Beatmaking et copyrights n’ont jamais fait bon ménage. Ce vieil adage qui date des débuts de l’histoire du rap continue à se vérifier à travers de réguliers coups d’éclat, comme le montre un mystérieux documentaire dont on vous parlait récemment. Le dernier en date n’est pas des moindres, puisqu’il implique Madlib, qu’on peut qualifier sans trop s’avancer de légende vivante du beatmaking. Cette fois-ci, l’adversaire est de taille en la personne de Bob James, grand musicien jazz auteur du classique « Nautilus ».
Il s’agit là d’un morceau abondamment samplé, donc bien connu des amateurs de rap, présent chez Ghostface Killah (« Daytona 500 »), Slick Rick (« Children’s Story »)… et même plus récemment Clams Casino (« Worth It »). Sauf que visiblement, Bob James a peu apprécié le fait que Madlib utilise des extraits de son « Nautilus » sur son morceau « Sparkdala » sans payer le moindre centime ni verser la moindre royaltie. Les avocats du jazzman ne s’arrêtent pas là, et estiment même que « l’un des plus gros problèmes des artistes rap est qu’ils sont incapables de créer des instrumentations sonores de qualité pour leurs œuvres, donc ils empruntent ou samplent les compositions des autres ». (sic) Des dents vont grincer.
Du côté de Madlib, il se pourrait que ce genre d’affaires soit à l’origine d’une situation délicate vis-à-vis de son label Stones Throw. Il affirme en interview ne pas vraiment vérifier ses samples, juste prendre un enregistrement et le sampler, des fois sans regarder ce que c’est… même s’il est quand même un sacré connaisseur. Est-ce la raison pour laquelle les disques qu’il sort depuis 2010 sont produits par son propre label Madlib Invazion, et seulement distribués par Stones Throw ? En tout cas, le label californien est également impliqué dans le procès.
Que Bob James se batte pour que l’utilisation de sa musique soit reconnue semble légitime. On a quand même une question à lui poser : combien d’auditeurs ont découvert sa musique par le biais d’un sample glissé dans une production ?