Chill Bump est un duo made in France qui rappe en anglais et creuse son trou dans le paysage artistique. Un tandem composé de Miscellaneous au microphone et Bankal aux platines, champion IDA 2010 et vice-champion DMC 2010. Deux amoureux des vinyles et des samples à l’ancienne, mais qui parviennent à ajouter une touche de modernité qui évite à leur musique de sentir la naphtaline. Après avoir géré la première partie de Wax Tailor et de C2C, le groupe est actuellement en tournée et prépare leur premier album.
Il fallait donc que SURL s’entretienne avec les deux guys, histoire de connaitre les influences et aspirations de ces figures atypiques du mouvement Hip-Hop.
SURL : Hello, on commence avec une brève présentation de Chill Bump et de chacun de vous ?
Bankal : Alors, Bankal, disc-jockey, scratcher, beat-boxer sous la douche et surtout roux à lunettes.
Miscellaneous : Quand à moi c’est Miscellaneous, avec un petit accent anglais et anglophone que je me vois assumer car je suis né de l’autre côté de la Manche et je vis actuellement à Tours. Chill Bump, c’est donc un groupe de rap anglophone qui aime les samples et les flow chaloupés, versatiles et chamarrés, ainsi que les flows de chamois.
Pouvez-vous nous parler de votre actualité ?
Miscellaneous : En ce moment c’est le remix de C2C : ils ont fait un concours pour remixer le titre «Happy», qui se déroule jusqu’au 13 mai, on a posté notre remix dimanche dernier. Voila pour l’actualité vraiment chaude. Par la suite ça va être des concerts, la Cigale le 25 mai et pas mal d’autre concerts sur juin et juillet. On prépare un album en ce moment et on bosse actuellement sur les nouveaux morceaux. Donc on a encore pas mal de taf !
Je pense qu’aujourd’hui j’aurais plus ma place dans le rap français qu’il y a dix ans
En ce qui concerne C2C, que pensez vous de l’impact qu’ils ont eu sur le public ?
Bankal : D’un point de vue de scratcheur je trouve cela très bien car ils sont parvenu, selon moi, à faire découvrir la discipline de «scratch music». Ils ont réussi à faire connaître cela à un grand public. Après, on espère que le grand public aura envie de s’intéresser à cela et d’aller voir ce qu’il y a plus loin. Mais on est évidemment content pour eux et, pour avoir fait deux fois leur première partie, on a pu les rencontrer et échanger avec eux : ce sont des gars super sympas, donc on ne peut leur souhaiter que du succès.
Des raisons particulières à l’usage de la langue de Shakespeare dans vos textes ?
Miscellaneous : Excepté le fait que je sois anglais et que je sois arrivé en France à 13 ans, en débarquant en France j’ai commencé à rapper en français, car le rap français était à son summum. Ca m’a beaucoup plus mais j’avais une manière d’écrire et même de rapper qui sonnait très anglophone. Je pense qu’aujourd’hui j’aurais plus ma place dans le rap français qu’il y a dix ans : je faisais beaucoup de recherche de la rime multi-syllabique, ce que font tout les gamins aujourd’hui. Mais à l’époque ça ne se faisait pas vraiment, ce n’était pas ça la tendance, donc il y avait toujours un truc étrange dans ma manière de faire et on me l’a souvent dit. Du coup j’ai décidé de faire les choses en anglais sans réfléchir. Ce qui est bien avec l’anglais c’est que ça permet de traverser les frontières plus facilement. Et ça fait plaisir de recevoir des critiques d’un petit peu partout – des polonais, des allemands, des américains – sur ce que l’on dit, sur nos lyrics.
Dans vos morceaux une grande place est laissé au scratch, c’est un déformation professionnelle pour toi Bankal ?
Bankal : Bien sûr mais cela fait aussi partie du rap que l’on aime et que l’on écoute. Dans beaucoup d’albums rap, il y a ce temps de parole qui est laissé aux platines, même si peut être moins maintenant, mais il y en avait beaucoup fin des années 90 début 2000. Il y avait des interludes juste avec du scratch. Mais aussi par le biais d’artistes tel que DJ Shadow, qui pour le coup ne fait quasiment que de l’instru avec des phases de scratch et de collage sonore, cela fait évidemment partie de nos influences. En ce qui concerne les championnats, j’ai toujours aimé le côté soliste du scratch qui se rapproche un petit peu du guitariste qui tape un solo sur sa guitare électrique… J’ai toujours aimé ce côté la donc ça doit ressortir naturellement, en tout cas si tu l’as remarqué ça doit être ça ! (rires)
Des rappeurs français qui vous parlent ?
Miscellaneous : Evidemment on aime bien les anciens, Oxmo, IAM, NTM. On affectionne aussi le Saïan Supa Crew car ça ouvre à pas mal d’autre trucs aussi.
Vous pensez quoi du renouveau actuel du rap américain ?
Miscellaneous : On aime bien écouté ce que fait cette nouvelle vague, on est des fans de Kendrick Lamar : à lui tout seul il révolutionne pas mal le genre. Sinon il y a pas mal de nouveaux gars que l’on aime bien comme Action Bronson, Danny Brown, on aime beaucoup Black Milk aussi.
Bankal : Tyler aussi forcément, on ne peut pas l’oublier lui ! Mais il y en a un qui mérite des claques, c’est notre ami Yelawolf qui est ultra doué et qui n’arrive pas selon moi à concrétiser. Il pourrait faire beaucoup, beaucoup mieux.
Miscellaneous : Soit il a vraiment mauvais goût (rires) car l’album est vraiment pourri, soit c’est triste pour lui car il est bourré de talent. On est aussi très fan de la clique «Strange Music» avec Tech N9ne, Ces Cru ou Rittz.
Bankal : Donc, oui c’est vraiment plaisant ce renouveau qui s’opère depuis quelques années, depuis deux, trois ans quoi, ça fait du bien aux oreilles !
Miscellaneous : Ce qui est agréable, c’est qu’il y a pas mal de gars qui respectent les traditions, mettons Action Bronson, c’est très «classique» et finalement tout s’entremêle bien.
Des idées pour vos prochaines collaborations ?
Bankal : Pour l’instant on se concentre sur notre album, en terme de collaboration on est pas contre, après on a certaines idées de morceaux avec des artistes de Tours qui sont en cours. On a également pas mal de demandes via Internet, Twitter et on a des idées nous aussi en tête, mais rien de concret pour l’instant.
Miscellaneous : Ouais, rien de concret mais j’aurai tendance à préferer une collaboration qui se fait d’elle-même, via une rencontre, que le courant passe bien. Plutôt que un mec qui te contacte sur internet à base de «J’aime bien ce que tu fais, écoute ce que je fais, vas-y on fait un morceau». Je pense que c’est forcément plus riche si il y a un partage à la base, un partage humain avant même de faire de la musique.
Alors si vos oreilles ont été ravis par ce petit remix de C2C et que vous voulez apporter votre soutien à Chill Bump, c’est ici