Interview // Mat Bastard – Skip The Use

mercredi 24 mars 2010, par SURL.

 

D’ordinaire, lorsqu’on est heureux de partir en road trip dans un tas de ferrailles pour s’échouer cinq bornes plus loin, c’est parce qu’on projette de se payer un bon Macdo, ou encore parce qu’on a habilement planifié le stratagème ancestral du « coup de la panne ». Plus rarement, c’est pour assister à un concert qui vous met la tête à l’envers : telle fût la prestation offerte par Skip The Use le 18 mars dernier au FORUM de Vauréal. C’est sûr, l’évènement méritait d’être suivi par l’équipe de SURL.

Skip the Use se présente comme une bande de potes qui nous viennent tout droit de Lille, avec l’étoffe d’un groupe international et un projet musical prometteur. Un premier album sculpté pour la scène, bossé avec des briscards de la production musicale, auxquels viennent s’ajouter une énergie débordante ainsi qu’une sacré ambition : « faire bouger les foules». Pari incontestablement réussi pour Mat Bastard et sa bande ! Lors de la première partie du concert, ils ont placé la barre très haut, ne laissant d’ailleurs des artistes suivants (Pony Pony Run Run en l’occurrence) qu’une impression mitigée. Il faut préciser que les Nordistes n’en sont pas à leur coup d’essai. Après avoir assuré la première partie du mythique Rage Against the Machine, de Trust et de The Eyes, on attendait avec impatience de les voir enfin apparaître en tête d’affiche.

C’est sous le nom de Carving que le groupe a fait ses premiers pas, avec un son essentiellement punk. De fil en aiguille, le groupe a su élargir ses horizons pour finalement « briser ses habitudes » et appeler tous les fous à en faire autant. Des échappés de la scène punk hardcore me direz-vous ? Pas seulement ! Skip the Use a démontré par ce premier album qu’il savait surfer sur une palette musicale plutôt large, allant du punk au funk, de la pop rock au hard rock ! Douze chansons qui collent à la peau et un clip vidéo de leur premier tube « Give Me« , imposant un style énergique et déjanté.

C’est au détour d’une partie de foot improvisée sur le parvis de la salle de concert que nous avons suivi Mat Bastard, le chanteur, pour une interview mémorable et en exclu pour les lecteurs de SURL.

SURL : Pour la conception de ce premier album, comment s’est passé votre prestigieuse collaboration avec Manu Guiot et Yves Jaget ?
MAT : (jetant un regard aux intéressés au fond de la pièce) Bah on a travaillé avec des vieux (éclat de rire). Au départ, on est arrivé avec quelques compositions, mais il y avait encore pas mal de boulot. Pour reprendre les mots des intéressés, « ils se sont comportés en arbitres et non en façonneurs ». En gros, ça veut dire qu’ils nous ont énormément guidé dans notre travail de composition en nous montrant ce que nous pouvions faire de mieux avec notre niveau actuel. La plus-value qu’ils ont apporté à l’album, c’est vraiment le fait de nous avoir empêché de nous disperser lorsqu’on s’aventurait sur des terrains qu’on ne maitrisait pas vraiment. Finalement, on a fait un boulot énorme mais le résultat est convaincant !

« A l’époque être « groupie » était un vrai lifestyle. Aujourd’hui c’est très différent, il n’y a plus de femmes prêtes à consacrer leur vie entière à suivre un groupe à tout ses concerts. »

Premier tube, la chanson « Give Me » : les paroles sont du vécu ?
(souriant) Hummm !! Non, pas vraiment. Ce que je voulais raconter dans cette chanson, c’était la rencontre entre les groupies et les rock stars dans les 70’s. A l’époque être « groupie » était un vrai lifestyle. Aujourd’hui c’est très différent, il n’y a plus de femmes prêtes à consacrer leur vie entière à suivre un groupe à tous ses concerts. De toute façon, on ne s’est pas lancé dans la musique pour séduire ! Une groupie a sorti un livre récemment sur le sujet, dans lequel elle raconte être passé sur un paquet de rock stars, comme le leader des Stones par exemple.  Ce que je trouvais marrant, c’était de raconter la différence de point de vue entre les deux personnages ! Elle connaît tout de lui, à quelle heure il mange, les cigarettes qu’il fume, la couleur du caleçon qu’il met pour tel concert (éclat de rire) et lui, l’aperçoit au premier rang tous les soirs et se dit « tiens ! elle est encore là celle-là ». Il lui prend sa vie mais s’en fout en quelque sorte !

Et ce clip de fou, qui en a eu l’idée ?
Euh c’est pas nous en fait ! On nous a proposé de tourner un clip sur le toit d’une voiture de police en rase campagne. C’était une aubaine de tourner notre tout premier clip. Bon c’était l’hiver et on a commencé trop tôt, du coup, on se les pellait grave sur le capot de la voiture mais finalement on s’est bien marré !! Super souvenir !

