« A true backpack rapper with a rocket in that shit. I’m the last boombox, and I dislike a vagina with a mic. » Vu la manière dont se présente Nitty Scott MC, le rap féminin ne manque décidément pas de culot en 2013. Comme le clamait Rapsody, ne faites pas l’erreur de la mettre dans une case : « As a female, don’t put me in this box… I can run with the fellas. »
Agée de tout juste 23 ans et originaire de Brooklyn, la demoiselle a été biberonnée au hip hop en écoutant pendant des heures ses compatriotes du Wu Tang ou de A Tribe Called Quest, la base. Ce côté année nineties qui sent l’underground, Nitty veut se l’approprier : elle lance dès ses 17 piges la Boombox Hip Hop Family, un mouvement destiné à « préserver et faire progresser le hip hop », selon ses propres termes. Ce que l’adage qualifie de mainstream, c’est pas son truc. Attention, l’idée ne consiste pas à recycler bêtement le boom bap de ses aînés, plutôt à s’appuyer sur cet âge d’or et l’adapter au XXIè siècle. Ne pas perdre de vue ses racines.
This ain’t the 90’s. I ain’t trying to bring it back
En 2011, sa carrière prend un véritable tournant. Lors d’une apparition dans le traditionnel cypher de BET Hip Hop Awards – featuring Estelle et … Soprano -, elle tape dans l’oeil de DJ Premier. Ajoute à ça la claque assénée sur son freestyle « Monster » et les deux mixtapes qui ont nourri sa fan base : elle rentre dans la cour des grands.
L’an dernier, elle balance son premier EP, « The Boombox Diaries Volume 1″, un projet sorti dans l’anonymat le plus total en France et qui pourtant méritait clairement qu’on s’y penche dessus. Sensibles à son talent, les gros poissons Kendrick Lamar, Action Bronson, Araabmuzik ou !llmind se sont pressés de participer. Il faut dire que Nitty, au-delà d’un flow hyper accrocheur, assume totalement sa féminité dans ce monde d’homme – l’est-il toujours d’ailleurs ? -, ce qui lui confère une tonalité subtilement sexy. Loin de se la jouer garçon manqué ou de sombrer dans la provocation outrancière, Nitty trémousse ses formes et sa belle gueule dans un océan de testostérone, forte d’une confiance absolue en son talent. Un atout qui rappelle une certaine Azealia Banks, en moins énervée – et plus authentique.
I keep it feminine because I am girly, but I definitely don’t exploit the physical
Celle qui rêve de former un groupe avec Action Bronson et les quatre gus de Slaughterhouse a levé il y a quelques mois plus de 6 000 dollars sur Kickstarter, finançant le clip de « Flower Child », featuring Kendrick Lamar, s’il-vous-plait. On la retrouve aussi lors d’un morceau avec Tanya Morgan ou plus récemment sur le nouveau titre de Blu & Nottz. Même le célèbre Statik Selektah avait précédemment réuni sur son album Rapsody et Nitty, à l’occasion d’un track quasi-visionnaire.
Nitty Scott maintient sa volonté de rester indépendante. On attend maintenant de pied ferme son prochain projet, qui n’a pas encore été dévoilé, toujours sur son bébé de Boombox Family Entertainment. Nitty a toutes les cartes en main pour cartonner : elle a tout, le talent, la culture musicale et un charme qui ne laisse pas indifférent.