La nouvelle est apparue comme une bombe. La comparaison est un peu facile mais belle est bien réelle. The Roots revenait avec un nouvel album. Plus que ça même, un concept assez difficile à cerner qui fracasse les lois du rap game. Une douzaine d’albums comme background, il n’en faut pas plus pour prendre ce nouveau projet orchestré par Questlove et Black Thought au sérieux. Il faut dire qu’après le succès de How I Got Over sorti l’année dernière, le groupe, originaire de Philadelphie se devait de proposer un album original tout en ne négligeant pas ce mélange des genres qui ont fait le succès de The Roots. C’est une nouvelle étape qui s’ouvre entremêlant musique et succession de courts-métrages. Pour cela, il fallait donner un nouveau souffle à cette musique déjà si ravageuse de part sa mélodie. 3,2,1, UNDUN.
Pour commencer c’est par un sombre clip que la communication autour de ce nouveau projet se fait. « Make My » sort quasiment incognito entre une pléiade de mixtapes et de sons en tout genre. Mais The Roots est de retour et compte bien le faire savoir. Et c’est le génial BIG K.R.I.T qui est aux commandes de ce morceau accompagné d’une vidéo racontant la triste de vie de Redford Stephens. La suite, c’est ça, une sérié de vidéos avant la sortie officielle de l’album le 6 Décembre. « Stomp » et « Sleep » sortent quasiment dans la foulée et confirment le style The Roots : raconter une histoire à coups de percussions, de cordes, longues parties instrumentales, sans oublier une dose de rimes aussi pure que la méthamphétamine de Walter White.
Dans le fond, Undun est dark. Il raconte l’histoire du personnage central comme dans « Sleep » qui nous transporte dans les pensées de Redford Stevens quelques instants après sa mort. Les vidéos de « Tip The Scale » , « Stomp » et « Make My » retracent donc la vie éphémère et typique d’un criminel élevé dans la misère et qui doit faire face aux lois dictées par la rue. Sombre en effet. Mais très bien pensé dans la forme.
Pour raconter leur histoire, ?uestlove and co’, qui d’ordinaire préfèrent mener leur projet de leur côté, se sont ouverts à l’autre, comme pour contredire le message intérieur de Undun et affronter cette solitude ambiante d’une manière musicalement intelligente.
Big K.R.I.T assure tellement sur « Make My » qu’il apparaît évident que le choix de cette collaboration ne s’est pas faite par hasard, il apparaît selon moi comme le meilleur interprète possible du morceau. Mais pas que. Dice Raw a été choisi pour se vider sur une bonne partie des morceaux rappés de l’album. Parce que comme, je le disais plutôt, Undun, c’est aussi une musicalité hors normes mais l’identité même de The Roots, illustrée ici par des morceaux exclusivement instrumentaux qui mélange rock, jazz contemporain avec improvisation libre et stricte à la fois, pour un résultat plus que bluffant. Plus que d’habitude en tout cas.
Ma critique de cet album s’arrêtera là. J’ai choisi de ne pas détailler les morceaux mais de décrire un ensemble parce qu’il me paraît essentiel de se faire son propre avis sur Undun. Ce qu’il faut retenir, c’est que les rappeurs de Philadelphie signent ici probablement le meilleur de leur onze albums studio. Peut-être le plus abouti, le plus mystérieux et le plus poignant. Un coup de poing qui risque de marquer l’histoire du hip hop (pour les plus puristes en tout cas). Peut-être aussi violemment que celui infligé sur le plateau de Jimmy Fallon à la candidate ultra-conservatrice Michelle Bachmann, accueilli par le « Lyin Ass Bitch » interprété en live par les The Roots. Beau.