« And singing the Frank Ocean and thinkin bout you. Ooh no no no, I been thinkin bout you, ooh no no no. »
Cheveux roux ondulés, piercing sur le nez, look de teen qui ferait durcir quelques adeptes de Youporn. Kitty Pryde s’amuse avec ses copines dans sa chambre colorée d’adolescente et chante ses sentiments à son amour secret devant son Mac customisé de stickers. Une scène un peu naïve et glamour comme une autre, qui n’aurait pas dû franchir le seuil de sa maison à Daytona Beach. A deux exceptions près : cette déclaration « Okay Cupid », écrite parait-il en 30 minutes chrono, approche des 500 000 vues sur Youtube et elle s’adresse à … Danny Brown.
Une gamine de 19 ans, dont le rap échappé d’un rêve codéiné rose bonbon, l’a rapidement érigé au rang de phénomène Internet dont raffole Noisey. Un peu à l’image de son tumblr bien fou fou. Ces derniers mois, l’artiste multiplie les interviews et envoie des « I Love You » à Kreayshawn sur Twitter. Côté musical, Kitty, dont le blaze reprend celui d’une héroïne des X-Men, vient de s’associer à un autre phénomène délirant du rap, le non-moins cartoonesque Riff Raff dont je n’arrive décidément pas à cerner le sérieux. « Orion’s Belt » se situe clairement sur une autre planète, mais a le mérite de confirmer un minimum de vive voix ce dont on ne se doutait pas forcément : « Wee, I can rap, I’m not mean, but you’re whack ». Que ça soit ici, sur une simple face B ou sur une production de Beautiful Lou – ce dernier ayant déjà collaboré avec A$AP Rocky ou Lil B -, la rap game Taylor Swift n’a pas pour seul objectif de séduire Danny Brown. Cette fille d’avocat n’a pas peur des haters et croit en son potentiel si l’on lit ses déclarations : « I can go a lot harder than Gucci Gucci Louis Louis Fendi Fendi Prada ». Personne ne se sentira visé.
A ce sujet, Danny n’a pas été insensible aux sirènes de la jeune MC à la chevelure incendiaire. Dans un entretien pour Complex que je vous conseille fortement de lire, il explique avec timidité qu’il s’entend super bien avec cette jeune fille qu’il a connu sur Twitter et dont il écoutait la musique bien avant qu’elle n’en lui dédit une. A vous de le croire ou pas. Depuis, ils trainent souvent ensemble, au point de partager un shooting pour la marque Mark McNairy. Sinon, Kitty admet adorer Earl Sweatshirt, bien qu’elle ne soit pas fan de la musique de ses compatriotes d’Odd Future.
La suite ? Kitty semble avoir embrassé son rôle de personnage Web 2.0, dans la lignée du Based God, une source d’inspiration dont elle n’a encore clairement pas l’aura. D’ailleurs, tout comme lui, elle a intitulé un de ses sons « Justin Bieber ». Plus nerd qu’une Kreayshawn, moins ghetto qu’une Azealia Banks, plus drôle qu’une Iggy Azalea, moins bimbo que Nicki Minaj : sans talent particulier, la floridienne pourrait bien tirer son épingle du jeu médiatique. Surtout lorsqu’on évalue les montants exorbitants que certains labels acceptent de claquer pour s’accaparer ces nouvelles « vedettes ». Sauf que pour l’instant elle n’a perçue quasiment aucune rémunération. Walkmaster Flex a d’ailleurs senti le bon coup : le manager de Main Attrakionz vient de signer Kitty, qui n’a derrière elle qu’un EP assez anodin, The Lizzie McGuire Experience. Bien dans ses bottes et consciente de son potentiel médiatique, Kitty Pryde s’apprête à envahir vos pages web et tentera de résister aux vagues de critiques/hating qui commencent déjà à déferler. Why so serious ?