Interview // Manu Key (Mafia K’1 Fry)

mardi 3 juillet 2012, par Julie Green.

Après avoir bu de la San Pe avec Vicelow à Ménilmontant et du thé avec Akhenaton chez Adidas, direction cette fois ci les locaux d’MPC Prod et les bières où je retrouve Florent et, très vite, Manu Key. Je viens lui parler du label Alariana.

Alariana, en deux mots : fondé en 1993 par les « grands » pour soutenir les petits de l’époque, dont Ideal J, Kery James, et plus tard le 113; va rapidement s’imposer comme une des références de l’histoire du rap français. En 1996, à l’heure où le rap est encore injustement représenté dans les médias, Alariana sort O’riginal MC’s, puis Le combat continue deux années plus tard, et s’impose définitivement la même année dans le paysage du rap français en sortant Ni barreaux ni barrières ni frontières, premier EP d’un 113 dont on aura pas fini d’entendre parler.

Socle solide et solidaire aux siens, commanditaire d’un rap ambitieux dont le seul souci semble être de toujours rester à la hauteur, Alariana a pris le pari de soulever le rideau sur son histoire en rééditant cet été les mythiques albums Le Combat Continue et O’riginal MC’s. Pour ses lecteurs, Surlmag pointe les projecteurs sur Manu Key, membre de la Mafia K’1 fry, mais aussi et surtout véritable pierre angulaire et mémoire du label. Entre anecdotes de tournées, projets, souvenirs et hommages (à DJ Mehdi notamment, disparu l’année dernière), Manu Key dresse un portrait bouillonnant et réaliste d’un rap qu’il porte en étendard sur les épaules depuis plus de 15 ans.

A un mois de la réédition des albums d’Ideal J [ndlr : l’interview a eu lieu au début du mois dernier], comment est-ce que tu te sens?
Je me sens bien. Pressé de le voir en physique, parce qu’on les a tellement volé ces deux albums… surtout O’riginal MCs. Difficile à récupérer depuis une dizaine d’années, donc ça fait du bien de l’avoir en physique et un grand plaisir de retrouver des albums qui ont fait l’âge d’or du hip-hop, qui ont fait grandir Ideal J et qui ont fait connaitre Kery James.

En marge de la réédition d’O’riginal MCs et du Combat Continue, il y a aussi le documentaire de 2h qui est sorti sur Kery James. Pourquoi avoir choisi de mettre en avant Ideal J pour la réédition ?
Je pense que c’était les premiers albums qui ont abouti à l’échelle commerciale. Bon, pas O’riginal MCs mais Le Combat Continue oui, entre ça y’a quand même cinq ans d’écart. Pendant cette période là, ça a été un travail de dingue pour trouver une maison de disque! Tout le monde nous refusait… Arrivés au Combat Continue, y’avait les labels Arsenal et Alariana, et via (il réfléchit)… Barclay je crois à l’époque, qui a bien voulu prendre cet album en compte, on a pu commencer. C’était le premier album conçu à échelle commerciale par Alariana, donc c’est un peu logique qu’on le mette en avant aujourd’hui…

Puisqu’on parle d’Ideal J, comment est venue l’idée de la pochette de l’album « Le Combat Continue » ?
Je sais plus comment c’est venu. Ce que je sais, c’est que l’idée était naturelle. C’est un album tellement engagé! Il a plein de trucs dedans, plein de faits de société… J’ai mal au coeur, Le combat continue, Nuage de fumée…donc cette image, elle est super représentative de l’esprit de l’album pour commencer. Ensuite, je crois que c’est (DJ) Mehdi qui a eu l’idée de se mettre comme ça avec le drapeau français. On trouvait ça très osé à l’époque !

…et ça l’est toujours !
Ouais ça l’est toujours, et en plus on refaisait ça sur scène. Le décor de la scène était le même que la pochette de l’album. C’était un peu agressif, mais c’était fort, et c’est ce qu’on voulait.

Dans un monde un peu cerné par Internet, où les CDs n’ont plus trop leur place, la démarche d’Alariana parait un peu audacieuse. Aller ressortir comme ça deux albums… Après, ce que nos lecteurs ne savent pas forcément, c’est que ces deux albums, qui étaient de tous les foyers, ils s’arrachent sur Internet à des prix incroyables (ndlr : jusque 120€ pour Le Combat Continue), est ce que cette réédition, c’est avant tout une grande fierté ?
Bien sûr. Ce sont des albums à réécouter absolument, à redécouvrir, à revoir. Ce qui est intéressant dans un CD original, contrairement aux copies c’est qu’il y a les crédits. On peut retrouver les sons de DJ Mehdi de l’époque, les remettre au goût du jour, écouter cet album dans les voitures. Dans les voitures il manque énormément ! C’est toujours mieux de l’avoir en vrai qu’une copie qui traîne… Ca fait plaisir de se dire que quinze ans après, cet album on l’écoute comme au premier jour.

