« J’vais me casser du rap comme je suis venu, en finesse. » Une nouvelle qui plonge sûrement les fans d’Alkpote dans une profonde tristesse, surtout quand on repense à leur enthousiasme sur les réseaux sociaux lors de l’annonce de son passage à Lyon. On avait pas mal de questions à lui poser à ce sujet, mais les choses ont pris un tournant légèrement différent de ce qu’on avait en tête. Le Serge Gainsbeur du rap nous avait donné rendez-vous le lendemain de son show dans un hôtel du troisième arrondissement. Lorsque le rappeur nous rejoint dans le hall, vêtu d’un blouson en cuir et ses lunettes noires déjà chaussées malgré l’heure matinale, on en profite pour lui expliquer que l’hôtel est connu pour être l’ancien repaire de la Gestapo et des forces nazies durant la seconde Guerre Mondiale. « Lourd de ouf, frère, on n’a qu’à faire l’interview ici. J’suis fan d’Hitler. » Le ton était donné.
On oubliera donc Le Palais des Gateries, sandwicherie qu’on avait imaginée comme mise en abyme idéale pour capturer les adieux au rap d’Alkpote. C’est dans le confortable salon de l’hôtel qu’on s’installera.Trônant dans un large fauteuil en cuir pendant nos préparatifs, l’oeil rivé sur son smartphone, L’Empereur n’aura jamais aussi bien porté son surnom. S’en suivra un peu moins d’une heure d’un échange souvent surréaliste, entre associations d’idées improbables et réponses énigmatiques (« Sarkozy ? C’est le meilleur magicien. Il a réussi à faire disparaître Kadhafi« ), pendant lequel l’homme aux punchlines les plus crasseuses du jeu déroulera un discours digne d’un Raymond Queneau sous THC.
Dans un grand zapping tous azimuts faisant se côtoyer rap, premières séances d’onanisme et Framboisier des Musclés, Alk confirme qu’il a la répartie idéale pour tout intervieweur un tant soit peu amateur de ping-pong verbal. Il le confesse lui même volontiers : « Je suis un playboy. Un garçon-joueur. Un garçon taquin. » Alors, rassurons ses fans : si Alk putain d’pote raccroche les gants, il y a peu de chances qu’il en perde sa verve pour autant. On en espérait pas moins.
Vidéo réalisée par le légendaire Jonathan Morel. Photos par Antoine Laurent.