Freshmen XXL 2008 – que sont-ils devenus ?

mercredi 9 octobre 2013, par Sylvain Caillé.

Depuis 2008, le célèbre magazine hip-hop américain XXL s’amuse à élire chaque année une sélection non-exhaustive de dix rappeurs en passe de devenir incontournables. Au fil des années, cette sélection a pris de l’ampleur, au point de devenir une référence dans le milieu : les Freshmen Of The Year. Chaque année, ces bleus représentent l’avenir de la nation en terme de rap.

Vu qu’on voulait s’amuser nous aussi, on a analysé les promotions composées entre les années 2008 et 2011, histoire d’effectuer un état des lieux, entre ceux qui ont explosé et ceux qui se sont royalement planté. L’occasion de remettre en perspective la valeur réelle de cette sélection.

XXL2007

Nous sommes en 2008 – techniquement, fin 2007  mais pour simplifier on dira 2008 – et cette année là marque le début des Freshmen Of The Year. Sauf que, première année oblige, le truc ne s’appelle pas encore Freshmen mais Leaders Of The New School. Rien que ça. A travers les portraits des dix protagonistes de cette génération test, nous allons observer pourquoi ont-ils été sélectionnés par le magazine XXL en 2008, et que reste t-il de ces artistes en 2013. Une manière intéressante d’observer et d’analyser l’évolution du rap ces dernières années. Attachez vos ceintures, surprises garanties.

SAIGON08

2008

En 2008, Saigon a les crocs. Après quatre ans de galère sur le label Atlantic Records, l’ex-taulard vient de réussir à s’extirper de son deal avec la maison de disque. Cause du désaccord : Atlantic souhaitait formater commercialement son artiste, chose qui n’a pas du tout plu au principal intéressé. Libéré de ses chaînes, le protégé de Just Blaze va enfin pouvoir lancer pour de bon son premier album – tant attendu depuis sa signature en 2004 – intitulé The Greatest Story Never Told. Un comble pour un projet qui n’a failli jamais voir le jour. Le sauveur du hip-hop ne va plus se contenter d’apparitions dans la série Entourage.

2013

On va pas se mentir, d’un point de vue strictement commercial, la carrière de Saigon pue la défaite. Si sa nomination aux Freshmen XXL s’avère totalement légitime, le MC a galéré sec pour dropper son LP. Après avoir quitté Atlantic Records, il faudra attendre pas moins de quatre ans pour que son disque sorte enfin, en indé. Une attente bien trop longue, même pour un très bon album  et un rappeur super talentueux. Une fan base limitée aux puristes, plus des singles qui datent de perpet (« Come on baby ») ou trop moyens (« Believe it »), forcément ça se traduit par un flop commercial : 20 000 exemplaires vendus aux Etats Unis en un mois. Pour comparer, à la même époque, Nolwenn Leroy avait déjà vendu 300 000 copies de sa bouse en France. Une claque pour le rappeur, qui s’entêtera tout de même en lâchant The Greatest Story Never Told Chapter 2 un an plus tard. On attend la suite pour 2014, sans grand espoir.

Résultat : Failed

Saigon, l’exemple type du mec talentueux passé à côté de la gloire à cause de quelques mauvais choix, de beefs malvenus et un paquet de malchance. Au moins, il reste vrai.

LILBOOSIE

2008

Boosie est un talent précoce, straight from da hood. Comparé parfois à Tupac, il a gravi les échelons un à un, en commençant par se faire connaître dans sa ville natale de Bâton-Rouge en 2000, à l’âge de 18 ans. Réelle légende urbaine aux Etats-Unis, Boosie domine la street en 2008, avec trois albums au compteur –deux en indé et un major. Le phénomène est tel qu’il a créé son propre label : Bad Azz Entertainement. Bref, à l’époque tout va bien pour le rappeur malgré quelques problèmes de justice, qui malheureusement commencent à devenir récurrents. Sa sélection en tant que freshmen est amplement méritée.