 

[highlight]On voulait juste faire écouter notre album à tout le monde, c’était tellement fermé ![/highlight]

 

Il y a dix ans, le rap était complètement relégué des médias destinés grand public, Vicelow me disait qu’on ne le voyait nulle part, alors que rien ne vendait plus que le rap à l’époque! Aujourd’hui, le rap est en passe de devenir à la mode. Orelsan, 1995, La Fouine, pour ne citer qu’eux ont complètement démocratisé le mouvement, à un point où les filles tombent même amoureuses des MCs ! Comment vous positionnez vous en partant de l’époque de l’ombre ? Est ce que vous aviez envie d’une reconnaissance de ce type, ou – surtout – surtout pas ?
Non, à l’époque on s’en foutait. Notre premier battement de coeur, c’était d’entrer au studio. La première chose qu’on ai faite, on enregistrait avec Mehdi sur une quatre pistes, ce qu’on cherchait, c’était rentrer en studio avec le peu de moyens qu’on avait, et comment obtenir une maquette audible. A part avoir un truc qui pète, on voulait rien. Après quand nos albums ont grandi et qu’on a commencé à connaître les maisons de disques et tout, là non plus on voulait pas devenir des stars. On voulait juste faire écouter notre album à tout le monde, c’était tellement fermé ! On faisait comme au premier jour, on écrivait des textes sensés. Donc y’avait 1 : le studio, et 2 : la scène. En ’96, on est tous parti pour la tournée d’Ideal J du Combat Continue, et c’est là qu’on a compris qu’il y avait vraiment un truc… Si tu veux on savait même pas que notre musique avait déjà passé un palier. On arrivait dans un quartier, les mecs connaissaient les textes, ils connaissaient les refrains. Et là on s’est dit, y’a vraiment un gros coup à jouer. Et ça a duré un bon moment.

 

[highlight]NTM, ils sont allés au bout du rap.[/highlight]

 

Le rap, à mon sens, c’est avant tout une énergie. Pour Mafia K1 Fry, on peut même parler d’une forme de rage. Quand on vieillit, qu’est ce qu’il se passe concrètement ? Toi, t’es là depuis 15 ans, t’as connu les prémices, les 16’30 Contre la Censure à l’époque où, faut pas l’oublier, ça avait vraiment un sens! T’as vu le Bisso arriver, les petits frères, la mort programmée du rap… Pour nous les « jeunes », toi tu connais tous ces trucs là, et à coté on voit des mecs comme JoeyStarr aux premiers rangs des défilés de mode, là on se dit « bon, le mec, il a plus l’air d’avoir envie de foutre le feu là », comment tu évalues toi ta vision du rap et ton engagement au fil des années en grandissant et en devenant adulte ?
Le rap, moi je l’ai connu dans les années ’89-90, en radio même en ’88. J’ai grandi avec chaque jour. Tous les jours, y’a un truc différent, tous les jours, on peut aborder un nouveau sujet, faire un autre flow. Le rap, après, je l’ai vraiment – vraiment – découvert à partir de ’94, quand l’album Illmatic de Nas est arrivé. On m’a expliqué les textes, le gars, où il voulait en venir, et c’est là que j’ai compris le rap. C’est là que j’ai compris qu’il fallait faire des thèmes. Vraiment expliquer aux gens, de quoi on parlait, fallait faire un thème et aborder un sujet. C’est pour ça que nos albums d’Ideal J, à partir de ce moment là, ont donc été définis par des thèmes. Le rap évolue chaque jour. Nous on a jamais cherché à faire des musiques à la mode, il a évolué avec le temps, et nous quand il fallait s’ouvrir un peu plus, on essayait pas de s’ouvrir, on essayait de faire des textes sensés ! Que les gens nous apprécient sous la même forme de texte mais en la faisant partager au maximum de monde. Si les gens qui ont grandi avec cette musique comme moi au départ, JoeyStarr par exemple, à un moment, c’est pas qu’ils perdent l’envie… C’est qu’ils ont fait le tour. JoeyStarr, il a fait le tour. NTM ils ont sorti cinq ou six albums, ils ont fait des Zeniths, des Bercy, ils ont tout fait ! A un moment, ils ont envie de kiffer autrement ! Aller plus loin que le rap, en te servant de ce que t’as fait quand t’as fait tes preuves… C’est aussi un but. Ils sont allés au bout du rap ces mecs, c’est tout à fait normal. Après, moi je reste encore un passionné de cette musique, parce que je pense qu’on a encore pas mal de trucs à faire, y’a des jeunes qui arrivent… J’apprécie pas encore tout le monde, mais je pense clairement qu’il y a encore des trucs à faire.

