Écoute du nouvel EP de Georgio, « À l’abri »

samedi 12 avril 2014, par Julie Green.

Sur le chemin du retour de la péniche La Nouvelle Seine, où se tenait l’écoute exclusive du nouvel EP de Georgio, À l’abri, on ressort en réalité avec une seule déception : celle de ne pas pouvoir sortir avec les neuf titres dans le casque. On l’avait remarqué avec Mon prisme et l’excellent Soleil d’hiver. Du haut de sa petite vingtaine d’années, force est de constater que Georgio poursuit sa petite ascension dans le rap, et s’approche avec À l’abri doucement mais sûrement de la consécration.

Au menu du jour : huit titres, plus un neuvième en bonus, disponible uniquement sur la précommande Itunes. Il s’est une nouvelle fois entouré de ses proches, dont son beatmaker de scène Diabi, qui signe trois des prods sur l’EP, dont l’excellent « Rope a Dope », qui déclenchera le « il tue ! » d’un journaliste dès sa dernière note. Dans la salle, Fonky Flav, son manager, et 2Zer ont aussi fait le déplacement.

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Après avoir fait participer ses fans sur la mixtape gratuite Nouveau Souffle, sur laquelle il leur laissait le choix des prods et de la direction artistique, Georgio persiste et signe puisqu’il les a cette fois ci invité à participer à l’élaboration de la pochette. Résultat : des clichés Instagram inspirés par le titre de l’EP envoyés par des fans des quatre coins de la France. Une pochette assez révélatrice de ce qui semble être le quotidien de Georgio, qui va progressivement se dessiner au fil de l’écoute : le quartier, la galère, les potes qu’on kiffe quand même et la vie qui file toute seule.

On y retrouve aussi ce qui commence doucement à devenir la marque de fabrique du parisien, moitié rappeur, moitié poème humain : une mélancolie rare chez  un gamin de 20 ans (21, en réalité), et une empathie à toute épreuve pour ses semblables, confirmée après une dizaine de minutes d’écoute avec le titre « Le Gardien », sur un concierge d’immeuble transsexuel. La plume de Georgio, incisive et judicieuse, pique là où ça fait mal, ou là où ça fait du bien, on ne sait pas trop. Se diffuse alors dans la petite salle de cinéma qui accueille l’écoute un parfum âpre de vie maussade, « bouffée par l’anxiété », de réveils qui sonnent toujours trop tard, d’un quartier qui tourne en rond et qui n’en finit plus de se regarder crever. Georgio à la rage, mais ne sait en somme pas trop la rage de quoi. La rage d’avoir un cerveau qui tourne peut être un peu plus vite que le quotidien, certainement. La rage de voir, la rage de tout entendre, la rage d’être impuissant, la rage d’aimer, parfois, aussi.

Avec l’optimisme en point de mire, pointée du doigt presque comme un défi, Georgio ne soulève pas trop de questions, préférant regarder, observer, comme un Hugo TSR qui s’ignore, et qui, comme il nous la confié après l’écoute, « tend plutôt à s’en éloigner. » Avec comme cheval de bataille encore et toujours le rap, omniprésent dans tous les textes jusque dans l’ultime hommage d’« A Mi Chemin », présenté comme un titre bonus sur le septième morceau. « Toi et moi c’est loin d’être terminé », rappe Georgio. On l’espère bien. 

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EP A l’Abri de Georgio : sortie le 12 mai.

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