19h30, je suis déjà – et encore – en retard.
Pas volontaire de ma part mais comme beaucoup, mon rapport à la temporalité est très relatif. Je sors donc de chez moi et après m’être tué le genou en sautant le portique du métro, j’entre de justesse dans le dernier wagon. Après un premier changement, je commence à me demander si le j’ai pris la bonne direction pour me rendre à la Bellevilloise, où Freddie Gibbs projette de faire le show ce soir la. Heureusement, à l’instant où les écouteurs de mon voisin font résonner « Lay It down », mes doutes s’évaporent. Après m’être planté trois fois de, je tombe enfin devant la salle de concert.
Alors que j’entre dans la salle, le vigile à l’entrée m’applique sur le poignet un tampon « En passant pécho », ce qui me rappelle que les nouveaux épisodes ne vont pas tarder à arriver. Cool. Je descends alors dans la salle et constate qu’une population dense s’agglutine déjà devant la scène, pendant qu’un DJ motive déjà les troupes à grands coups de classiques rap. Assoiffé par toutes ces aventures, je descends une bière et patiente tranquillement sur le côté en attendant l’arrivée du Lion. Juste le temps de scruter les visages des personnes autour de moi. J’ai toujours trouvé que ce type de concert amenait une population très hétéroclite. Du mec hip hop de la tête au pied à l’étudiant normalien avec le pull en cachemire sur les épaules en passant par la blogueuse mode en recherche de matière pour sa rubrique « Lifestyle », fais ton choix parmi la populace.
Un homme visiblement agité me fait sortir de ma rêverie, s’annonçant comme le DJ perso de Freddie Gibbs. Décidé à faire saigner nos tympans le plus vite possible, il ponctue chacune de ces transitions en nous injectant de crier avec lui : « Fuck The Police ». Bien que je n’aie aucun problème particulier avec les forces de l’ordre, je décide tout de même de l’imiter. Après 20 minutes de set, Freddie Gibbs débarque enfin sur scène. Après un court speech, il enchaine sur un flow hyper rapide a cappella, soutenu par un gros beat. Efficace. Entre classiques et nouveaux morceaux réalisés avec Madlib, FG a ensuite mis le feu à la salle pendant près de deux heures. Il faut dire que le cadre de la Bellevilloise est plutôt taillé pour l’évènement. Pour vous la figurer, elle me fait penser à la salle des battles dans 8 Mile, et laisse même échapper quelques vapeurs de weed. Là encore, efficace.
Le seul reproche au show ? Sa fin un peu abrupte : un dernier son, un merci retour dans les loges. Si bien que je suis resté encore quelques instants un peu hébété devant la scène à attendre en vain le retour du fils prodigue. Mais une fois sorti de la salle et de retour dans le métro, je n’ai pu m’empêcher de me remettre un de ces albums dans les oreilles, ce qui est certainement la preuve que j’ai aimé ce que j’ai vu et entendu ce soir la. Freddie Gibbs a assuré du début à la fin, et c’est pour moi ce à quoi doit ressembler un concert de rap. On reviendra.