 

[highlight]Le hip hop est un tout.[/highlight]

 

J’ai lu qu’il y a 10 ans, Kery James importait le mouvement « Thug Life » en France,  je voulais en profiter pour parler un peu du monde du hip-hop. Le hip-hop, c’est pas seulement un bon album, bien écrit, avec des bons samples, c’est quand même aussi un état d’esprit. Les gens ignorent souvent que derrière les MCs, t’as les DJs, les graffeurs, les breakeurs, les beatboxeurs… C’est tout un monde ! Est ce que c’est important pour toi ce monde derrière ?
Evidemment. Tout est important. Le hip-hop, c’est une image, une image qu’on se donne. Les premières tournées qu’on faisait, c’est ce qu’on retrouvait. Aujourd’hui, tu montes sur scène, t’as une première partie, tu rappes… A l’époque, on arrivait t’avais le plateau : d’un coté il y avait les graffeurs, tout le monde. Avant qu’on commence, y’avait un concours de danse avec des breakeurs. On était tous regroupés. Quand les gens entraient dans la salle, les gens ils savaient que le hip-hop il était représenté certes par le rap, mais aussi par la danse. Y’avait vraiment quelque chose. Après, je sais pas d’où elle vient cette phrase, « Kery a importé Thug Life« , Kery a importé tout simplement ce qu’il savait faire. Il rappe comme ça depuis O’riginal MCs. C’est les gens qui ensuite ont découvert les autres albums, mais en fait depuis ’96 c’est là. Le hip-hop, c’est un tout. C’est des mecs qui après un show te donnent une casquette avec un graff dessus, c’est pas seulement rapper et faire des rimes. C’est un tout, y’a des gens qui sont passionnés par le graff, ils resteront toujours passionnés par le graff. Y’a plein de gens qui rappaient pas avant et qui ont commencé y’a deux ans, un an, six mois… Mais je sais que t’as toujours une génération qui est toujours sur les murs blancs à tagger et faire du graff. Tout ça, ce mélange, c’est le hip-hop que j’aime.

En parlant de DJs, tu bosses en ce moment sur un album hommage à DJ Mehdi qui va s’appeler Magic. Qu’est ce que tu peux nous en dire ?
On aurait pu faire un « Manu Key : hommage à Mehdi ». Mais c’était pas assez fort, c’était trop personnel. Je voulais un truc vrai, dire voilà, on prend l’âge d’or qui a fait grandir Mehdi et que Mehdi a fait grandir, on prend les représentants, Les Sages Po, IAM, Le Rat, Ideal J, 113… On le couple avec son monde de l’électro, et là on fait la passerelle entre les deux ! Cet album n’a aucune cible commerciale. C’est un album de kiff. Mehdi était un passionné de musique, un collectionneur de musique, il connaissait tous les samples que les rappeurs utilisaient ! C’était un mec qui avait le sens du rythme, qui savait faire des beats sur du hip-hop, électro, il faisait un peu ce qu’il voulait avec la musique… Et c’était un très bon DJ. On a voulu faire un album à la hauteur de ce qu’il était dans la musique. On va essayer de faire cet album pour le kiff, en se demandant ce que Mehdi aurait aimé entendre aujourd’hui, on a envie qu’il aime tous les morceaux. J’ai encore le souvenir que quand j’étais souvent chez lui, à l’époque où on avait fait les instrus de Prince De La Ville, quand l’album de la FF était sorti en 1999, Mehdi il se levait le matin il écoutait IAM, il écoutait la FF, il écoutait les Sages Po, il écoutait ça à fond ! Il connaissait les textes par coeur, et je sais quels morceaux il kiffait exactement. Je savais pourquoi il travaillait avec ces gens là, je savais pourquoi il aimait telle ou telle phase, telle musique… C’était un tout pour lui, c’était les textes, la vibe, et je veux retrouver cette richesse dans l’album. Chaque personne que j’appelle répond présent. Ils ont compris ça. C’est pas un morceau où on va dire « Mehdi tu nous manques« , non non, on va arriver au studio et on va le faire kiffer ! Ces morceaux seront à son image.

