Si vous pensiez que le hip-hop avait attendu de percer pour s’approprier la haute couture, vous sous-estimez grandement la fougue de ceux qui n’ont jamais attendu qui que ce soit pour leur dire qui ils étaient – et comment l’affirmer. De la fascination pour l’upper classe, de la rage contre ces barrières et rien à perdre : voilà comment on pourrait résumer l’état d’esprit des Lo Lifes, ceux qui, sans le soupçonner, ont été pionniers d’une des cultures modes les plus massives de l’histoire. Le court-métrage du photographe Kiwi et du réalisateur Tom Gould retrace l’histoire de ce crew devenu majeur de Brooklyn, avec la collaboration d’un de ses membres fondateurs : Thirstin Howl the 3rd.
En 1988, deux bandes voisines de Brooklyn s’unissent par fascination pour les polos Ralph Lauren et décident d’en accumuler un maximum, par tous les moyens. « Le vol est toujours un moyen de survivre. » Armés uniquement de leurs poings, des tonnes de polos sont dérobés par amour de la sape. Le poLo n’est là pas qu’un simple vêtement, c’est un ensemble de représentations de puissance et de statut. Comparable à l’engouement pour les survêt’ Lacoste qu’ont eu en France les rappeurs il y a quelques années, les Lo Lifes ont boosté le streetwear et donné à Ralph Lauren une imagerie d’un autre level. Bury Me With the Lo On se penche en lendemain de Fashion Week new-yorkaise sur l’histoire de ces jeunes « dont les parents fournissaient ce dont ils avaient besoin, mais pas ce dont ils rêvaient, inabordable ». Thirstin Hown the 3rd nous le confie : c’était pas vraiment une recherche d’ascension sociale, mais une évolution naturelle, la réappropriation avec leurs moyens des valeurs dont ils se revendiquaient. Le moment venu, enterrez-les donc en polo.