Artificiel » est la meilleure track du l’album. Courte mais pourvue d’un beat qui reste dans la tête et de punchlines tellement puissantes qu’on s’incline devant le talent du kickeur. Le flow est à son apogée et le clip représente la vie de merde qu’il doit endurer : toujours à rien foutre, avec une teille ou à fumer un tarpé.
Sur « Fenêtre Sur Rue », Hugo ne s’embête même plus à rapper, il raconte une histoire. Une mélodie simple, un texte lancinant et l’histoire de son quartier. Du Flaubert chanté tellement le rappeur arrive à décrire sa vie parfaitement. Un tableau grandeur nature du 18ème. Mais surtout un tableau sordide. La chanson n’est pas forcément triste mais elle fait quelque chose. Il poursuit avec « Dégradation » où il nous raconte sa passion pour le graff, le choeur en instru (les Choristes ?) est hypnotisant. Il ramène ses potes de TSR pour finir quasiment l’album avec « Intact » et les trois réunis, c’est simplement une boucherie. On peut également parler de « Piège à Loup » qui est tout simplement une bombe.
L’album de Hugo Boss (ou Hugo TSR, au choix) est très bon : le emcee a toujours la plume affinée et le flow aussi tranchant qu’auparavant, mais restera tout de même au moins un cran en-dessous de Flaques de Samples. Il y a quelques titres qui deviendront des classiques mais, même si j’adore Hugo, il faut avouer que ses thèmes et ses instrus sont à force très répétitifs : on ressort de cet album une tristesse et une misère profonde. Hugo Boss n’est plus seulement un rapeur, il s’improvise comme un poète de son époque tellement ses textes sont fins et justes.