Bishop Lamont est une énigme à part entière dans le milieu hip hop américain, mais aussi pour moi. Philip Martin, de son vrai nom, avait vraiment tout pour réussir. En 2005, il signe avec l’un des plus grands labels : Aftermath sous le direction de Dr Dre. Ce dernier l’accueille à bras ouvert en pensant qu’il détenait les qualités pour devenir le digne successeur d’un Eminem, grâce à ses opinions politiques marquées et une écriture parfois controversée. Il enchaîne les titres à succès et sort une mixtape The Confessional qui remue un nombre incalculable de personnes. Je me souviens tout particulièrement de « Send A Nigga Home » ou encore « Feel On It » qui m’avaient véritablement conquis. Forcément, tout le monde se bouscule au portillon, des producteurs les plus célèbres aux rappeurs en quête de featuring. Son premier album The Reformation est annoncé comme un véritable évènement. A ce moment là, Bishop Lamont a vraiment tout pour prendre le contrôle de la Westcoast.
Cependant, rien ne va se passer comme prévu. Pire, le rêve va virer au cauchemar pour Lamont. Plutôt que de produire et de faire avancer The Reformation, Dr Dre tourne en rond avec Detox et met Aftermath de côté. L’album est repoussé systématiquement, au point qu’il ne verra jamais la lumière du jour. Bishop Lamont quitte le label en 2010, cinq ans après sa signature avec aucun album en poche, un véritable pétard mouillé. Cependant, il dit rester en bon terme avec Dr Dre. Plutôt sympa le Bishop …
Octobre 2012. Le moment de sortir de l’eau, équipé d’une cassette intitulée The Layover. La joie, puisque je n’ai jamais cessé de défendre son talent, pour de vrai. Un projet low-cost, la cover est atroce, qui ne jouit de quasiment aucune publicité. On sent le manque de moyens. Mais dans le contenu, Bishop est toujours aussi généreux et a su rassembler un nombre incalculable d’artistessur ce projet. 28 titres et presque pas d’interlude : Bishop Lamont veut montrer qu’il n’est pas cramé et qu’il a encore quelque chose dans le ventre. Le line-up est impressionnant, suffit de regarder du côté des producteurs : Madlib, The Alchemist, Focus et bien d’autres. En ce qui concerne les rappeurs, Reks, Royce Da 5’9, Black Milk sont de la partie.
The Layover est un bon cru, qui permet à croire encore à Bishop Lamont qui mérite bien mieux que des mixtapes sans réel buzz. Il aurait confié que les titres qui apparaissent dans cette mixtape sont les sons qui n’ont pas été retenus sur The Reformation : je vous laisse imaginer le niveau de l’album… A 34 ans, il promet toujours de sortir cet opus, on l’espère aussi. Quel gâchis tout de même …