40 millions – c’est le nombre d’albums vendus par Steely Dan. Une broutille comparée aux poids lourds des charts (certains ont vendu autant de galettes avec un seul album), ce qui n’a pas empêché le groupe d’essaimer son influence un peu partout dès ses débuts dans les années 70. Groupe inclassable, tâtant aussi bien du jazz ou de la pop FM que des sonorités plus électriques, Steely Dan faisait finalement de la musique qui ne ressemblait à aucune autre. Et si on en parle au passé, c’est aussi parce que l’un des deux membres fondateurs du groupe, Walter Becker, est décédé hier – même si le second, Donald Fagen, assure vouloir continuer à jouer la musique de Steely Dan en concert aussi longtemps que possible.
Repris ou samplé par des artistes de tous horizons (au hasard : les Strokes, Toto ou Herbie Hancock), Steely Dan ne pouvait pas laisser le monde du rap indifférent. Et nombre de leurs morceaux ont de fait été samplés par des rappeurs d’un peu partout. Tour d’horizon en cinq morceaux essentiels.
Comme nous, vous êtes sans doute tombé sur le track de Yeezy des tonnes de fois en 2007 et dans les années qui ont suivi. Et comme nous, vous ignoriez probablement que le futur M. Kardashian samplait ici Steely Dan, en l’occurrence « Kid Charlemagne« , l’un des morceaux les plus connus du groupe. Narrant l’histoire rocambolesque d’un dealer de drogue de la côte Est dans les années 70, le morceau abordait presque des thématiques hip-hop avant l’heure. Ici le « Did you realize, that you were a champion in their eyes ? » devient un prétexte à l’ego-trip rutilant du Kanye époque Graduation.
Là encore, on tient un authentique tube, extrait de cet album quasi-parfait qu’est 3 Feet High and Rising. Prenant comme base la chanson d’amour « Peg« , le groupe new-yorkais en fait un hymne siffloté et entêtant. Et le rapprochement ne s’arrête pas là : comme Steely Dan, De La Soul aura tracé son bonhomme de chemin assez unique dans l’industrie musicale. Et comme Fagen et Becker, les trois compères sont particulièrement adeptes de textes ironiques et faussement légers.
Après Chicago et NY, direction le soleil de la côte Ouest, pas en reste non plus quant à l’influence « steely-danienne ». Et c’est cette fois l’insubmersible O’Shea qui s’y colle avec « Don’t Trust ‘Em ». « Ne leur fais pas confiance« , ça aurait d’ailleurs pu être le titre de l’album The Royal Scam – dont le titre « Green Earrings« , à l’origine de la boucle ici utilisée, est tiré –, paroxysme du cynisme et du désenchantement qui affecta le groupe, lequel sortit l’album en pleines années Vietnam et Watergate. Un album semble-t-il apprécié de Cube, puisqu’il en samplera un autre morceau le temps d’une publicité pour la boisson St. Ides Malt Liquor.
Le vilain masqué le plus connu du rap aura lui aussi pioché du côté de chez Steely Dan pour trouver des écrins à son flow, en l’occurrence leur titre « Aja » (influencé par des sonorités exotiques, puisqu’à prononcer « Asia »), tiré de l’album du même nom, et qui constitue sans doute ce que le groupe a fait de plus jazzy. Un thème smooth brillant que Doom se réapproprie sans mal sur son opus classique Operation: Doomsday paru en 1999.
A lire cet article, on pourrait croire que seuls les darons ont écouté et incorporé Steely Dan à leur musique. Ce qui est loin d’être le cas, puisque le plus célèbre stoner de Pittsburgh a lui aussi samplé le groupe, avec son titre « Old Chanel », basé sur le morceau « Josie« . L’instru qui en découle, classieuse et rocailleuse à la fois, est signée The BMMB. Une preuve de plus de l’importance séminale du groupe sur la scène rap.