Vous vous souvenez du lancement en grande pompe de Tidal ? Du moment où de nombreux artistes ont changé leur photo de profil sur les réseaux sociaux pour mettre un carré bleu turquoise pour soutenir la plateforme de streaming musical lancé par Jay Z ? De la soirée de lancement de la plateforme où le mari de Beyonce a prononcé un discours très émouvant sur la rémunération des artistes, et où certains de ses proches n’hésitaient pas à dire que « Tidal allait changer le cours de l’histoire de la musique« ? C’était il y a un an. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que Tidal ait changé grand chose.
Dans un secteur déjà très encombré et où les places sont chères, Jay Z voulait apporter une révolution : une plateforme de streaming musical qui respecterait les artistes. Car, faut-il le rappeler, les artistes ne touchent que très peu d’argent quand leurs chansons sont jouées sur une plateforme de streaming. À titre d’exemple, les ayants droit (maisons de disques et producteurs) touchent en moyenne 0,0001 euros par écoute gratuite. Une misère – on peut toujours dire que c’est mieux que rien.
Grand prince, conscient des problèmes financiers que peuvent rencontrer ses amis rappeurs, l’auteur de Reasonable Doubt avait pour ambition de reverser 75% des revenus générés aux ayants droit. Quand on sait que chez Deezer et Spotify, on plafonne à 70%, l’initiative avait de quoi réjouir les intéressés.
Sans même parler du fait que le nouveau jouet de Jay Z se retrouve au milieu d’une bataille perdue d’avance, entre le mastodonte Spotify, le challenger Apple Music, le frenchy Deezer et l’outsider Google Play, et sans même évoquer les plateformes spécialisées comme Beatport ou Qobuz, Tidal s’est tiré un chargeur entier dans le pied. D’abord en proposant un service (trop) cher par rapport à la concurrence et au catalogue qu’il propose, mais aussi en perdant des soldats dans la bataille – deux CEOs et des artistes. Et même s’il y a eu un regain d’intérêt pour la plateforme, avec les sorties d’Anti de Rihanna et de The Life Of Plablo de Kanye West, les problèmes sont loins d’être terminés pour Jay Z.
Dernier pépin en date, un groupe de rock du nom d’American Dollars a lancé une action en justice contre Tidal pour…non paiement des royalties. Marrant non, pour le service qui voulait redonner une rémunération juste aux artistes. Le groupe, apparemment habitué des actions en justice, réclame pas moins de 5 millions de dollars à Tidal. Le dernier mot dans l’histoire, c’est Tidal qui veut l’avoir puisque le service à fait savoir qu’ils sont à jour au niveau du paiement des royalties et que c’est le distributeur du groupe, chanceux propriétaire des droits d’auteur, qui a récupéré les royalties…compliqué non ?
Quoi qu’il en soit, c’est un (bad) buzz de plus dont se serait bien passé Jay Z. Qu’il se rassure, bientôt il n’aura peut-être plus à s’occuper de tout ça : à ce qu’il parait, Samsung souhaite racheter Tidal histoire de concurrencer Apple Music. On se souvient que par le passé, ils ont déjà fait du business ensemble. Notamment pour la sortie de Magna Carta Holy Grail, le dernier album de Hov en date. Pis c’est encore eux qui ont financé la tournée « Anti » de Rihanna à coup de biftons, 28 millions de dollars pour être précis. Quand on y pense, l’hypothèse n’est pas déconnante. À voir si Jay Z sera partant pour refiler la patate chaude.