Peut-on dire que le bruit est mélodieux ? C’est la question qu’un paquet de monde a dû se poser en écoutant Death Grips. Souvent décrits comme des mutants à la frontière du « rap-rock », le groupe effraie, énerve et divise. Tous leurs albums sont un bordel monstre. Des synthés de partout, un MC criant et pour certains morceaux, aucune mélodie. Mais ça serait dévaloriser le groupe. Surtout après la sortie d’une nouvelle galette, en téléchargement libre, Government Plates dans lequel se glisse un petit bijou de bruit, « Whatever I Want ».
Décrire (trop) sommairement DG serait assez simple : un Yeezus bien plus énervé et bordélique. Si vous avez apprécié ce côté anti-commercial et désordonné du dernier album de K-West, vous avez quelques chances d’apprécier la musique des 3 californiens. Au-delà de ces sonorités un chouia bordélique, le groupe est quelque peu controversé. Après avoir distribué gratuitement son album No Love Deep Web, obligeant leur label d’alors à les foutre à la porte, ils ont également une vision assez différente des concerts : le concert sans artiste. Death Grips a organisé des concerts mais n’avait aucune intention de se pointer. Pépère. Le genre d’initiative qui déclenche l’hystérie de leurs fans, prêts à tout détruire dans la salle. Lollapalooza s’en souvient encore. Le but ? Justement ça. Génial pour certains, désolant pour d’autres, chacun peut se faire son avis. Sans parler de la cover de NLDW, un pénis en érection. Rappelons qu’ils étaient alors signés sur Epic Records, une des plus grosses majors mondiales.
Le groupe ne vit pas de la provoc. Il est une provocation. Une provocation perpétuelle contre le système, notamment musical. Ecouter DG n’est pas une partie de plaisir, c’est presque une épreuve tellement certains sons sont lourds. Le dernier petit bijou » Whatever I Want » justifie totalement dans cette expérience masochiste. Au long de ses 7 minutes, tu prends dans la gueule un vacarme qui à force met mal à l’aise. Mais à la fin de ces longues minutes, on a l’impression d’avoir vécu une expérience. Et c’est clairement l’effet recherché : se sentir vivant.
MC Ride n’est pas un MC lambda. Plus criard que mélodieux pour certains, son style est unique. Et ses producteurs rentrent pleinement dans son univers et inversement. Ils ne contentent pas de rester dans un style de musique, ils dépassent toutes les limites que leur a imposées l’industrie du disque. Du sample bollywoodien sur « Punk Weight » à l’ambiance apocalyptique de « Blackjack », le groupe de Sacramento est simplement génial : jamais un groupe n’avait réussi à faire des tracks cohérentes en intégrant une telle fureur.
Tout au long de leur carrière, les mecs de Death Grips continueront à diviser. Il n’existe pas de limites chez la bande californienne. Tout est extrême chez eux, de leur musique à leurs fans. Alors vrai punk rebelle ou hipster complètement stupides ? La question mérite d’être posée. Mais peu de personnes pourront y répondre concrètement tellement le désordre règne dans leur musique mais également autour d’eux.