La première fois que j’ai entendu parler de Levalet, c’était pour entendre dire qu’il était le nouveau Bansky. Rien de moins. Dubitative quant à cette comparaison ,je me suis empressée d’aller jeter un œil sur les œuvres du jeune artiste.
« l’œil d’un novice peux confondre Levalet à Bansky. Pourtant, il ne faut pas grande connaissance en art pour le distinguer de l’artiste britannique »
Né à Epinal, Charles Levalet a grandi en Guadeloupe, terre de sa découverte avec le monde du hip-hop et du graffiti. Pourtant, l’artiste va rapidement se tourner vers les arts plastiques et ne gardera du hip-hop que son rapport intime à la rue. De retour en métropole, il s’installe à Strasbourg pour y apprendre la peinture puis la vidéo. C’est d’ailleurs en commençant à projeter des films sur les murs de la ville que lui vient l’envie d’exploiter ce support.
Alors oui, l’œil d’un novice peux confondre Levalet à Bansky. Après tout, tous deux sont héritiers de Pignon Ernest-Pignon et Blek le Rat. Pourtant, il ne faut pas grande connaissance en art pour distinguer le jeune Levalet à l’artiste britannique. Déjà, le Français ne pratique pas le pochoir, mais dessine à l’encre de Chine sur papier kraft, qu’il colle ensuite dans vos rues. Moins politisé, moins sarcastique, Levalet est emprunt d’un l’humour subtile et s’amuse du comique de situation. Ses inspirations se rapprochent plus de la culture classique que de la culture populaire.
La référence au cinéma est omniprésente dans son oeuvre, les collages de Levalet relèvent d’une mise en scène théâtrale, digne d’un film noir et blanc des frères Lumières. L’expressivité des personnages me fait penser à des mimes, dont les visages s’animent quand on est les regarde. A échelle humaine, les acteurs de Levalet semblent faire partie de notre quotidien : ils trébuchent d’un muret, jouent au rugby dans les ruelles parisiennes. Mon préféré, Considération esthétique, où une jeune femme utilise L’esthétique de Hegel en guise de miroir pour se maquiller. Le passant n’a pas besoin d’indication verbale, pour comprendre la scène, l’éloquence corporelle des personnages lui suffit.
L’artiste adapte ses œuvres à des murs spécifiques, afin de recréer un nouvel ensemble architectural. Un électricien répare un disjoncteur, deux hommes se battent pour un bout de tissus sous une enseigne « soldes »… Les images noires et blanches de Levalet, redonnent vie au murs gris de Paris et racontent une histoire dont le comique de situation nous fait décrocher un sourire sur le chemin du bureau.
Alors non, Levalet n’est pas le nouveau Bansky et c’est aussi bien ainsi. Loin de la culture de masse anglophone, j’apprécie son petit coté franchouillard. Tournées vers notre patrimoine culturel, ses œuvres sont marquées par l’importance de la culture littéraire et d’histoire qui est chère à l’éducation française. Un brin ‘intello », ses œuvres témoignent aussi de l’humour « moqueur » des gaulois que nous sommes. Malgré son jeune age, Charles Levalet a déjà un style qui lui est propre, la seule chose qu’il nous reste à souhaiter, c’est qu’il se propage à travers toute la France.
Visible dans tous les quartiers de Paris et sur son site internet, Levalet expose aussi en intérieur. Pour les parisiens, gardez aussi un oeil sur le cabinet d’amateur et à la galerie Géraldine Zberro, où Levalet expose régulièrement. Enfin, bonne nouvelle pour les Montpelliérains, il participera en janvier à l’événement FMR.
