Kendrick Lamar veut changer le monde, c’est maintenant clair dans tous les esprits. Il sort un album monumental, son écriture fait l’objet de cours d’anglais dans certaines écoles, il s’élève littéralement au dessus de sa condition dans ses clips, il apparait sur scène dans un festival gratuit pour les gosses de Chicago et il éveille les consciences avec… des baskets. All Hail the King Kendrick. Il en kickerait presque Kanye West hors de sa divinité auto-proclamée…à grand coups de Reebok.
Bon, pour résumer, K.dot a juste fait écrire « blue », couleur des Crips, et « red », couleur des Blood, sur les talons de la paire mythique Ventilator. Le King ne s’est pas fendu les neurones sur ce coup là. Et puis, c’est mignon… Mais nous ne vivons pas dans le monde des bisounours: même pour 120 $, quand tu appuies sur la paire de pompes, les mecs n’abandonnent pas leurs Glocks pour se faire des calins. Mais quand même… c’est des baskets. On connait tous la règle: on ne traite pas les mères et on ne touche pas aux sneakers. Du coup ça fait réfléchir les mecs qui portent des flingues. Et c’est les membres de gang qui le disent eux mêmes.
Les gangsters écoutent Kendrick Lamar. Ils entendent que son album parle d’eux. Et il leur parle de la même façon qu’ils soient Pirus, (les neo-Blood) ou Crips. Dans la vidéo, G-Weed et Jigga, représentants des gangs adverses de Compton expliquent dans une video que ce qui les divise est précisément ce qu’ils ont en commun. Ils reconnaissent le message de paix et d’unité exprimé par Kendrick Lamar. Une prise de conscience qui ressemble à un premier pas vers plus de dialogue. C’est déjà ça.
Et même si la video, publiée par Reebock et le label Top Dawg Entertainement, a un vague côté de promotion éhontée, on se laisse manipuler volontiers. Juste assez pour se prendre à rêver du monde qui est né dans « To Pimp A Butterfly »: celui que Kendrick Lamar ne décrit pas, mais crée. Allez, bisous et force coeur sur le ventre.