2013

Cinq ans plus tard, Boosie croupit en prison. Impliqué dans diverses affaires de trafic de drogue et de récidives, le prodige de la rue prend huit ans de taule en 2011. Frolant la peine de mort suite à une accusation de meurtre au premier degré, il est finalement blanchi en 2012. Rattrapé par la rue, le rappeur n’a pour le moment pas eu véritablement l’occasion d’exploser au niveau national, entravé sans cesse par ses problèmes judiciaires. Incarcerated, son dernier album sorti en 2010, s’est tout de même écoulé à plus de 150 000 exemplaires aux States. Boosie garde une forte aura dans l’esprit des américains, que ça soit parmi ses collègues qui n’hésitent pas à ponctuer leurs ad-libs de « Free Boosie », ou les gens de sa région qui apprécient son implication auprès de la communauté. Cerise sur le gâteau, il se murmure qu’il pourrait sortir prématurément de prison pour bonne conduite et obtention du G.E.D, l’équivalent d’un certificat de fin d’études secondaires. Le retour de Lil Boosie est proche, demande à Rick Ross. « I’m a put a bag on the table for that boy…You never know » a déjà annoncé Rozay. Wale prépare sa relégation en Ligue 2.

Résultat : Passed

Malgré ses problèmes de justice, Lil Boosie s’est construit une très forte notoriété dans son ghetto et au delà. Son retour ne passera pas inaperçu, même s’il se laisse vampiriser par le MMG. Certainement un des meilleurs freshmen de sa génération.

PAPOOSE

2008

1,5 millions de dollars. C’est le montant du deal signé par Papoose chez Jive Records en 2006. Une belle somme d’argent justifiée par la douzaine de mixtapes que le l’Alphabetical Slaughter a sorti entre 2004 et 2006, son couplet dévastateur sur le remix de « Touch It », plus son statut d’ex best kept secret du rap new-yorkais soutenu par DJ Kayslay. Le plus beau dans cette histoire ? C’est qu’en 2007, le rappeur quitte le label sans pondre aucun album, mais le million et demi en poche. La source du divorce  : une discorde entre l’emcee et le département artistique du label, classique. Au final Papoose s’en tire plutôt bien et le buzz du montant élevé de son deal lui permettra d’apparaître parmi les freshmen.

2013

Alors cinq ans après, ou en est Papoose ? Le rappeur de Brooklyn vient de sortir sa chimère en mars dernier : The Nacirema Dream. Dessus, on y retrouve de grosses pointures telles que DJ Premier, Mobb Deep, Jadakiss et dans un autre genre, Erykah Badu. Pas suffisant pour taper des records dans les charts : à sa deuxième semaine de commercialisation, le LP plafonne à … 8 400 copies distribuées. Pas étonnant, on a attendu ce LP presque plus longtemps que Detox. Mis à part ça, pas grand chose à se mettre sous la dent. Le type a vraiment laissé passer le train du succès. S’il tente de remettre son blaze dans les discussions par tous les moyens, genre répondre au « Control » de Kendrick Lamar, son nom ne circule plus et ça ne risque pas vraiment de changer. Il peut consacrer son temps libre à consoler sa douce prisonnière Remy Ma.

 Résultat : Failed

Après avoir signé un super deal, le MC s’est effondré. Après avoir vidé tout son sac de jeux de mots subtils et punchlines fruitées en 5/6 mixtapes, il s’est retrouvé à sec avant son LP, essayant de compenser en dissant à tout va, d’Uncle Murda à 50 Cent. Mauvais choix. Aujourd’hui, lui seul pense encore rester hot. Très bon rappeur, de freestyle.

RICH BOY

2008

A cette époque Rich Boy touche le top. Propulsé sur le devant de la scène par le surpuissant single « Throw Some D’s » cuisiné par Polow Da Don, son album sorti en 2007 cartonne au niveau des ventes : on comptabilise à ce jour environ 350 000 copies distribuées, dont 112 000 dès la première semaine. De quoi faire tilter XXL Mag, qui choisira le rappeur provenant d’Alabama pour rejoindre sa première génération de freshmen.

2013

Alerte enlèvement. Rich Boy n’est plus que l’ombre de lui-même. Si son premier disque avait éclaté les charts, il aura fallu attendre six ans et quelques bonnes mixtapes pour voir apparaître le second, sorti en avril dernier. Celui-ci s’est bouclé par un bide total, à tel point qu’il est presque impossible de trouver des chiffres de ventes sur internet. Une situation qui met en exergue sa nomination anecdotique parmi les freshmen. De plus, en 2009, Rich Boy s’est vu impliqué avec son frère dans une histoire de fusillade datant de 2005. Il s’en tire avec une amende de 337.500 dollars, alors que son frangin écope d’une peine de dix ans de prison. Pas facile la vie de rappeur éphémère.