Quand on apprend qu’on va jouer la première partie d’un groupe mythique comme RATM, on réagit comment ?
On l’a appris qu’au dernier moment. Gros flippe ! On avait que quatre chansons (éclat de rire des autres membres du groupe qui se promènent dans la loge). On était comme des fous, c’est juste le pied de partager la scène avec un groupe comme RATM ! Ils font parti de nos groupes de référence donc on était obligé de kiffer. Mais il n’y a pas qu’eux d’ailleurs. On a fait les premières parties de The Eyes, Trust et c’était pareil !

C’est pas trop dur de se présenter au public à l’ombre d’un tel monstre musical ?
Non. Si tu commences à te laisser impressionner tu ne fais plus rien. On est arrivé pour faire notre musique et point barre. A la limite c’est grave motivant de voir des groupes aussi puissants évoluer sur scène. Ça donne des objectifs, on se dit qu’on veut être aussi bon qu’eux. Après, pour ce qui est des mecs de Rageou même de Trust, ils sont grave cool. Ouais, on s’est fait des supers soirées avec les mecs de Trust.

La scène lilloise, est-ce un bon tremplin pour s’internationaliser ?
Ce qui est bien c’est qu’il y a Bruxelles juste à côté. Mais pour avoir un public en Belgique, c’est mieux de parler anglais. Il a fallu s’y mettre, pas facile ! Une fois que tu maîtrises l’anglais, tu peux aussi aller jouer en Hollande etc. C’est comme ça que ça marche.

A part manger des frites, quel est le meilleur truc à faire à Lille avant d’aller au concert de Skip the Use ?
Ça c’est réducteur !! On n’a pas que des frites à Lille.

« A Lille si tu te fais des potes, c’est pour la vie et ça passe avant tout. Ça vient de nos ancêtres, ceux qui ont galéré ensemble dans les mines. »

Alors justement qu’est ce que l’on trouve à Lille que l’on ne pourrait pas trouver ailleurs ?
Pfff! Bah j’en sais rien moi ! On trouve les mêmes choses qu’à Paris, ni plus, ni moins. Ce qui définit vraiment notre ville, c’est son esprit fraternel et la valeur de l’amitié. A Lille si tu te fais des potes, c’est pour la vie et ça passe avant tout. Ça vient de nos ancêtres, ceux qui ont galéré ensemble dans les mines. C’est pour ça qu’on est si soudés dans le groupe !

Après quinze années de scène entre potes, lequel est le plus fêtard ?
C’est Max ! ( ndlr : Manamax Catteloin )

Lequel tient le mieux l’alcool ?
C’est Max !

Sur scène, si vous deviez faire un duo avec le squelette d’un chanteur mort, vous choisiriez qui ?

Franchement ? J’en sais rien du tout !! Les chanteurs avec qui je veux faire des duos sont tous vivants donc c’est plutôt cool. Mon rêve c’est de faire un duo avec Iron Maiden. (éclat de rire général sauf pour le chanteur qui se redresse sur son canapé). Ecoutez moi tous ! Je le dit ici et maintenant, devant les caméras, je veux faire un duo, sur scène, avec Iron Maiden. (ses potes lui jettent des fruits et des gâteaux).

Comment vous aimeriez que l’on parle de Skip The Use dans trente ans ?
Tiens j’aimerai bien qu’il y’ait un vieux de 80 ballets en chaise roulante qui dise « Tu connais le groupe Skip The USE ? Hé bah j’ai réalisé leur premier album ! ». Hein Manu! Tu seras au moins dans une chaise roulante dans trente piges ! (éclat de rire)

Au contraire comment vous n’aimeriez pas que l’on parle du groupe ?
Comme le groupe qui n’a jamais joué avec Iron Maiden !!!! (éclat de rire général)

Comme d’habitude, le FORUM a fait salle comble. Mais vendredi dernier, l’ambiance était au rendez-vous et la température a grimpée en conséquence. Si la foule en délire s’est notamment éclatée sur une reprise phénoménale de BLUR ( Song 2 ), elle n’en fût pas moins électrisée par les compos du groupe ( Antislavery, Bastard song, She is my lady…).

A l’entrée, personne ou peu les connaissait ; à la sortie tout le monde voulait sa petite dédicace ! C’est l’effet SKIP THE USE : A big slap on your face !!

Anthony LAMOTTE & Tiphaine DELPIERRE
Pour SURL MAGAZINE
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SURL remercie toute l’équipe de SKIP THE USE, LE FORUM VAUREAL ainsi que l’agence EPHELIDE pour leur disponibilité et leur générosité.

/PLUS D’INFOS
http://www.myspace.com/skiptheuse
http://www.flickr.com/photos/snzer/
http://www.ephelide.net/

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