C’est avec une joie non dissimulée que la rédaction de SURL a pu écouter en avant-première le premier album de Disclosure. Parce que Disclosure, c’est tout de même le groupe british qui monte férocement, dans un style électro house parfumé de hip-hop et de pop. Après une dizaine de remixes remarqués et remarquables, d’Emeli Sandé, en passant par Janet Jackson et Q-Tip, les 2 frères ont sorti leur premier EP en 2011, Carnival, téléchargé plus de 50 000 fois à travers le monde. Ce n’est pas pour rien si on les avait placé dans notre top 10 des rookies albums les plus attendues de l’année, et nous n’étions pas les seuls by the way.
Un succès qui a permis au duo d’enchaîner en 2012 avec The Face, un EP de 4 titres énergiques, plutôt apprécié par la critique et a permis à Disclosure d’étendre un peu plus sa popularité. Ainsi que son carnet d’adresse. Pour terminer le récap, leur dernier projet en date, Control, sorti début avril, sert en quelque sorte d’entrée avant la sortie de leur masterpiece, Settle, le 3 juin prochain. A quoi doit on s’attendre ? Surtout pas à des remixes. Leur discographie en compte assez. On veut du neuf. On veut voir de quoi est capable le jeune duo anglais.
Après une longue écoute , il est temps de voir en détail ce que vaut cet album. Au-top-sie.
Après une courte intro d’une minute, qui pose les bases rythmiques du projet : je suis accueilli par un mec plutôt excité, avant d’être propulsé dans les feux ardents du morceau « When A Fire Starts To Burn » . Surprise, c’est la voix de l’intro qui pose l’entêtant gimmick de ce morceau clairement orienté dance. Un futur must en boîte de nuit à n’en pas douter. Les 4 minutes 43 du morceau passent comme une lettre à la poste, ce qui est plutôt appréciable. On ne tombe pas dans l’engrenage du répétitif, grâce aux multiples sonorités du morceau, et on passe sans s’en rendre compte au troisième morceau de l’album.
« Latch », en featuring avec Sam Smith, délaisse l’ambiance club exacerbée du début, mais invite naturellement au déhanchement, surtout dans la deuxième partie du morceau. En fait, la voix douce de Sam Smith s’oppose totalement à l’autre dingue du morceau précédent, et contribue à l’ambiance apaisante. C’est un morceau qui pourrait conduire à une effusion d’amour. Après les préliminaires, ces quelques pas de dance, c’est plutôt bien joué. D’ailleurs, « Latch » signifie « gâchette » en français. Je dis ça, je dis rien …
En parlant d’amour, la piste numéro 4 s’intitule « F(all) For You ». Je parie qu’un tas de gens vont tomber raides dingues de ce morceau. La voix du chanteur du groupe s’amourache à merveille de la mélodie très entraînante du morceau. On se surprend à fredonner les paroles du morceau, du moins les parties que l’on capte. Dévoilé la semaine dernière à la radio BBC, ce morceau constitue à mon sens l’incontournable de l’album, le morceau que j’attendais pour pouvoir vraiment entrer dans la matrice.
C’est avec joie que les connaisseurs s’aventureront à l’écoute de la piste 5, le premier single « White Noise » marquée par la présence d’AlunaGeorge. Arrivé dans le game presque en même temps, et faisant partie du même label, il aurait été absurde qu’ils ne collaborent pas ensemble. On retrouve avec plaisir la jolie voix d’Aluna pour accompagner ce banger aux sonorités jouissives (surtout sur la fin, où le synthé fait des merveilles).
En revanche, arrivé à « Defeated No More », je suis plus partagé. La voix d’Ed Macfarlane est sympathique, surtout au refrain. Mais lorsqu’il monte dans les aiguës, j’ai l’impression qu’il force et ça devient moins kiffant. Heureusement que sa voix est étouffée. A part ça, la mélodie est plutôt plaisante, malgré cette longue intro qu’on pourra sauter, au choix. Tu danses dessus un soir de pleine lune dans une boite de nuit désaffectée, quelques grammes d’alcool dans le sang, en compagnie de son coup d’un soir. Roulez jeunesse.
