Dimanche 30 juin, je me suis levé à 9 heures pour courir les 10 KM de l’Equipe. Un aller/retour parisien entre Bastille et Nation, pas le genre d’effort matinal que je m’inflige régulièrement. Je ne rédige pas cette intro pour m’attarder sur mon piteux chrono de sportif endimanché, mais parce que cet évènement constituait une bonne occasion d’écouter la deuxième compilation de l’ untouchable empire, je parle bien de Self Made Vol.2 par le Maybah Music Group de Rozay. Maintenant que j’ai bien encaissé, retour sur cette expérience kilomètre par kilomètre.
Départ : je me lance et appuie sur Play. Pas de chance, l’album débute sur le dithyrambique « Power Circle ». Pris d’excitation, je sprinte en rythme avec les basses et pousse un « middle finger » aux concurrents, tous derrière évidemment. Quel couplet de folie de Kendrick Lamar, qui détruit ses hôtes une fois de plus.
1 KM : je suis pas le David Copperfield, mon adrénaline redescend au même rythme que mon rythme cardiaque augmente. Courir, c’est répétitif en vrai, un peu comme le moyen « Black Magic ». Je zappe sur « This Thing of Ours ». La prod soignée de Cannon me détend, un peu trop puisque je commence à mater tous les fessiers féminins autour de moi comme si je sortais d’un carré VIP. Comment ça j’ai pas le look de l’année en short reebok noir et chaussettes blanches ?
2 KM : « All Birds ». Ca tombe bien, j’ai envie de shooter les pigeons qui volent à basse altitude. Un peu trop chiant comme son non ? Next.
3 KM : Le banger hollywoodien « Actin up », aka le son qu’il me fallait pour relever la tête après un depart trop précipité. Je retrouve mon souffle et mon ego. Aston Martin, Ralph Lauren, Vuitton : j’ai l’impression de courir sur les champs au fur et à mesure des lyrics. En fait je suis dans une rue un peu lambda, gueulant « money Money MOney MONey MONEY !! » comme un fou.
4KM : « Fountain of Youth » me fait penser que le ravitaillement arrive dans un 1km. J’accélère, l’espoir que quelques gorgées de Powerade me remonteront a bloc.
5KM : Powerade, boisson énergisante mon cul. Ca ne marche que dans les pub. Heureusement, « Stay Schemin » commence… Ah non pardon, c’est « I Be Puttin on ». Sympa mais ça me fait vraiment penser à une face B du son de Drake.
6 KM : j’ai rapidement zappé « The Zenith » et « MIA », pas trop dans l’ambiance « effort héroïque » pour arriver au single « Bag of Money ». Pas de toile monogrammée remplie de Benjamin qui m’attend à l’arrivée, seulement une médaille en toc et des abricots secs, mais le style luxure & laid back – qu’on devrait tous écouter dans une Maybach – calme un peu mon point de côté.
7 KM : « Let’s talk » n’a pas tenu plus de 15 secondes : pas trop envie de papoter sur la banalité de ce morceau à 3000m de la fin de l’épreuve.
8 KM: « Black on Black » est un son de fou furieux. Toujours aussi dingue, Gunplay appuie sur la gâchette et met un tarif au beat avec Ace Hood et Bun B. « Stuck my dick in the world, now i’m rapin’ this song ». Manque juste Trick Daddy pour compléter l’esprit « black flag », dommage qu’il soit pas pote avec Rozay.
9 KM : Je commence a voir flou. A cause de « Fluorescent Ink » ?
10 KM : « Bury me G », une fin épique en harmonie avec la dernière ligne droite. Abrégez mes souffrances et n’oubliez pas de verser de la liqueur sur ma tombe. Ah non, en fait c’est fini et je suis encore vivant. A vérifier avec les courbatures qui s’annoncent…
Pour continuer le parallèle entre une course d’endurance et Self Made Vol.2, ça se consomme un peu pareil. On est content de commencer, puis on est rapidement saoulé par la répétitivité de l’exercice malgré quelques sursauts bienvenus qui redonnent du boost. Lorsqu’on touche à la fin, on se dit que ça aurait pu être bien pire, mais qu’on ne se retapera pas ça tous les jours de la semaine… Quoique dans quelques temps j’y reviendrai avec plaisir. Dans tous les cas, ça marque moins que la première fois, en l’occurrence le premier volume.