Le coup de vieux. C’est certainement ce qui guette certains d’entre vous à la lecture de cette rétrospective consacrée aux vingt albums classiques de rap US qui ont passé la barre des vingt ans cette année. Si certain-es lecteurs-trices de cet article n’étaient probablement pas né-es à la parution de ces galettes, force est de constater que la cuvée dans son ensemble a plutôt bien vieilli. La portée de son héritage est en tout cas assurée. Retour sur ces vingt sorties essentielles de 1996, alors que 2016 touche à sa fin.
Il faut parfois attendre de longues années pour savoir si un vin millésimé va bien vieillir… ou tourner au vinaigre. Dans cette ère de surconsommation et de productivité intensive, il en reste malgré tout de même pour la musique. Pourquoi vingt œuvres rapologiques de vingt ans d’âge, et pas dix ou trente ? Le choix n’est pas que mathématique. Seriez vous capables de trouver de tête trente albums de rap sortis en 86 ? Il faudrait soit creuser, soit en inventer. De l’autre côté, dix ans c’est encore tôt pour avoir un vrai recul historique et le choix parmi dix disques de 2006 serait cornélien. Vingt ans représente quant à lui un saut d’une génération, et 1996 a été une année riche en crus en tout genre, une période de transition pour la musique rap qui terminait l’âge d’or pour entrer dans l’âge de platine. Alors quand il a fallu se pencher sur les sorties de cette année pour une telle rétrospective, c’est sans peine et avec un réel plaisir que nous nous sommes replongés dans ce riche millésime du rap américain.
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Outkast, Atliens
Après avoir définitivement placé Atlanta sur la rap map avec Southernplayalisticadillacmusik, Big Boi et Andre 3000, 21 ans, vont créer cet immense classique : ATLiens. Co-produit par les géniaux Organized Noise, ce chef d’oeuvre a posé le style extraordinaire des Outkast, une vraie consécration critique (à l’unanimité), comme commerciale, en collectant deux disques de platine. Il y a dix ans, on se posait toujours la question de savoir lequel d’ATLiens ou d’Aquemini était supérieur à l’autre mais aujourd’hui ça ne fait plus de doute : c’est celui-ci qu’on choisit.
2Pac, All Eyez on Me
Le sort aura voulu que 2Pac sortit de sa cellule en Octobre 1995 pour entrer dans le couloir de la mort, le sulfureux label Death Row. Une mort qu’il rencontrera quelques mois plus tard à Las Vegas. À peine libéré, voilà qu’il s’enferme en studio avec les cadors du rap Westcoast (Snoop, Dr. Dre, Nate Dogg, Daz Dillinger, DJ Quik, etc…) et balance All Eyez On Me, le premier double-album rap US obtenant le statut de classique (précisons US car le groupe IAM l’a précédé avec Ombre Est Lumière). Bref tous les plus gros/grands hits de 2Pac qui ont enflammé la Californie (jusqu’à New York…) sont concentrés sur ces deux disques.
2Pac aka Makaveli, The Don Killuminati : The 7th Day Theory
7th Day Theory est le second disque sorti en 1996 par Tupac Shakur, renommé ici Makaveli pour cet opus hautement symbolique dans sa brève mais fructueuse carrière. Sorti à titre posthume dans une période de tension entre Death Row et Bad Boy, ce cinquième album – enregistré en à peine une semaine – a, de par son iconographie, ses messages et son concept, totalement mystifié la mort du rappeur, assassiné le 7 Septembre 1996. Le romancier Dan Brown mériterait de se pencher sur son cas. Pour beaucoup, ce testament est SON oeuvre ultime, contenant son lot de titres auxquels vouer un culte, mais hélas l’héritage de 2Pac a plutôt fini dans les caisses de chez Death Row.
Ghostface Killah, Iron Man
Ghostface aka Tony Stark est le cinquième membre du Wu-Tang Clan a sortir son album solo. Enfin… pas tout à fait « solo » puisque le Chef Raekwon et Cappadonna partagent les seconds rôles sur cette affiche d’Iron Man. Mis en scène par le grand gourou RZA pour le compte de son label Razor Sharp, Iron Man recèle de nombreux wu-bangers et autres wu-classics, dont « Winter Warz », « Daytona 500 » ou bien le merveilleux single « All I Got Is You » qui révèle que ce super-rappeur rompus aux techniques du temple Shaolin n’avait pas qu’un gros sabre tranchant, mais aussi un grand coeur.
Lil Kim, Hard Core
Qui aurait cru qu’un jour que l’amante de feu Notorious B.I.G. allait changer à jamais l’image de la femme dans le rap ? Avec Hard Core, la membre des Junior M.A.F.I.A. envoyait son talon pointu dans les valseuses du rap masculin en entrant mettre le bordel dans la garçonnière. Avec des lyrics aussi crus que son flow est venimeux, Kimberly Jones s’est jouée des clichés de ce que les mecs considèrent comme une « bitch« . Et vingt ans après, ce premier album de mafioso rap, où plane l’ombre de Biggie, apparaît comme une oeuvre féministe. Sans notre Queen B*tch, il n’y aurait pas eu de carrière pour – au hasard – une Nicki Minaj.
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