Le très, très influent magazine Complex, qui domine de la tête et des épaules le game du web-divertissement, vient de classer Michael Christmas dans sa liste des 25 rappeurs à garder en tête en 2014. Agréablement surpris par cette sélection, je me dis que je ne devais finalement pas être le seul à me goinfrer des morceaux de ce rappeur de Boston depuis plusieurs semaines.
Le truc avec Michael, c’est qu’il ne vient pas nous affubler du triptyque « gun, money, bitches » jusqu’à plus soif. Non, avec un flow qui lui est propre, ce mec de vingt piges nous fait part d’un quotidien qui parle aux consommateurs de réseaux sociaux et de fast food que nous sommes. La force du emcee, c’est qu’il parvient à donner de la profondeur à un quotidien que l’on pourrait percevoir comme banal, voire insipide. Ajoutez à cela des productions impeccables et particulièrement en adéquation avec son phrasé et vous comprendrez pourquoi Michael Christmas est effectivement un personnage que l’on sera amené à suivre de très près.
De notre côté, l’écoute incessante de sa mixtape n’ayant pas suffit, on a voulu échanger quelques mots en direct avec le personnage. Après quelques mails, on convient d’un entretien Skype afin de parler, ensemble, des petites choses de la vie quotidienne.
SURL : Tu peux te présenter en quelques mots ?
MC : Je suis Michael Christmas, un rappeur de 20 qui vient de Boston. Je suis également un grand joueur de basket. À quoi d’autre je suis bon d’ailleurs ? Pas grand chose… Je suis vraiment bon pour préparer des petits déjeuners et pour faire des hook shots. J’ai un bon jeu quoi. (rire)
Tu te présentes comme la version hip-hop de Michael Cera, tu peux nous expliquer ça ?
J’ai écrit ce son en me basant sur tout ses films et sur ses shows TV et j’ai réalisé que nous passions à travers les mêmes merdes. La différence c’est qu’il se tape la fille à la fin, ce qu’habituellement je ne fais pas. Mais à la base, nous sommes les même personnes.
Ta mixtape, s’appelle Is This Art? : tu questionnes les gens sur la représentation qu’ils se font de ta musique ?
Oui, c’était une des question posées avec Is This Art?. C’était moi qui demandait aux gens qui écoutait l’album si c’était de l’art ou pas. Car pour moi, l’art est avant tout dans les yeux de la personne qui te regarde. Si tu penses que c’est de l’art, alors c’est de l’art. Alors oui, à un certain niveau, la question était de savoir si ma mixtape est de l’art ou non.
Je ne t’ai pas trouvé sur Wikipedia…
Mec, je sais pas du tout comment fonctionne Wikipedia et tu vois je vais pas commencer à écrire ma propre page, ça sonne un peu stupide non ? J’attends que l’un de mes fans l’écrive et qu’il se trompe sur tout. Qu’il dise que je viens du Minnesota et que je fais deux mètres de haut.
Dans ta musique, tu parles souvent des réseaux sociaux. T’y passes beaucoup de temps ?
Je pense que les réseaux sociaux c’est vraiment tout pour un artiste en ce moment. Tu vois, j’aime bien imaginer que tous les artistes n’aient subitement plus d’iPhone ni d’ordinateur : comment arriveraient-ils à survivre ? Quels seraient les critères pour décider qui à la hype ou non, si ils ne peuvent pas être sur Internet ? Je parles des réseaux sociaux car je suis dessus tous les jours, mais je pense également que c’est générationnel. Je pense que dans trois générations, soit les réseaux sociaux auront évolué, soit périclité. Mais évidemment, dans les années 90, il n’y avait ni Twitter ni Vine pour te dire qui était cool ou pas.
Donc tu penses qu’ aujourd’hui un rappeur ne peut pas exister sans cela ?
Je ne sais pas si un rappeur peut exister aujourd’hui si il n’est pas sur internet, je pense que c’est un peu triste mais vrai.
Te considères-tu comme un « Everyday Normal Guy Rapper » (s/o Jon Lajoie) ?
Oui, mais pas dans le sens ou j’essaye de l’être, c’est ce que je suis.
Tu penses que c’est une force pour toi d’être ce genre de rappeur ?
Le truc, c’est que j’essaye d’être à 100% authentique avec ce que je fais. Donc si la vérité c’est que je suis juste un mec normal, à qui il arrive des trucs normaux, à qui tout le monde peut s’identifier, alors c’est ce qui va ressortir. Je ne peux pas rapper sur pleins de trucs, j’envie les mecs qui font de la trap, ça à l’air terrible. Mais je peux pas faire de la trap, ça ne serait pas juste.
Donc on ne risque pas de te voir faire de la trap ou de la drill dans les prochaines années ?
Si c’est le cas, il va falloir que j’aille vendre de la drogue avant ! (rires)
Tu peux nous parler des projets à venir ?
Bien, je peux pas révéler grand chose maintenant, je peux seulement dire que je travaille actuellement avec un producteur pour produire mon propre son. Un son inratable dès que tu l’entends. On va faire l’ensemble des sons depuis le début, ça va être à un point où quand tu écouteras un morceau de Michael Christmas, tu ne te diras jamais « c’est qui ça ? ».
Donc tu construis ta propre identité musicale.
Aller plus loin, pour que tout le monde sache qui je suis.
Un rappeur avec qui tu as envies de collaborer ?
Je pense, même si nous sommes très opposés, que Dom Kennedy (notre interview) serait le rappeur avec qui j’aurai envie de travailler. Parce que depuis l’époque ou j’étais un sophomore [deuxième année, ndlr] à l’université, j’ai toujours trouvé que c’était le plus cool des rappeurs. J’essayais de lui ressembler, de porter les mêmes casquettes et les même t-shirt blancs. C’est vraiment mon rappeur préféré.
Michael, c’est l’apocalypse : tout le monde meurt. Tu peux écouter un dernier album avant d’y passer, lequel tu choisis?
Tu sais quoi, je me ferais le XXX de Danny Brown, c’est mon album favori. Je peux l’écouter en entier et juste détester le dernier son car cela implique que c’est la fin de l’album. Alors je recommence avec le premier son et je l’écoute en entier, à nouveau.
Un dernier film ?
T’as vu Don Jon ?
Yep.
Ben tu vois, je l’ai vu quand il est sorti sur Netflix, il est bizarre ce film. Joseph Gordon-Levitt est à la fois réalisateur et acteur et il joue un mec accro au porno. Le truc est présenté comme une comédie, mais j’ai pas du tout ri, mais c’était un bon film.
Un dernier repas ?
J’aime le saumon, avec un peu de riz et quelques haricots verts ou un truc dans le genre. Je veux quelques chose d’assez sain. Comme ça je mourrai en sachant que j’ai eu un repas sain dans ma vie.
Un dernier mot ?
Allez choper Is This Art?, je vous aime tous, on se voit lorsque je viendrai faire un tour en France. Je vais venir « frenchkiss » toutes les bad bitches.