Pendant que certains épiaient scrupuleusement le world wide web pour choper des informations sur le nouvel album du fantôme Frank Ocean, d’autres se préparaient, terrés dans l’ombre, à la sortie de la toute première galette de Domo Genesis. C’est que le jeune rappeur s’est fait attendre. Avant Genesis, il était le seul d’Odd Future à n’avoir pas encore étrenné ses talents sur format LP. Avec cet album de 12 tracks, c’est désormais chose faite. Reste maintenant à savoir : que vaut ce premier opus ? On vous dit pourquoi vous ne devriez pas passer à côté.
On avait fini par perdre espoir. Par croire que cet album n’allait jamais arriver. Qu’il n’allait ne rester qu’une simple idée dans l’esprit de son auteur. Surtout qu’on n’avait pas eu de nouvelles de Domo Genesis depuis fort longtemps. Enfin, concernant un éventuel premier opus…Très actif sur Twitter et Instagram, surtout quand il s’agit de balancer des mèmes à tour de bras pour faire marrer la populace, le jeune rappeur a très longtemps gardé le secret sur Genesis.
Jusqu’à ce 4 janvier 2016, où il prend d’assaut Soundcloud avec le puissant morceau « Keep Workin Young Man » et une petite note indiquant que l’album arrive « plus tôt qu’on ne le pense ». Damn. Un nouveau projet de Domo Genesis. Un album qui plus est. Trois mois plus tard, le voici ce fameux projet : si les fans de la première heure ont sûrement comptés les jours jusqu’à la sortie de Genesis, certains sont peut-être passés à côté, par manque d’infos… ou tout simplement parce qu’ils s’en battaient les couilles. Si vous faites partie de ces derniers, vous n’auriez pas dû. Voici pourquoi, en cinq points.
Parce que c’est son premier véritable album
Celui qui se fait appeler « Suavecito » sur Twitter n’a beau avoir que 25 ans, il a déjà un sacré bagage. Sans même parler de ses nombreuses apparitions sur les projets d’Odd Future, et de son album en commun avec Hodgy Beats et Left Brain sous le pseudo Mellowhigh, le rappeur a sorti pas moins de quatre mixtapes en solo. Bien plus que certains rappeurs qui se précipitent pour délivrer un premier opus après un hit pour ne pas perdre leur buzz.
On ne va pas se mentir : souvent, c’est très en deçà des attentes, pour ne pas dire que c’est de la merde. Domo a eu le temps de travailler son projet d’album et de le mûrir en se faisant la main – ou plutôt le flow – sur ses mixtapes, se construisant par ailleurs une solide fanbase et soignant ses relations, se permettant même d’inviter The Alchemist pour une belle tape en commun. Le résultat de ce travail de sape ? Un premier album équilibré, cohérent, qui vaut forcément qu’on y jette une oreille si on a suivi, assidûment ou pas, son parcours avant Genesis.
Parce qu’il a toujours autant la dalle
Ceux qui connaissant Domo Genesis savent que c’est un mort de faim. Il n’a jamais attaqué une instru sans avoir eu l’intention de la bouffer comme si c’était une pièce de boeuf de Kobe. Cette rage derrière un microphone, on ne la retrouve que chez son copain Tyler. Et dans une moindre mesure, chez Hodgy Beats. On ne parle pas forcément des cris de psychopathes dont peut parfois nous gratifier Tyler mais bien de cette dalle qui pousse les meilleurs rappeurs à faire le couplet parfait et à vouloir s’emparer du rap game. Tout les connaisseurs s’accordent à dire que Domo met le feu quand on lui donne l’opportunité d’un couplet. Sans surprise, c’est toujours le cas sur cet album. Ne vous étonnez pas de retrouver votre casque en cendres après l’écoute de Genesis.
Vous pourrez dire ce que vous voulez, faire les groupies de Tyler ou de Earl Sweatshirt dans les commentaires mais au fond de vous, vous savez qu’on a raison. Même si ça n’a pas toujours été ainsi. Quand on demande aux fans d’Odd Future de classer les meilleurs rappeurs du collectif, Earl et Tyler arrivent quasiment toujours en premiers, reléguant les autres et notamment Domo Genesis aux dernières places du classement. Mais ça, c’était il y a trois, quatre ans. Car aujourd’hui, l’écart n’est plus aussi conséquent et il arrive parfois à certains fans de placer Domo Genesis en tête des meilleurs rappeurs du collectif. Alors oui, Young Doms n’a peut-être pas les mêmes facilités pour l’écriture qu’un Earl Sweatshirt mais niveau technique, il le bouffe comme un curly. Et c’est valable aussi pour Tyler, qui n’a jamais caché que le rap n’était pas une passion pour lui. Peut-être qu’elle est là, la clé.
Parce qu’il a des invités de qualité
Le mot d’ordre de cet album c’était « l’émancipation… mais pas trop ». C’est pour ça que l’on retrouve sur Genesis son poto Tyler qui lui délivre un hook délirant et une prod simple mais efficace. Histoire d’éviter que son premier album ne devienne qu’une vitrine à featurings, Domo a choisi de faire le tri parmi ses invités pour ne choisir que ceux qui collent à son univers. C’est pour cela que l’on retrouve des pros de la smoke – Juicy J et Wiz Khalifa – pour des couplets forcément très enfumés mais aussi Mac Miller, avec qui il a fait une tournée très récemment et qui partage aussi son amour pour la marijuana. Les noms de JMSN et sa tendre voix, King Chip le vétéran mais aussi un certain Anderson .Paak, la star du moment, figurent également sur la tracklist du disque.
Sans voler la vedette à un Domo Genesis qui fait étalage de toutes ses qualités sur les morceaux de l’album, les invités répondent présents et sont à la hauteur des attentes suscitées au moment de la sortie de ladite tracklist sur les Internets. Que demander de plus ?
Parce que les prods de l’album sont parfaites
Cette touche un peu old school, c’est un peu ce qui le démarque des autres rappeurs d’Odd Future. Même s’il n’hésite pas à changer parfois de registre, au gré des inspirations de ses compères beatmakers Left Brain et Ace The Creator, il a toujours eu cet amour pour les prods en peu jazzy. Et ce n’est pas la mixtape No Idols, réalisée en collaboration avec The Alchemist, qui nous prouvera le contraire. Ou Under The Influence, qui fait la part belle aux instrus old school. Forcément, pour Genesis, le rappeur a suivi son instinct et n’a pas cherché à réinventer la roue : il s’est entouré des producteurs Christian Rich, Sha Money XL, Sap, et Cam O’bi, entre autres, qui se sont chargés de lui délivrer des prods smooth, empruntes de soul et résolument apaisantes. Ça change des instrus parfois grandiloquentes de Tyler. Domo a toujours eu le nez pour choisir de bons beats, et Genesis en est l’exemple parfait.
Sans être un classique, ce tout premier album de Domo Genesis est une très bonne livraison de celui que beaucoup considère comme le meilleur rappeur d’Odd Future. Bien moins populaire qu’un Tyler, The Creator, qu’un Earl Sweatshirt ou même qu’un Frank Ocean, le rappeur fait la différence par une technique quasi-irréprochable et des prods savoureuse. Si vous êtes passés à côté de cet album, vous savez ce qui vous reste à faire.