Je le pensais presque perdu pour la cause hip-hop, l’autoproclamé roi (déchu) du rap sudiste. Pourtant, depuis sa sortie de prison, T.I. a repris pour de bon la route des studios plutôt que celle de l’Amnu-Nation. Le pensionnaire d’Atlanta a enchaîné featuring sur featuring avec une hargne que je ne lui connaissais plus depuis les beaux jour de son alter-ego T.I.P, dont le dernier spasme vraiment saignant remontait maximum à « What Up, What’s Haapnin » et avait bien fessé Shawty Lo. C’était en 2008, sur Paper Trail. Un album déjà correct mais sans plus, annonçant presque le naufrage de son dernier LP No Mercy, qui n’avait eu aucune pitié pour nos pauvres tympans.
Une hyperactivité réjouissante après une longue période de troubles, qui préparait le terrain à sa mixtape Fuck Da City Up, chaudement servie pour le premier jour de l’année 2012. A ce sujet, le rubberband man nous a beaucoup vendu son duo avec son compatriote Young Jeezy sur le titre éponyme de la tape, un crossover puisque T.I. se ramenait sur le single « F.A.M.E. » du snowman. Je ne trouve pas le résultat à la hauteur des espérances, surtout en comparaison à ce que j’ai entendu sur TM 103. Passé cette petite déception, le commandante de Grand Hustle amène son fidèle lieutenant Young Dro sur un « Hot Wheels » plus incisif, reprenant un sample « Push it to the limit » cher à Rozay. Un des tracks qui a le plus retenu mon attention, parce que la suite s’avère plus bancale. Des invités … inévitables type 2 Chainz, Pusha T ou Meek Mill, des producteurs qui ne livrent pas des produits de luxe : il faut gratter pour retenir des moments croustillants. Que ça soit Toomp (« Who What When »), Manny Fresh (« The One ») ou Just Blaze (sur l’imbuvable soupe « Oh Yeah »), les têtes d’affiches n’ont pas filé leur plus beaux cadeaux à T.I. Aucune ogive nucléaire qui mettrait vraiment la ville sens dessus-dessous, comme j’aurais aimé en entendre.
Un T.I. qui se défend comme il peut mais semble avoir perdu son style lent et arrogant qui le faisait rayonner à l’époque de King. Il puise plutôt dans les marmites des autres : un coup dans l’ambiance d’un Jeezy, un autre dans le registre des mecs plus street et bourrin (« I See Ghost » avec Future et Rocko). T.I. ne marque plus vraiment son empreinte.
Enfin, le bouquet final, la collaboration avec Dre, accouche d’un sympathique « Popped Off » honnête mais pas inoubliable, à l’image de tout ce projet finalement. La route est encore longue avant de retrouver Clifford Harris sur le trône. Je doute même que l’ex-roi soleil puisse retrouver toute sa splendeur, face à une concurrence de plus en plus dense. N’oublions tout de même pas qu’il brillait au sommet il n’y a pas si longtemps …