Résultat : Failed

Parti aussi vite qu’il est arrivé, Rich Boy n’aura jamais réussi à s’imposer sur le long terme dans le rap game. Il semble aujourd’hui condamné à survivre des restes de son single phare, à moins que son procès ne l’ait déjà ruiné…

YOUNGDRO

2008

Après un premier album sorti en 2006 et une signature sur le label de T.I. Grand Hustle, Young Dro semble bien lancé dans l’univers du rap. Son tube « Shoulder Lean » a défoncé les charts à coup de 500.000 singles vendus, tandis que son disque Best Thang Smokin’ a plutôt bien marché avec plus de 150.000 CD écoulés en deux semaines. XXL ne pouvait pas passer à côté de cette occasion et sélectionne le MC d’Atlanta dans sa dream team.

2013

A défaut de rechercher la lumière, le preppy boy marche dans les pas de son général T.I. L’équivalent d’un Memphis Bleek auprès de Jay Z, en version preppy sudiste. Dro gère tranquillement ses apparitions dans les clips, intervient en featuring ici ou là et sort une mixtape quand ça lui chante. Une ambition modeste jusqu’à présent, mais l’animal reprend du poil de la bête. Un second LP le 15 octobre, High Times, déjà propulsé par un single qui approche les 2 millions de vues sur Youtube, mais aussi une présence récurrente sur la compilation du label Grand Hustle qui ne va plus tarder à paraître.

Résultat : Passed

Pas gourmand, Young Dro patiente en traînant avec les bonnes personnes et reste fidèle à son pote Clifford Harris. Il pourait passer près du fail, mais on attend le réveil sur cette fin d’année, mieux vaut tard que jamais.

PLIES

2008

En 2008, Plies traîne avec les pointures du featuring : T-Pain, Akon, Khaled ou encore Ne-Yo. Le rappeur de Floride vient de sortir sa première galette The Real Testament et les choses se passent plutôt bien : alors que l’album vient d’être certifié gold, Plies remet le couvert non pas une mais deux fois. Ainsi en 2008 on a le droit à Definition Of Real en juin – qui vendra aussi plus de 500.000 exemplaires – et Da REAList en décembre. Le gars est chaud. Il n’en fallait pas moins pour qu’il se retrouve au milieu de cette clique XXL.

2013

C’est vrai qu’en 2013 on entend plus trop parler de Plies. Pourtant le MC de 37 ans est toujours dans la place. Ok, son quatrième projet Goon Affiliated sorti en 2010 était bien pourri, un peu comme ses autres albums mais sans vrai hit. Mais rappelons quand même que le type a vendu plus d’1,8 millions d’albums et qu’il a accumulé deux singles mention gold et un platinium, le tout en 3 ans seulement. De quoi créer des jaloux dans le rap game. Et ce n’est pas tout ! Un cinquième LP est programmé pour l’année 2013. On peut donc dire que Plies reste d’actualité, bien qu’il ne fasse pas spécialement parti de nos coups de cœurs.

Résultat : Passed

Ca me fait mal de l’admettre, mais Plies a bien géré son affaire. Son compte en banque est rempli – c’est le freshmen qui a le plus vendu toute promotion comprise – et il a publié trois albums depuis sa nomination en tant que freshmen. Enfin, impossible de recaler le type à l’origine de « Bust it Baby Pt 2 », le truc qui a circulé dans tous les Etats de l’Amérique pendant un paquet de temps.

ORTIZ

2008

Joell Ortiz, taulier de ce contingent de rappeurs underground stylé n’est absolument pas formaté pour la radio. Reconnu par ses pairs comme étant un super MC, il vient de lancer son premier LP The Brick: Bodega Chronicles sous Koch Records, bien qu’il soit signé sur Aftermath. Découvert en 2005 via la soundtrack de NBA Live 2005 et son titre « Mean Business« , il profite allègrement de l’aura d’Aftermath Entertainment pour se hisser dans la première génération des freshmen.

2013

En solo, Ortiz a bouffé son pain noir. Après être devenu freshmen, il quitte Aftermath, s’engage avec E1 et doit attendre quatre ans pour son second projet Free Agent, qui soit dit en passant n’aura pas non plus rencontré un franc succès commercial. Sa carrière prend un autre tournant en 2009 quand il décide de former le groupe Slaughterhouse en compagnie de Joe Budden, Crooked I et Royce Da 5’9″, autres parias du circuit. Une idée salvatrice qui aura le mérite de relancer les quatre MC : en 2011 le crew signe chez Shady Records après avoir passé deux années chez E1. Leur deuxième album s’est d’ailleurs écoulé à plus de 150.000 exemplaires. Comme quoi, signer chez Eminem, ça rapporte. Une aubaine pour Joell Ortiz qui rejoindra également Shady Records en solo. A ce jour on attend sa troisième livraison mais on peut déjà imaginer qu’elle aura plus de réussite que les précédentes maintenant que le MC s’est stabilisé.

