À l’initiative du festival lyonnais L’Original, Oxmo Puccino se déplaçait au Transbordeur le 23 mars 2013 pour un show des plus sympathiques. Simplement munis d’une poignée de questions préparées de concert avec notre partner in crime du Vrai Rap Français et d’un Iphone 4 en guise de caméra, nous avons sauté sur l’occasion pour rencontrer ce pilier du rap hexagonal l’espace de quelques trop brèves minutes.
Mea culpa pour la qualité de l’audio qui laisse à désirer, j’en place une spéciale pour le frigo qui ronronne en fond sonore.
Merci à L’Original, bien sûr, pour avoir réuni les conditions propices à cette entrevue. Big up aussi à notre chef opérateur Qays Zeroual, sans ce brave garçon au frais minois rien de tout ceci n’aurait été possib’.
Hidden Track
“Trouver l’idée qui marche deux cent ans
L’impression de le faire en plaisantant
Acceuillis comme des clowns pas drôles
A la profonde parole des puits de pétrole
Avant que la fortune soit subite
Tous les génies étaient stupides »
Ce qui suit est une conversation fugace tenue à l’issue de la prise de vue et simplement captée par le microphone. Nous avons tenu à la retranscrire car elle met en lumière les préoccupations et l’état d’esprit actuel d’Ox. Les premières lignes du titre Artiste (sur l’album Roi sans carosse, dernier en date) prennent tout leur sens, non ?
O. : « L’artiste doit proposer des choses qui viennent du futur. Tu vois ce que je veux dire ? Un artiste qui sort un disque, faut qu’il ait deux ans d’avance minimum. Il faut qu’il soit tendance son album. L’idée qu’il a, faut qu’elle soit encore tendance le jour où il va la sortir. En prenant le risque des jeunes qui arrivent, du tube qui peut atterrir de l’espace qui va tout éclater, d’un mec qui va lui voler son style… tu vois ? Il faut qu’il ait minimum deux ans d’avance. Alors si tu prends des artistes comme Picasso, comme Caravage, c’est des mecs qui avaient 400 ans d’avance vu que leur travail est encore apprécié aujourd’hui et qu’il n’a pas été dépassé. C’est pas être dans l’air du temps c’est… être en avance. De manière indéterminée. Et c’est risqué, parce que le temps d’être compris tu prends des pierres, tu fais pas d’argent, tu galères quoi. »
SURL : L’art c’est ce qui résiste au temps, en somme ?
O.: « Ouais, ouais. L’art fait partie de l’histoire, l’art raconte l’histoire, l’art c’est la vraie histoire. C’est même à ça qu’on différencie un tube d’un chef d’oeuvre, y a des morceaux qui vont être périssables, qui passent comme ça le temps d’un été… D’ailleurs c’est ce qui se fait de plus en plus. Les mecs bossent que des morceaux que t’écouteras un mois. »