Rocambolesque fut cette aventure Tchèque. Pendant près de trois jours, entre rencontres improbables et situations insolites, le festival Hip Hop Kemp fut la grosse aventure de l’été 2015. Retour en images sur un trip fou.
« Check les tchèques », disait Pumpkin à propos du festival. Cette injonction prit tout son sens une fois sur place. Débarqués le 17 août à Hradec Králové aux alentours de 3h du matin, nous fîmes un tour des horizons et une journée à Prague avant de se plonger dans les entrailles du Hip Hop Kemp 2015, du 20 au 22 août. Un trip qui nous fit traverser les territoires français, allemands et tchèques, pour une belle dose de péripéties et de découverte.
L’expérience fut marquante. Trois jours entièrement immergés dans un improbable mélange humain et artistique. Des vannes incessantes de Big Shug et Lil’ Dap (Group Home) sur ma supposée ressemblance à l’ex-catcheur Kamala (check la photo 40) aux histoires foncièrement drôles de Mykill Miers, en passant par des photos prises avec des festivaliers enthousiastes me prenant pour un rappeur américain et/ou le fils de Jeru The Damaja (a cause d’un canular de Shug et Dap), vision et audition furent copieusement servis lors de ce week-end festif.
Suite à un mélange de quiproquos, de discrimination positive (merci mon bronzage et mon format XXXL) et de rencontres fortuites, de nombreuses portes furent ouvertes durant ces trois jours. Ce qui nous amena, avec Paul, le comparse photgraphe, à profiter des shows de Dilated Peoples, Joey Bada$$, Yelawolf, HD Been Dope, Mykill Miers, Reverie, Akua Naru, Gang Starr Foundation, PRhyme (DJ Premier & Royce da 5’9″), Ghostface Killah, Homeboy Sandman, Mobb Deep, Figub Brazlevic et consorts, des deux cotés de la scène. Avec un tel cadre proposé et un tel lineup, l’énergie déployée fut tout autre que ce l’on a pu voir ailleurs. Un peu normal face à une foule encore plus calée que les archives de Rap Genius.
La principale surprise de ce séjour fut la quasi-absence de Français sur place, hormis Pumpkin, Vin’S da Cuero et a Cat Called FRITZ, DJ Maltfunk, Dipiz et le groupe avec lequel Paul et moi sommes venus, aucun frenchie n’était présent, malgré la forte influence du rap français dans ces contrées et la présence de classiques hexagonaux dans les stands de disquaires.
Compatriotes ou pas, nous avons tout de même multiplié les rencontres cocasses en trois jours. Petite liste non-exhaustive :
. Le fan absolu du Wu capable de rapper en entier, sans accroc et à la suite, des classiques tels que « Protect Ya Neck », « Ain’t Nuthin Ta F*ck Wit », en se faisant backer par Ghostface lui-même devant des dizaines de milliers de personnes.
. Le gars qui se fit tatouer Living Proof de Group Home en expliquant à Lil Dap, larmes aux yeux, à quel point ce groupe à changé sa vie ainsi que son séjour de plusieurs années à Brownsville, effectué dans le seul but de vivre de l’intérieur le quotidien des noms qui l’ont tant influencé.
. Un mélange improbable de poseurs en quête de street credibilité – qui prirent tous les blacks au format XXXL pour des rappeurs US, de diggers passionnés et d’enthousiastes au courant de faits confidentiels dans le monde rap.
. La groupie (probablement en pleine ovulation) avec la volonté affichée de se faire un artiste au hasard et qui voyait les backtages comme une sorte de terre promise.
. Le mec muni d’un ananas (!) qui sauta, au sens propre, sur staff et artistes, à la fin du show de Mobb Deep, depuis le toit des loges, mais aussitôt intercepté par les vigiles.
. Des européens (Polonais, Allemands, Slovaques) venus soutenir leur scène, tels des VRP en déplacement afin de soutenir la crème de la production locale.
Alors que l’appellation « festival hip-hop » à travers le monde sombre dans le galvaudage, au même titre que la coutellerie Laguiole et les « freestyles » radio à base de textes pré-écrits, le Hip Hop Kemp à Hradec Králové se place définitivement en best kept secret des festivités dédiées aux cultures urbaines. Oh, et des mecs bizarres qui font du base jumping en ananas.
Davantage de photos de l’événement sur le Flickr de Paul Bourdrel.