C’est après deux EP de bonne qualité et une collaboration avec Cee-Lo Green sur le titre « Please« , que sortait, le 7 mars dernier, l’album éponyme de Selah Sue. Première information en guise de confirmation, c’est Patrice qui a co-produit les 12 titres de cet album. La forte influence du chanteur allemand se fait donc naturellement ressentir au fil des chansons et apporte une touche mélodique à cet album. L’autre producteur, Farhot (qui produit Nneka), s’occupe lui de la partie plus digitale, avec des beats légers et entraînants.
La thème principal de l’album ? La quête d’identité. Selah a écrit la plupart des textes au cours une période noire de sa vie. «De 14 ans à 19 ans, raconte-t-elle, je suis passée entre les mains de beaucoup de psys. J’étais socialement phobique, prise de crises de panique, j’avais peur des gens, je ne pouvais pas les regarder dans les yeux. Mais il paraît que quand on a peur de quelque chose, il faut y faire face.»
La jeune femme trouve donc refuge dans la musique et décide de faire de sa voix un véritable atout. C’est en s’inspirant de ses idoles, Lauryn Hill et Bob Marley notamment, qu’elle développe un style qui rassemblent les sonorités hip hop/soul/funk.
Cet album propose donc un mélange des styles extrêmement bien maîtrisé, qui commence avec le titre « This World » sur un soul down tempo remémorant les meilleures chansons de Lauryn Hill. L’esprit Fugees est d’ailleurs parfaitement repris sur « Peace Of Mind« , le titre le plus hip-hop du CD et le morceau le plus complet de Selah Sue, vocalement parlant. « Raggamuffin » qui a fait connaitre la chanteuse, répond bien entendu présent avec ses aller-retours entre soul et reggae, révèlant une certaine sauvagerie chez la chanteuse assez bien reprise avec le plus groovy « Crazy Vibes« .
Mais voilà, cet album est un véritable journal intime et les autres morceaux, même s’ils gardent ce style mélodieux et punchy à la fois, s’avèrent être bien plus poignants. « Summertime » et « Mommy » dégagent une émotion certaine, tandis que « Black Part Love« , bien que dans un style funky, transmet un message à la fois sincère et touchant : « It’s easy to hate yourself, but then you have to realise that the black part of you needs to be loved as well ». On ne peut s’empêcher de partager cette sensibilité sur « Please« , magnifique duo avec Cee-Lo Green déjà posté sur le blog.
En définitif, cet album, parfaitement encadré par Patrice et Farhot, fait preuve d’une ambition notable chez Selah Sue. Oscillant entre hip hop, soul et reggae, ces 12 titres nous racontent l’histoire d’une jeune femme courageuse et déjantée. Elle a fait de son extraordinaire voix un magnifique moyen pour nous, de tomber sous son charme. Agée d’à peine 21 ans, elle prouve avec son album éponyme, déjà #3 des charts iTunes en France, qu’elle a tout d’une grande artiste. Chapeau.
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