Leur premier album avait fait sensation. Dans mes oreilles mais dans celles de milliers de gens, ces sons bruts et sales dégageaient une intensité monstre et Justice avait réussi un fabuleux cocktail, l’alliance de bangers (D.A.N.C.E/DVNO) et de morceaux plus sombres (Waters Of Nazareth/Stress) avec brio. Mais le temps passe et la sortie de Cross, 2007, se fait lointaine. On attendait avec impatience leur retour. On a eu un avant-goût avec « Civilization » puis « Audio, Video, Disco » et finalement « Newland ». Et une déception s’est pointée.
D’abord, il faut dire ce qui est : Justice n’est pas allé vers la facilité. En ne sortant pas un Cross 2.0, les deux parisiens ont voulu explorer de nouvelles sonorités et ont voulu faire une musique qu’ils aiment. Et ça, on ne peut pas leur reprocher. C’était une progression logique, le deuxième album étant celui de la maturité, autrement dit du succès ou de la déception.
Mais le duo s’est largement (trop?) inspiré du rock progressif des années 70. Pas étonnant vu leur style blousons en cuir et je m’en branle d’absolument tout. Mais le problème c’est qu’un manque d’identité se crée dans cet album qui part dans tous les sens. Un coup, on part dans des riffs méchants de guitare pour enfin passer dans un beat plus pop à la Jamaica et enfin des beats sales. Ça fait beaucoup pour un seul opus. Parce qu’en voulant puiser dans de nombreuses influences, on dirait que leur musique est un medley d’AC/DC, de Daft Punk ou de tous les grands groupes de rock progressif des années 70 sans avoir les bons côtés de ces groupes. On attendait avec AVD des titres bien lourds à la manière de Cross, mais au finalement, on a seulement presque des titres cheesy, comme dirait les anglais. Aucun titre n’arrive à la cheville de « Stres »s dans cette galette. Alors peut-être c’était une évolution, mais c’est surtout un grand pas en arrière pour Gaspard Augé et Xavier de Rosnay.
Et on se rend rapidement que les meilleures tracks de cet album sont celles qui se rapprochent le plus de…†. « Canon » est peut-être la seule chanson qui fait ressentir quelque chose grâce à ses riffs bien puissants. On peut mettre « Horsepower » dans le même bol. Mais c’est tout. Où est passé cette foutue orgue qui faisait tellement tripper ? On a le droit à des samples assez dégueulasses d’orgue, et la flute dans « Parade » rattrape légèrement le tout.
Mais je crois que dans cet album, plus que jamais, c’est l’avis personnel qui va compter. Si vous ne vous attendiez pas à grand chose de Justice, vous allez être surpris dans le bon sens. Mais si, fans de la première heure, vous vous attendiez à des sons bien crados à mettre à n’importe quelle heure de la journée et qu’ils vous mettent dans une grande forme, c’est raté.
Rendez la justice vous-même sur cet album. Et on attend vos avis.