« Hip-hop you saved my life. » Même à 13 000 kilomètres de son Chicago natal, le refrain de Lupe Fiasco ne perd pas de son sens. De son vrai nom Naved Shaikh, Naezy est un rappeur indien de 22 ans originaire de Bombay. À 15 ans, le jeune qui vit avec sa mère tombe dans la délinquance de la plus grande ville de l’Inde. Des vols et des conneries de gamin qui mènent le jeune hindi à visiter les geôles du pays de Gandhi. Jusqu’au jour où celui-ci tombe sur le tube… « Temperature » de Sean Paul. Une grosse claque et un déclic pour l’ado, qui bien que ne comprenant pas les paroles, entonne en boucle le flow du Jamaïcain mis à la sauce indienne.
Conscient que son mode de vie risque de le mener à sa fin et poussé par ses camarades de classe, Naezy trouve refuge dans l’écriture. Débute alors la carrière d’une star locale qui pointe à plus de 200 000 vues sur Youtube avec son clip « Aafat ». À l’aide de son seul iPad, il rappe en Ourdou, langue officielle du Pakistan, parlé dans le Nord de l’Inde, pour dénoncer les dérives sociales du deuxième pays du monde. « Make the internet accessible to every citizen. » Au pays des castes, Naezy est devenu un réel activiste grâce au rap : « Hip-hop is also about our ideologies. »
Une histoire qui a donné un court-métrage, Bombay 70, primé par le festival de sa ville en 2014. L’occasion de découvrir Naved, casquette vissé sur la tête et lunette de soleil sur le nez. Pendant neuf minutes, la réalisatrice Disha Noyonika Rindani nous emmène dans l’intimité du jeune homme.
À quelques jours de la sortie française de Straight Outta Compton, c’est aussi l’occasion de rappeler qu’il n’y a pas que NWA qui a pu changer le destin musical de plusieurs générations. Sean-Paul aussi. À sa manière.