[Chronique] RZA – The Man with the Iron Fist

samedi 16 février 2013, par Joackim Le Goff.

Par Valentin Chapelin

On a pu le constater durant ces dernières années : Bobby Digital, plus connu sous le nom de RZA, membre mythique du Wu-Tang et figure indétrônable du rap New-Yorkais a désormais outrepassé son rôle de rappeur «made in Brooklyn». Il ne quitte pas le studio mais il déambule désormais sur les plateaux de tournage. Dans un premier temps, Il fait une apparition dans le mythique «Ghost Dog, la voie du samouraï», film dont il compose la bande originale dans sa quasi-intégralité. Il apparaît également dans le fabuleux «Coffee And Cigarettes» de Jim Jarmusch aux côtés de son partenaire GZA et du plus célèbre des chasseurs de fantôme : Bill Murray. Par la suite il fait plusieurs apparitions et compose pour de nombreux long-métrages. C’est à l’occasion du tournage de Kill Bill que RZA rencontre celui qui va devenir son mentor filmique ; l’homme qui peut faire passer Uma Thurman de l’overdose au pyjama jaune, j’ai nommé Quentin Tarantino. Lors d’une interview accordée à Collider, RZA se confie à propos de ce dernier, génie de l’hémoglobine : «He is a walkin’ encyclopedia of film». De cette rencontre entre le réalisateur fan du Wu-Tang et le rappeur amoureux de la pellicule naît une amitié tissée de collaboration et d’apprentissage. C’est cette collaboration qui nous donne aujourd’hui, et pour notre plus grand bonheur, «The Man With The Iron Fist».

«The right metal, temperature’s over 1400 degrees»

Pour son premier film derrière la caméra, RZA puise dans ses connaissances sur le cinéma shaolin pour nous livrer un long-métrage de passionné. A la vue du trailer, il apparaît que le réalisateur a compris les attentes de toute une partie de la population : Du Hip-Hop, du Kung-Fu et Russell Crowe armé d’un couteau qui tourne. Eli Roth et RZA nous offrent ici une vraie œuvre de cinéphile, on assiste non plus à un film de kung-fu mais bien à un hommage de 90 minutes aux films d’arts martiaux. On retrouve tous les codes du film shaolin : un visuel impeccable, des chorégraphies sous la direction de Corey Yuen et des giclées d’hémoglobines tarantinesques.

On aimerait que tout cela continu dans le trait de génie, mais malheureusement qui dit long-métrage dit scénario, à ce niveau, le film ne brille pas particulièrement. Sans pour autant être honteux, il ne transporte pas et parvient tout juste à justifier des scènes de combat. Heureusement, les monologues profonds de l’ex-catcheur David Batista rehaussent la trame narrative … Et puis non définitivement, non, le charisme d’hippocampe atrophié de ce musclor en slip latex ne surprend pas et tire le film vers le bas.

THE-MAN-WITH-THE-IRON-FISTS-1

Mais heureusement le constat ne s’étend pas à tout le casting, RZA qui joue le rôle principal assure complètement sa partition et Russel Crowe avec son attitude nonchalante et son look de clodo alcoolique donne un certain cachet au casting. Le tout parvient donc à nous maintenir en haleine et on se surprend même à prendre son pied lorsque les kicks viennent à pleuvoir.

Ce film n’est certainement pas pour les fans de Wong Kar Wai ou de Hanneke, ni pour les aficionados de la nouvelle vague, mais si vous souhaitez retrouver un film d’art martial qui marie esthétique sanguinolente à la Tarantino et flow tonitruant à la RZA, alors ce film est définitivement pour vous.

 

RZA, Maître d’orchestre

Ce n’est pas la première fois que le fondateur du Wu-Tang compose pour le 7e art. Déjà dans Ghost Dog ou dans Afro Samurai, il avait utilisé ses talents de musicien au service de l’image. Pour son premier tour derrière la caméra, il ne loupe pas l’encoche et récidive avec un album au nom original (ou pas) : « The Man With The Iron Fists Soundtrack ». Le son qui a marqué avant même la sortie du film; c’est le duo plutôt bad-ass avec les Black Keys. «The Baddest Man Alive» envoie du lourd. Dans ce titre, le rock’n’roll groovy de Dan Auerbach et Patrick Carney s’allie à la perfection avec la voix de RZA pour nous livrer un morceau qui vaut le détour. Quant au clip réalisé par Marrs Piliero, outre le fait qu’il soit raccord avec le film, vaut le coup rien que pour voir RZA se battre avec un poisson mort.

Avec des morceaux tels que «White Dress» de Kanye West ou «Black Out» de Ghostface Killah, RZA montre qu’il est bien un chef d’orchestre à part entière et que le Wu-Tang, après un «Wu Block» plutôt réussi, n’a pas fini de faire du bruit. Et mon dieu quel bruit !

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