Résultat : Dur à déterminer

Ortiz n’est pas taillé pour vendre des centaines de milliers d’album. C’est un bon rappeur dont la valeur boursière a gonflé grâce à Dre, avant que le docteur n’en fasse une de ses victimes supplémentaires (Bishop Lamont, si tu m’entends). Au final, on peut se demander si sa sélection en 2008 est légitime. Allez on est pas vache, on accorde un demi passed.

LUPE

2008

Lupe Fiasco, certainement le choix le plus cheaté d’XXL magazine. En 2008, le bonhomme se place largement en avance sur ses petits camarades. Au compteur, deux albums tonitruants, dont un Food & Liquor qu’on pourrait presque affubler du titre de classique. Lupe cartonne déjà, que ce soit en radio ou dans les charts. Ses deux LP se sont distribués à plus de 500.000 copies et le monde du rap s’est épris de ce rappeur atypique. Petit prince du peura, il atterrit sur les épaule de Pharrell ou Kanye West. Un monstre en puissance, promis à un grand avenir.

2013

Soyons honnêtes, si Lupe Fiasco a réussi à nous enflammer lors de ses débuts, il est évident que le MC a énormément déçu depuis. A l’origine de cette désillusion, son troisième solo Lasers. Une bouse odieuse sans nom qui contient son lot de featurings en carton. Le pire dans tout ça ? C’est que le rappeur a clashé son bébé avant même sa sortie, accusant son label de l’avoir orienté mainstream. Un label du nom de… Atlantic Records. Saigon likes this. Notez que la daube s’est tout de même écoulée à plus de 500.000 exemplaires, façon Tha Carter 4. Rancunier, Fiasco annonce d’emblée un nouveau disque à venir pour 2012 et pas des moindres : la suite de Food & Liquor, intitulée Food & Liquor II : The Great American Rap Album. De Great, il n’y aura que le nom. Même si le revirement artistique est louable – c’est toujours mieux que Lasers -, le LP fait pâle figure à côté de The Cool et de F&L. Le public, paumé, ne s’y trompe pas et l’album ne dépasse pas les 200.000 exemplaires vendus. Sa nouvelle image de rebelle qui insulte Obama de terroriste et de tueurs d’enfants passe mal auprès du grand public ricain. Heureusement pour sa côte de popularité, il compense avec un « Bad Bitch » qui fustige le rap trop violent proposé aux jeunes. Alors que vaut vraiment Lupe Fiasco à cette heure-ci ? Difficile à dire, si ce n’est qu’on sait qu’il est capable du pire, comme du meilleur.

Résultat : Passed

XXL l’a joué petit bras sur ce coup là. Lors de sa sélection, il courrait bien en avance sur les autres, avant d’être rattrapé en raison d’un monumental passage à vide. On espère juste pour lui et nos oreilles que ses prochaines sorties seront à la hauteur.

CROOKEDI

2008

Dans le business depuis 1995, Crooked I cumule déjà treize ans d’expérience à ce moment. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il traîne quelques casseroles derrière lui. Après un départ précoce, le MC a beaucoup galéré. Il signe un deal avec Death Row en 1999, malheureusement peu concluant : mis à part certaines apparitions dans des compilations, aucun album ne sort suite à un problème avec le label. Crooked décide donc de voler de ses propres ailes en créant Dynasty Entertainment en 2004. Rebelote : les problèmes reviennent avec Death Row et aucun album ne voit le jour. Vexé, Crooked I lance sa Hip-Hop Weekly Era, sorte de série hebdomadaire interactive qui lui procurera enfin un peu de succès bien mérité. Flairant le buzz, XXL se jette sur l’artiste pour le nommer freshmen. Enfin ?

2013

Vous ne devinerez jamais quoi : en 2013, Crooked I a enfin lâché son premier album studio. Depuis le temps qu’il attendait et qu’il devait passer sa frustration sur mixtapes, featurings et compilations. Mais ce serait un peu bâtard de réduire le rappeur à ce seul LP. Comme son compère Joell Ortiz, Crooked I représente un quart du groupe Slaughterhouse depuis 2009. Enfin une activité qui lui permet de tout donner en studio. Comme pour son collègue porto ricain, ce groupe fait beaucoup de bien à sa carrière. L’union fait la force, surtout dans le rap.

