Alors oui, je m’apprête à vous parler d’une exposition qui a lieu à 6000km de Paris, mais la distance ne devrait pas être une raison pour ignorer le travail d’artistes, surtout quand celui-ci vaut plus que le coup d’oeil. En plus, l’expo est ouverte pour encore deux mois, parfait pour ceux d’entre vous qui compte aller faire un tour chez nos amis Québecois cet été.
Alpha-bête: Can’t we all just get ensemble, est une exposition collective, qui marque le retour de la galerie Fresh Paint sur la scène Montréalaise. Après s’être exporté dans un nouveau local, l’espace propose une exposition collective organisée en « chambres », ainsi chaque artiste est maître de son propre espace et crée une certaine intimité en invitant le public à pénétrer dans son petit monde fait de quatre murs. La seule contrainte imposée aux artistes a été de travailler avec la typographie et de réfléchir sur la thématique de la langue au Québec, fait qui engendre des questions politiques majeures chez nos cousins de l’Outre-Atlantique.
Trevor Wheatley, est un artiste Canadien, aujourd’hui basé à Toronto, il a, pour Alpha-bête, puisé dans ses souvenirs et retransmis sa plongée dans une culture bilingue vécue pendant ses études à Montréal. Mixant diverses technique (bois, collage, graffiti) Wheatley met en avant autant ses bons que ses mauvais souvenirs et crée une interaction qui diffère selon la langue maternelle du spectateur.
Né d’un père francophone et d’une mère anglophone, Eric Clément baigne dans cette double culture depuis son enfance, à laquelle vient rapidement s’ajouter la culture Hip Hop ultra présente dans son oeuvre. Marqué par l’importance des mots dans la musique Hip Hop, il retransmet leur impact dans son installation conçue uniquement pour l’exposition. Ses diverses influences sont à l’image du multiculturalisme de la ville de Montréal.
Tout autant plongé dans la culture Hip Hop, que Clément, XRAY s’inspire aussi bien du tatouage, du skateboard que de la culture militaire ou indigène. L’artiste Anglophone utilise la peinture d’enseigne afin d’abolir les frontières entre l’anglais et le français en superposant et unissant des panneaux faisant échos à la culture populaire.
Anglophone installé à Montréal, la question du lettrage prend une place importante dans l’oeuvre qu’Isaac Holland propose pour l’exposition. En partant du préfixe IMP, il réalise un montage de mots identiques dans les deux langues officielles du Canada, permettant ainsi au spectateur, qu’il soit franco ou anglo, d’avoir la même compréhension du travail de l’artiste.
Né en Alberta (province anglophone du Canada), Kirsten McCrea a vécue quelques années à Montréal avant de s’installer à Toronto. Contrairement aux artistes avec qui elle partage l’affiche, l’artiste contourne les problèmes de communications et de langues en réalisant des dessins à grandes échelles, inspirés par les symboles de l’écriture.
HoarKor, est une équipe collaborative composée des deux artistes HOAR et KOR. S’inspirant de la culture Street et Pop, ils travaillent aussi bien la peinture, que la sculpture ou encore l’art numérique. Pour Alpha-bête, ils ont réalisé Braille pas over split milk, une installation qui nous plonge dans la culture des années 60 avec son fameux livreur de lait.
Hispano-Montréalaise, Carolina Espinosa s’est servie de la passion que voue sa fille aux animaux afin d’essayer de susciter chez elle un certain intérêt pour l’alphabet et les lettres. L’enfant grandissant dans un environnement trilingue, l’artiste s’est lancée à la recherche d’animaux dont le nom commence par la même lettre en Anglais, Français et Espagnol. Exit les chiens, chats et vaches habituels. Dans un espace, qui nous rappelle notre chambre d’enfant, l’artiste nous fait découvrir avec ses illustrations, des animaux dont nous ignorions l’existence.