En skippant au morceau « Stimulation »,je commence à percevoir un léger goût d’inachevé, une saveur qui heureusement ne durera pas. Après chacun aura son propre avis, mais ici ça manque de temps fort, comme ça pu être le cas sur les morceaux précédents. A aucun moment on est pris par surprise (sic), la mélodie apparaît vite redondante e j’ai vite fait de passer à autre chose. « Voice » rattrape ce raté, sûrement grâce à la jolie voix de Sasha Keable. Je ne connaissais pas du tout cette jeune anglaise, et franchement c’est une bonne pioche. Rien que sa présence sur le morceau mérite un replay.
Vous suivez toujours ? Pour info, on a légèrement dépassé la moitié de l’album, pour atterrir sur « Second Chance » . Une sorte d’interlude teintée R&B, très court par rapport aux autres titres. Ce son au tempo plus lent aurait gagné à être plus long et à marcher sur les plates bandes de « Grab Her ». Je dois être le seul fou à le penser mais, au risque de devoir éviter une pluie de missiles hostiles, je ne trouve pas le morceau transcendant. Je lâche au bout de deux minutes, direction le single attitré de l’album « You & Me ».
Sur cette son tout juste remixé par Toro Y Moi on retrouve la jeune chanteuse Eliza Doolitle. Dancefloor à souhait. Une boucherie qui a éclaté les 800 000 écoutes sur soundcloud. Même Baauer l’a remixé. D’ailleurs, si la voix de la jolie Eliza est plus aiguë sur le remix, j’ai preque une préférence pour ce dernier. Et vous ?
La fin est proche. Je découvre « January », qui tient la comparaison « Defeated No More ». Le morceau en featuring avec Jamie Woon est meilleur que celui avec le sympathique Ed. Non pas que la voix d’Ed soit saoulante par moment. Enfin, en vrai, si. Avec Jamie Woon, on a l’impression que le chant est naturel et non forcé, c’est ce qui est plus agréable à l’oreille. Vous suivez ?
La comparaison vaut aussi entre voix féminines. Si la voix de Jessie Ware ne vaut pas celle de Sasha Keable, on pourra être séduit par la dimension un peu space de « Confess To Me ». Un morceau qui flirte sur la vague Daft Punk. Disclosure l’avait annoncé en interview de toute façon, leur album aurait un petit parfum de Daft Punk. Comme le duo français, les 2 anglais veulent donner de l’importance aux voix dans leurs productions.
C’est d’ailleurs une voix, celle d’Hannah, la chanteuse du terrible groupe London Grammar – quoi, t’as jamais écouté « Wasting My Young Years » ? – qui conclut ce premier essai. Le morceau « Help Me To Lose My Mind » résonne un peu comme une fin de soirée. Ni trop brusque, ni trop doux. Même si la fin du morceau s’avère assez prématurée et inattendue, au point d’avoir l’impression d’un truc bâcle, ça se laisse réécouter plusieurs fois jusqu’à la fermeture des portes et un repos bien mérité.
Conclusion, que retenir de ce premier album de Disclosure ?
Le duo anglais a su injecter malicieusement des sonorités variées, ce qui est plutôt appréciable puisqu’on a jamais affaire à 2 fois le même morceau tout au long de l’écoute. Même si certaines pistes peuvent être redondantes à la longue, on apprécie l’effort des 2 frangins de vouloir amener toujours plus de nouvelles sonorités, d’inspirations. Bonus aux passages que je risque d’activer régulièrement en soirée. Surtout, ils se sont appuyés sur un tas de nouvelles voix prometteuses. Je pense bien sûr à Sasha Keable. Mais aussi à AlunaGeorge, Hannah et Eliza Doolitle. L’avenir de l’électro-pop anglaise. Enfin, j’ai senti une réelle évolution par rapport aux précédents projets. Il y a plus de chant, moins de voix disséminées ça et là. Dans Settle, le côté dance est plus marqué que dans Carnival, cet harmonieux bordel rempli de House, de Dubstep et de House.
Si vous avez sauté des paragraphes par flemme, je résume en deux mots : une réussite.