A la question “qui sont les rappeurs les plus cools de la planète ?”, beaucoup oublieront de citer Myke Bogan. Foutu manque de visibilité. Pourtant, ce mec a plus d’humour que Chris Rock et Jamel Debouzze réunis. Je vous le jure. Son rap apporte un vent de fraicheur et une touche de chaleur à l’heure où les valeurs marchandes font parties intégrante des lyrcis de nos rappeurs préférés. Comme il le dit lui même, il a “commencé la musique parce que les morceaux qui sortaient à cette époque étaient horribles…” Sans langue de bois et sans prise de tête, Myke distribue les vertus d’une plume légère et inventive, destinée à vous faire sourire. On ne l’appelle pas “The Lyrical Architect” pour rien. Après 3 projets aboutis et appréciés par la critique, il est temps d’offrir à notre comique l’exposition qu’il mérite. Présentation.
C’est peut-être parce qu’il était footballeur à l’époque du lycée que Myke Bogan est super cool – cocorico. Si si, souvenez vous des teen-movies un peu stupides que vous aviez l’habitude de regardez plus jeune, il y avait toujours d’un côté les populaires et de l’autre… les autres. Les footeux, veste avec logo de l’équipe, bonasses au bras et QI de noisette, étaient dans les populaires. Et on les enviait car ils avaient l’air supra swoin. Si certains ne méritaient pas leur réputation, d’autres, comme Myke Bogan semblent ne pas l’avoir usurpée. Il nous le prouve aujourd’hui avec sa nouvelle activité de rappeur.
Une activité qu’il a démarré il y a peu. Sa première mixtape, So Long, South Dakota, est sortie en 2012. Néanmoins, il gravit les échelons à vitesse grand V. Nouveau venu dans le rap, Myke ne s’attendait certainement pas à devenir populaire aussi rapidement et voit malgré lui sa fanbase grandire de jour en jour. Faire des tournées avec Machin Gun Kelly et Dizzy Wright, ça aide, mais sans son talent naturel pour la rime, se faire une place au soleil aurait été plus difficile. Alors qu’il séduisait les nanas de son école en Californie rien qu’en s’affichant avec sa veste de footeux, Myke Bogan séduit aujourd’hui ses auditeurs avec des phases bien senties. Le public n’est pas le même mais l’effet est semblable. Enfin, presque, puisqu’on ne finit pas dans son pieux. Mais on a envie de l’entendre dans notre playlist, quand même, on n’aime pas les coups d’un soir. Il risque de se l’approprier, cette playlist, puisque qu’il a sorti tout récemment sa troisième mixtape en deux ans, celle-ci intitulée Pretty Hesh. Ça fait un paquet de morceaux à écouter et à apprécier, puisqu’il apporte à ce rap game un peu de ce qui lui manquait, selon mon propre avis : de l’humilité.
Contrairement à la plupart de ses collègues, Myke n’érige pas l’argent en dieu tout puissant. Une caractéristique qu’il partage avec les seuls rappeurs qu’il écoute, et même admire aujourd’hui, Joey Bada$$ et Kendrick Lamar. Des rappeurs « qui ont leur propre style« , et c’est ce qu’il apprécie. De même, chacun de ses versets n’est pas ponctué par un swearword bien senti. Ce serait inutile et aurait pour effet de desservir son message – « be yourself » : “Vous ne serez jamais heureux si vous n’êtes pas vous même”. Un constat qui l’a amené à briser la logique commerciale pour faire ce qu’il aime. Facile à dire, certes, mais il le fait assez bien en nous permettant de retrouver dans sa musique toutes les facettes de sa personne. On n’aura pas de mal à identifier les morceaux qui mettent en valeur ce fêtard adepte de weed, de sports de glisse et de culture skate. Un délire fait de grosses basses et de refrain efficaces, qui s’accommoderait parfaitement de la présence d’un Danny Brown, avec qui il rêverait de faire un featuring.
On n’aura pas de mal non plus à identifier les morceaux plus profonds, parfois introspectifs, dans lequel Myke s’interroge sur le temps qui passe, les échecs de la vie, ou encore la façon dont il pourrait subvenir aux besoins de sa famille. Là encore, ces morceaux s’accommoderaient bien de la présence d’une Lana Del Rey : “J’aurais aimé un morceau avec Lana Del Rey. Elle qui chante sur un de mes morceaux, ça serait énorme pour moi personnellement. En plus, je compte me marier avec elle, donc ça aurait accéléré le processus….”
Ces morceaux auraient pu être déprimants – fragile ? – si Myke ne racontait pas ses histoires avec humour. C’est l’une de ses qualités. Il te parle de choses désenchantantes en essayant de provoquer un sourire, une lumière d’espoir, plutôt qu’une dépression. C’est un clown triste qui donne donne des béquilles à la mélancolie : “J’ai ce côté joyeux en moi, mais je suis aussi une personne qui traverse des épreuves dans la vie. Et c’est à ce moment là qu’il faut savoir rester positif !”
Ces messages, bercés entre optimisme et réalité, c’est peut-être ce qui lui vaut cette popularité. Une popularité qu’il espère voir s’étendre aux quatre coins des US lors de ses tournées. Et ainsi faire grossir encore plus sa fanbase. On parie qu’en sortant sa veste de footeux sur scène, il n’aura pas de mal à convertir quelques futurs auditeurs et auditrices. Et pour ceux qui ne pourront pas aller le voir en tourner, vous pouvez toujours tchek sa page bandcamp.