Depuis 2013, Denzel Curry s’efforce de transformer sa colère en musique. La fureur qui l’habite, dont les racines sont intrinsèquement liées à l’histoire violente de Carol City (Floride), a longtemps teinté chacune de ses créations. Aujourd’hui, l’un des derniers véritables rescapés du Raider Klan s’efforce d’aller contre son instinct. A l’occasion de son passage à la Cigale à Paris en novembre, nous nous sommes assis avec lui.
Depuis son émancipation vis-à-vis du Raider Klan, Denzel Curry a pris une toute autre dimension. Et sa carrière avec lui. Depuis 2013, nous suivons la progression de celui qui n’était, avec Chris Travis ou Yung Simmie, que l’un des lieutenants du crew de Floride leadé par le clivant SpaceGhostPurrp.
Au fil des années, Denzel s’est beaucoup cherché. Sous la bannière de sa team, il va sortir trois grosses mixtapes, sous trois blazes différents : King Remembered Underground Tape 1991 – 1995 sous le nom d’Aquarius Killa, King Of The Mischievous South Vol 1 Underground Tape 1996 sous le nom de Raven Miyagi, et Strictly 4 My R.V.I.D.X.R.Z. (1993), sous son nom définitif, Denzel Curry. Mais c’est surtout avec l’excellentissime Nostalgic 64, sorti en septembre 2013, que celui qui n’avait encore que 18 ans a secoué le Sunshine State.
Au point que, progressivement, sa musique pleine de rage, survoltée, viole les esprits des amateurs de rap bien au-delà des frontières de son Etat. Depuis, Denzel a sorti un album, Imperial (2016), et deux EP : 32 Zel/Planet Shrooms en 2015, et l’énervé 13 cette année. Un projet explosif, dans tous les sens du terme, qui semble nous dire que l’ami Denzel a retrouvé cette fureur qui le caractérisait tant et qu’il avait plus ou moins tenté de canaliser avec Imperial. Est-ce liée au regain de racisme exacerbé – il était dans le même lycée que le défunt Trayvon Martin – qui caractérise l’Amérique de Donald Trump ? Est-ce en réaction à son nouveau statut d’artiste auréolé par les médias ? Est-ce seulement sa vraie nature, lui qui a n’a jamais tant dilué sa musique et ne l’a jamais conçue autrement que comme un exutoire ? Plongée dans la colère de Denzel Curry.
Vidéo : Guillaume Durand, avec l’aide de Célestin Soum / Droits réservés
Photos : Antoine Laurent / Droits réservés