Le rap est beaucoup associé à une certaine idée de rébellion, de risque, de danger… Et malheureusement de mort. aux US, le grand combat est mené entre les gangs, on se souvient de Bad Boy contre Death Row, est-ce qu’en France, est-ce qu’on trouve cet équivalent quelque part ? J’ai l’impression qu’on repousse tout davantage contre la société. Est ce que tu penses pouvoir expliquer ça ?
En France on est les rois de l’hypocrisie tu sais… J’ai jamais calculé toutes ces histoires de clash, c’est du vent. On a vu les dégâts que ça a fait aux Etats Unis. Y’a des gens qui se servent de ça pour grandir,  mais malheureusement un jour ça se terminera mal. On se sert trop d’Internet pour traiter les gens, la mère d’untel ou untel, on ne mesure pas encore ce que ça peut engendrer. On a vu que Notorious et Biggie sont morts à 25 ans, et en France, on nous donne un petit truc pour essayer de faire quelque chose d’une musique qui a du mal à passer, on nous donne la petite porte ouverte, mais non, faut qu’on critique tout, qu’on fasse des clashs qui servent à rien… Je trouve ça ridicule. Ca rejoint ce que je te disais, cette musique évolue, on essaye de faire les meilleurs textes possibles, on essaye de la ramener là où elle doit être ramenée. Le hip-hop, on a tellement galéré à trouver des portes ouvertes…maintenant que c’est fait, faut pas oublier que tout n’est pas acquis. Même si on arrive à faire des Zénith, des Bercy, on passe en Côte d’Azur, on fait des plateaux télés… Mais non, toujours cette hypocrisie.

Dans le communiqué que Florent m’a envoyé, on dit que tu es la « pierre angulaire » du label… Alors, ça fait quoi, une pierre angulaire, dans un label ?
Je suis le grand frère ! Chaque album qui naît autour de la Mafia, je veux que ce soient de bons albums. On peut pas rater des albums. Commercialement, on s’en fout. Mais en terme de qualité, on se doit de rester au niveau. Il faut être performant et j’essaye d’y veiller.

On dit aussi que tu es la mémoire d’Alariana. T’as deux, trois anecdotes à nous raconter je suppose du coup ?
(rires) Oh oui ! Ouais ouais ouais ! Y’a des morceaux qu’ont vraiment été magiques. « Hardcore » par exempleKery avait appelé des gars pour faire le refrain. Ils sont arrivés à 20, 25, c’était une vraie baston dans la cabine ! Tout le monde hurlait « HARDCORE » de partout ! Aussi, on avait prévu de partir en tournée avec Ideal J. On disait que sur Hardcore, on allait tous reculer, et tous sauter dans la foule. Et y’en avait toujours un qui réussissait à nous avoir et à rester sur scène ! On l’a fait sur le dernier Mafia aussi, c’était en fin de show, on transpirait tous, et on se disait pareil, on saute tous ! (il réfléchit)…on le faisait sur… je crois que c’était Tout est Possible du coup. Après y’a eu des folies, comme dans le documentaire. Quand on voyageait, on tapait des 600 kms, on partait à minuit, on signait les autographes après le concert et on partait. Peu de fois on a dormi sur place après un concert. C’était tellement épuisant… C’était jamais une tournée continue, on faisait une date à un endroit, puis on en avait une autre à l’autre bout de la France. Et t’en avais toujours un qui avait une nuit blanche dans la tête, le premier qui voulait dormir, il se prenait un verre d’eau ! On était tous en bus.

Autre chose : quand on partait en tournée Ideal J, moi j’étais en première partie, y’avait le groupe Intouchable, on se retrouvait à une quinzaine, plus cinq bagnoles qui nous suivaient de la cité, plus dix mecs qui nous suivaient du train, en fraudant ! Et on arrivait tous là dedans… T’imagines ? On disait à l’organisateur : « ouais, on est cinquante !« , lui évidemment « ça va pas être possible« , et ça parlait des demi-heures avec Kery, le tour manager… Il avait peur qu’on se grille lui ! Mais ce qui était bien, c’est que Kery commençait le concert que si tout le monde était rentré. Si tous ses potes qui avaient fait des milliers de bornes étaient là, c’était bon, Mehdi il allait aux platines et ça envoyait tout. On était tellement épuisés… Après on dormait dans le car, mais je t’ai dis, le mec qui avait le malheur de dormir il se faisait toujours mouiller ! Et finalement on repartait, on mettait du son. Comme c’était la tournée Ideal J, on s’écoutait les albums à venir, qui étaient déjà prêts, et là on se disait « putain remet celle là » ! On s’imaginait tel ou tel titre quand il allait sortir… Et ça en chantant. On a vécu ça, c’était le rêve. On voyait les américains dans le tour bus, avec la Playstation, toutes les conneries et bah nous aussi, on l’a bien vécu. Peut-être à moindre échelle, mais on l’a vécu. Ce qui était bien ensuite, c’est que le show était le même qu’il y ait 100 ou 600 personnes. Quand y’avait 100 personnes, on faisait les chauds, et quand le lendemain la salle était blindée, on avait un sourire grand comme ça, on se disait « putain hier on a joué devant 100 personnes et c’était génial, là on va les tuer !« .

