Certains amateurs de hip hop ont eu une vraie bonne surprise ce matin : l’album Trophies du producteur Apollo Brown et du emcee OC (ex-DITC) a été lâché en avance sur iTunes. Ni une ni deux, je me procure légalement ce 16 titres que j’espère mémorable ; le genre de disque qu’on attend avec une impatience comparable à celle qu’on a eu pour les skeuds d’AZ, ceux de Blu, ou encore ceux de Black Milk. Balancé dans mon casque le temps d’un long trajet en métro, la première impression est bonne. Très bonne.
Sur SURL, on aime parler de différents genres musicaux. Dans la même optique, on aime chroniquer différents styles de hip hop et faisons toujours l’effort de ne jamais nous placer prétentieusement en tant que « puristes » ou autres, en témoigne l’antagonisme profond qui distingue l’album de Future dont nous vous avons parlé hier et celui que nous sommes sur le point de décrire.
Bref, pour ceux ne connaissant pas les deux artistes derrière Trophies, nous ne saurions vous conseiller d’aller faire un tour sur notre interview des deux collègues, peut-être cela vous aidera-t-il à mesurer leur pedigree.
On savait Apollo Brown doué, très doué même, et le beatmaker semble s’être dévoué corps et âme dans les productions de cet album, comme pour le prouver aux plus sceptiques. Dès les premiers titres de Trophies, on ressent la profonde influence de Detroit sur le style de l’artiste, influence qui le place dans la lignée des Black Milk ou autre Jay Dee. Le sample intelligemment utilisé sur « Prove Me Wrong » permet aux lyrics d’OC de prendre encore plus de sens : « If you could read my thoughts, what you’d discover is mind blowin’ / Even when I’m asleep, my mind goin’ / My subconscious stays alert, revealin’ the questions that answer otherwise that don’t know […] See deception and truth be told / Yeah, set in my ways ‘till you prove me wrong. »
OC & Apollo Brown – Prove Me Wrong
Et le ton donné par ce titre se poursuit et se propage à travers le reste de l’album, toujours dans ce mélange old school/néo-prod hip hop qui donne tant de saveur aux albums des prédécesseurs dont Apollo Brown s’est naturellement inspiré. Les lyrics et phases inspirés, propres et léchés d’OC donne l’écho nécessaire aux productions de l’album, pour créer une osmose musicale rare qui bercera certainement les amateurs d’achipé achopé pendant de nombreuses semaines. Les titres « We The People » et « Disclaimer » – dans un style légèrement plus agressif – illustrent parfaitement ce fait là, et pourraient faire figure d’étendards au reste de l’album. Des petites petites bombes sans nom.
OC & Apollo Brown – We The People
OC & Apollo Brown – Disclaimer
En vérité, il est très dur de chroniquer un album qu’on ne peut qu’encenser. Faire ressortir des titres particuliers alors que l’ensemble des tracks proposées est si homogène, c’est franchement pas simple. L’on pourrait aussi dire que le superbe « Angels Sing » se démarque en étant dans un registre un poil différent, avec une instru plus entrainante, plus psychédélique, plus néo-hip hop qu’old school, avec un refrain chanté qui dérange à peine, mais dans le fond il reste dans la lignée de ce que les deux artistes nous proposent à travers cette petite perle.
OC & Apollo Brown – Angels Sing
Inutile d’en dire plus, si ce n’est qu’on considère essentiel à tout amateur qui se respecte d’acheter ou de télécharger cet album comme on en fait plus, cet album qui prouve que même après 18 ans de carrière, certains sont toujours aussi bons derrière un microphone, l’essentiel étant d’avoir le bon producteur pour vous y pousser. Comme Apollo Brown nous l’avait dit en interview : « That’s hip hop man, period. »