[Chronique] J. Cole – Cole World : The Sideline Story

lundi 26 septembre 2011, par Florian Berger.

La question est au bord de beaucoup de lèvres : J. Cole est-il le nouveau sauveur du hip-hop ? 26 printemps au compteur, un deal avec Roc Nation, des mixtapes détonantes et un sacré buzz pour son premier album. Le natif de Francfort ne doit pas être loin de subir la pression d’un LeBron James sur le point de choper la première casquette de la Draft 2003. Sorti ce lundi 26 septembre 2011,  Cole World : The Sideline Story est donc parvenu à nos oreilles. Il n’a pas forcément convaincu tous nos tympans, c’est pourquoi nous avons décidé d’adopter la formule très appréciée des journalistes : le POUR / CONTRE. Deux rédacteurs, deux avis, à vous de décider lequel se rapproche le plus du vôtre …

POUR – Joackim

Mai 2010. Comme chaque jour, j’écoute une tripotée de nouveaux sons et prend une claque en m’arrêtant sur « Who Dat », premier single solo de J. Cole qui installe le nouveau protégé de Jay-Z en haut de l’affiche. Il ne va plus la quitter jusqu’à la sortie de son album, grâce à un tas de sons et mixtapes stylés (Friday Night Light, Any Given Sunday, …), dont la plupart ont été logiquement relayés sur ce blog.

Autant dire que j’apprécie vraiment l’artiste, attendant de prendre une nouvelle baffe avec ce Cole World : The Sideline Story.
Souvent, lors de la première écoute d’un projet, je me dis que si je kiffe le premier morceau, le reste sera de bonne facture. Une habitude un peu débile puisque souvent je déchante par la suite, mais le stratosphérique « Dollar and a Dream III » m’a donné de bonnes raisons d’espérer. Malgré un thème aussi usé que l’accès au rêve américain d’un gosse qui n’avait que son ambition et un « mean flow » comme argent de poche, cet hymne au succès reste un passage obligé pour tout nouveau MC starifié. Le fait est que J. Cole passe cet examen avec brio. Et ça continue lors des tracks suivants. Créateur de la majorité des beats, J. Cole insuffle une belle homogénéité à l’ensemble. Des instrus souvent rythmés par des boucles de piano léchées et posées, ça change de l’overdose des bangers électro ou dopés aux basses. Une vraie ambiance hip-hop, assez classique dans le style mais très efficace. En plus, le flow dynamique de Cole donne un coup de boost et évite de se lasser. Précis dans son tempo, fluide et hargneux dans son débit. Surtout, l’artiste fait preuve dans ses paroles, un ton très juste peut-être dû à son éclosion tardive, il est déjà âgé de 26 ans. Confiant mais pas égocentrique, aussi doué lorsqu’il s’agit de se confier ou de se lâcher en story-telling, ce gars garde visiblement les pieds sur terre. Une bouffée d’air. Naturellement ce rookie album n’échappe pas à quelques erreurs d’appréciations, à commencer par « Mr Nice Watch », ce beau hors-sujet qui ne colle pas au reste et mériterait plus sa place au milieu de WTT. Un bug compensé par beaucoup d’excellents passages, que ça soit « Lights Please », « In The Morning », le touchant « Lost Ones » et son refrain génial, ou le terrible « Nobody’s Perfect » avec une superbe prestation de Missy Eliott. J’en viens même à me réconcilier avec « Work Out », qui apporte une touche d’originalité et de délire en fin d’écoute.

J. Cole n’est peut-être pas (encore) le messie du hip-hop, en même temps je m’en fous. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il faut remonter loin dans le temps pour trouver un premier album mainstream aussi réussi. Un travail très propre, nettement plus convaincant que le Thank Me Later de Drake s’il fallait comparer.

 

CONTRE – Florian

Enfin, après un an d’attente, le fameux Cole World débarque dans les bacs. Un buzz justifié ou avons-nous eu droit à un pétard mouillé ? Un peu des deux à mon sens. Ce première album à la particularité d’être produit quasi entièrement par ses soins, ce qui demande un travail conséquent et montre les multiples talents l’artiste.

Pourquoi cet album me déçoit ? Pas tant par les productions que je trouve de qualité, mais plûtot par les choix stylistiques opérés : Cole Word est mou, limite ennuyant. Un album stéréotypé, quasiment toujours sur le même rythme au niveau de ses lyrics. Certains tracks ne manquent pas de goût, comme « Rise & Shine », « Sideline Story » et « Dollar And Dreamin’ III », sauf qu’aucun morceau qui sort de l’ordinaire. Le vrai problème c’est que J. Cole s’avère meilleur producteur que rappeur, tandis que la meilleure production de l’album est créditée No ID sur « Never Told », un vrai paradoxe. De plus, les sons où apparaissent les guests se révèlent les plus faibles de l’album, que ça soit l’insipde « Mr Nice Watch » avec Jay-Z ainsi que celle avec Trey Songz.

Ce Cole World n’est pas mauvais, mais je m’attendais à mieux : sa mixtape Friday Night Light supplante nettement l’album selon moi. J.Cole a beaucoup de talent c’est indéniable notamment à la production, mais pour arriver au niveau d’un Blueprint, auquel il comparait récemment son premier LP, il a encore du boulot.

On termine avec le nouveau clip de l’artiste, « Daddy’s Little Girl » :

Article recommandés

J. Cole – Any Given Sunday #4
L’album de J.Cole arrive d’ici peu et on connaît maintenant le titre complet : Cole World: The Sideline Story. On a même découvert la cover, voir juste au dessus, qui…
J. Cole – Any Given Sunday #2
L’actualité musicale chargée d’hier, oui je parle de la sortie de Watch The Throne, nous a empêché de placer quelques lignes sur le 2e EP de la série Any Given…

les plus populaires