Résultat : Failed

Reconnu par ses pairs et le public comme un MC hyper doué et technique, sûrement le plus talentueux de l’Abattoir, Crooked I a toujours galéré avec les maisons de disques, si bien qu’il a du attendre une quinzaine d’année pour sortir son premier album studio. S’il a surmonté le plus dur en s’associant avec ses potes d’infortune, le gars est né en 1978 quand même. Pourquoi donc un rappeur si brillant n’intéresse-t-il pas le public ? La réponse squatte un tas de forums, je te laisse juger : he has no swag.

GORILLAZOE

2008

Tout frais de son premier projet produit par Diddy, le singe vient de sortir du zoo. Ou plutôt il t’y invite : Welcome to the Zoo s’écoule à 35 000 exemplaires la première semaine, soutenu par quelques productions sauvages d’un Drumma Boy au top de sa forme. Un Gorilla Zoe auréolé de son intégration au Boyz N Da Hood à la place d’un Young Jeezy décidé à tout péter en solo. Yung Joc le fait donc croquer sur le pétillant « Coffee Shop » . Hop, un gros carton qui le dirige tranquille vers la couverture de XXL.

2013

I’m lost on a road Don’t know which way to go. En cultivant une facette de chanteur vocodé quelque part entre Kid Cudi et Future avant l’heure, le trappeur d’Atlanta nous a pris de court sur son album sophomore Don’t Feed Da Animals. Un essai qui a tenu les 30 000 ventes first week et dépassé la barre des 130 000 ventes au final mais a divisé son public, décontenançant ceux qui attendait une imitation du Snowman. Un projet trop mésestimé, des Drumma Boy et Zaytoven trop en avance sur leur temps. Un Gorille plus difficile à défendre sur le troisième LP King Kong, alors épris de la vague Euro-Club qui déferlait sur le pays.  Avec  10 000 copies écoulées en première semaine, c’est faiblard compare à ses précédents chiffres. Mais si je te dis que c’est deux fois plus que ce que sortaient Killer Mike et Jadakiss au même moment ? Par contre, on attend toujours l’album en groupe Back N Da Hood. Ah tiens, il devient quoi Yung Joc ?

Résultat : Passed

Le mec tient son public, suffit de regarder les scores de sa mixtape Gorilla Zoe World sur DatPiff pour s’en assurer : + 180 000 vues, + 50 000 téléchargements. S’il se fait plus discret, Gorilla Zoe a quand même sorti trois LP et une ribambelle de mixtapes. D’ailleurs, comment basher un gars qui a lâché 28 mixtapes en 28 jours au mois de février 2010 ? Madness.

Bilan

Que dire de cette première génération de freshmen ? Je ne vais pas tourner autour du pot, cette promotion est certainement l’une des moins bonnes depuis sa création. Intrinsèquement, il y a beaucoup de qualité au mic. Mais si on s’en tient aux critères de sélection du magazine XXL – c’est à dire des artistes sur le point d’exploser -, on est totalement à côté de la plaque. Une bonne partie des rappeurs choisis pour l’année 2008 ne sont plus d’actualité en 2013. Un signe fort envoyé par l’univers du rap qui nous prouve que le plus dur ce n’est pas d’arriver dans le milieu, mais bien d’y rester. Car aujourd’hui, mis à part Lupe Fiasco ou Plies, qui peut se targuer de vendre encore des centaines de milliers d’albums ? Et que dire de ceux à qui on promettait la gloire en 2008 et qui ont du attendre 2013 pour sortir leur premier album suite à des problèmes de label ?

Il faut reconnaître que XXL s’est un peu planté à leur sujet. Non pas parce qu’ils n’étaient pas bon, mais tout simplement car ils n’étaient pas taillés pour le costume dessiné par le magazine américain. Un costume trois pièces qui nécessite une certaine notoriété et une forte fan base. XXL ne s’y trompera pas deux fois puisque les rappeurs choisis l’année suivante n’auront absolument pas le même profil que ceux de la première génération. On louera tout de même l’initiative novatrice du magazine, qui est devenu aujourd’hui une référence dans le milieu et qui offre aux heureux élus une sacrée couverture médiatique.

Article co-rédigé avec la bienveillance de Joackim Le Goff.

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