Le High Line Park de New York, qui serpente à travers différents quartiers du Manhattan’s West Side, est une parfaite illustration du phénomène de gentrification. Une partie du parc traverse notamment le très bobo Chelsea, repaire des artistes et galeristes les plus branchés de la ville. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi.
Aujourd’hui envahi par les stilettos et les limousines, le Meat Pack District a été pendant de longues années un territoire occupé par des hordes de chats sauvages, un lieu de prostitution, deal de crack, et autres règlements de comptes entre bandes rivales. Mais en plus de cette délinquance ordinaire, les abords du parc étaient le théâtre d’une activité artistique foisonnante et underground, et le terrain de jeu de nombreux crews de graffeurs. C’est là, par exemple, que le street artist Revs, adepte du graffiti en métal, a fait ses armes.
Mais quand la ville a voulu se réapproprier cet espace unique de créativité, les installations artistiques ont été détruites et les graffitis ont disparu sous des couches de peinture fraîche. Souhaitant garder une trace factice d’un passé authentique, les autorités ont alors fait appel à Damian Ortega, artiste contemporain mexicain de renommée mondiale qui a exposé notamment au centre Pompidou et au musée Guggenheim, pour créer… des sculptures de graffiti en métal.
Exactement comme celles de Revs, pourtant détruites par ces mêmes autorités. Elles auraient pu, plus simplement, préserver les installations originales de l’artiste ou lui en commander de nouvelles. Mais Revs, attaché à sa liberté artistique et à son étiquette underground, aurait sans doute refusé.
Ironie du sort, certaines oeuvres de Ortega imitant les tags de Revs en sont déjà recouvertes. Comme la nature, le graffiti reprend toujours ses droits.