Y’avait qui ?
Plein de monde, moi en première partie, Ideal, Intouchable, Rohff, toute toute la Mafia, on était quinze ! Mais on avait pas encore des morceaux enregistrés à plusieurs, donc c’était à l’arrache, des combinaisons, des intrus qui tournaient avec des freestyles, ça durait des heures, on refaisait plusieurs fois les mêmes morceaux…

 

[highlight]On prépare un nouvel album avec la Mafia K1 Fry[/highlight].

 

C’est envisageable d’y revenir ?
Ouais… Mais tous les ans on se dit l’année prochaine ! Les instrus sont prêtes, les thèmes aussi. Les textes pas encore. Après, c’est l’envie, le temps de se réunir. On y pense depuis 2010. Là je sais que Kery il est en studio, Dry il est avec la Sexion, Rim K il sort son album… Mais ouais, après j’espère, quand on aura tous trois ou quatre mois de battement, qu’on va s’y mettre.

Mon rédac-chef va un peu m’en vouloir, mais il avait une question pour toi : « t’as conscience que Pour Ceux est le meilleur clip de l’histoire du rap français » ? 
Ouais j’en suis conscient ! C’est des trucs, encore une fois, tellement magiques. Ca arrive qu’une fois. C’est tourné, on retourne pas. On a rencontré Kourtrajmé Mokobé et moi par rapport à un truc qu’on avait vu et bien aimé. A l’époque y’avait pas leurs numéros sur les vidéos. Et un pote nous dit « ouais j’ai le numéro d’un des gars« . On a appelé, le mec nous a réorienté vers Romain Gavras, et là on lui a filé le morceau, et on était des mecs chiants, on était tellement curieux de savoir ce qu’il allait proposer comme idée qu’on a rappelé le soir même ! Il nous a demandé deux jours, et là il nous dit : « bon le morceau est tellement brut, on va faire un truc sur la vie de quartier« . Il voulait venir avec une caméra, filmer des mecs dans le quartier qui se tapent, qui se cassent des bouteilles sur la tête, des motos, des chiens qui mordent… Il nous a parlé d’un pote qu’avait un pit super bien dressé à la campagne qui allait sauter sur un mec… Là, on a tous commencé à se dire que ça allait faire un clip de ouf. Sauf que là, il nous dit « on tourne demain, faut grave du monde« . Donc là, pas le choix, on est passé par chaque quartier. On a commencé par Orly, y’avait 500 personnes, des motos… On est allé à Choisy, pareil du monde partout pour le couplet à Dry, après on est allé à Vitry… Le truc c’est que les mecs voulaient à chaque fois être plus que les autres quartiers ! On a découvert le clip tous en même temps. On s’est dit on va faire des copies VHS, on va envoyer ça à tout le monde, à tous les labels, toutes les MJC. Et une semaine après ça tournait partout. On voulait que le truc tourne à mort.

On a fini ! Ton classique de chez classique en rap US ?
Nas, Illimatic. Le problème de Nas… Ca reste encore pour moi le meilleur rappeur. Sa manière d’entamer l’émotion, ses textes… Il a un timbre de voix, la manière dont il s’amuse avec les rimes… Mais il a un problème dans le choix des musiques.  Il fait de mauvais choix. Il aurait du rester avec les mêmes producteurs, Pete Rock, DJ Premier, se servir de ces mecs là. Mais il s’est trop ouvert. Il a fait If I Ruled The World et en a vendu 7 millions. Après Nastradamus, on a vu qu’il faisait de la pop… Mais Illmatic c’était fou ! Là il revient avec un nouvel album en juillet, les deux singles me plaisent, j’espère que le reste va suivre. Ensuite, l’album de Biggie, le premier Life After Death, et Chronic de Dre. Vraiment ces albums là. Je mets aussi l’album de Tupac. Ces cinq albums c’est des tueries.

Et en rap français?
Le Combat Continue. Et aussi, Paris Sous Les Bombes de NTM, Art de Rue de la FF. Très très fort. Avec la reprise de Gloire à la Rue… Et en dernier, La Cerise Sur Le Gateau.

 

Toutes les infos sur le label sont ici : http://alariana.fr

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