« Le seul moyen de tirer un peu son épingle du jeu en Amérique, c’est d’adopter la position d’O.J. : ‘’Je ne suis pas Noir, je suis O.J.’’.« C’est avec cette phrase choc que Nas, Nasir Bin Olu Dara Jones dans le civil, débute sa lettre ouverte ACTION SPEAKS BETTER THAN WORDS – l’action parle mieux que les mots –, adressée aux Américains et publiée mardi dans Mass Appeal.
Action. https://t.co/bfbPVupHKo
— Nasir Jones (@Nas) May 30, 2017
Une missive destinée à éveiller les consciences autour de l’épineux sujet du racisme aux Etats-Unis, un pays où « les Blancs qui souffrent de maladies mentales et croisent la police finissent par vivre », contrairement à Michael George Smith Jr., ce jeune homme de 22 ans retrouvé pendu dans le Piedmont Park d’Atlanta l’été dernier, et dont le cas obscur a visiblement marqué le rappeur new-yorkais. Son décès, rapidement classé dans les suicides par la police, avait laissé bien des internautes perplexes, ces derniers misant davantage sur un assassinat et un lynchage en bonne et due forme par des membres du Ku Klux Klan, qui selon plusieurs sources tractaient dans le parc quelques minutes avant la découverte du corps. « Quand tu ignores les me*des qui arrivent aux gens, tu peux vivre dans le fantasme, ce fantasme américain dont tu fais partie… Qui ça ? Tu ignores ce qui se passe, et tu es en paix. Parce que ce qui se passe, ça suffit pour rendre les gens dingues », poursuit ainsi Nas.
Au passage, le rappeur de 43 ans s’est adonné à l’un de ses petits jeux préférés : tailler un costard à Donald Trump. Mission réussie, Agent Orange est désormais rhabillé pour l’hiver. « On sait tous qu’un raciste est président, torpille sèchement Nas. Les gens peuvent dire leur me*de. Les comédiens peuvent dire leurs trucs racistes. Les gens peuvent s’en tirer de ces moments-là, mais quand tu as la responsabilité d’être le président et que tu continues, tu envoies un message fort aux personnes extérieur à ton groupe, qu’ils ne sont que des mer*es. […] Je n’ai pas le temps pour Trump ou Pence. J’en ai rien à foutre », conclu-t-il.
« Je n’ai pas le temps pour Trump »
Expliquant qu’il préfère utiliser son énergie pour « la création » et « l’éducation de la jeunesse » c’est tout en finesse et en diplomatie, avec la classe qu’on lui connaît, qu’il a conclu sa missive. Grave et lucide, mais « responsable » sans être moralisateur, Nas, reconnaissant ne plus avoir, pour le moment, le cœur à voter, encourage chacun à s’accomplir, et à croire en ses rêves. « Obama a changé les règles. Maintenant, qu’on soit une femme, Latino, ou qu’importe, on peut se présenter à la présidence. Gagner l’élection peut être quelque chose de réel pour quelqu’un dans ce pays, si c’est ce que cette personne veut, écrit-il. Gamin, je voulais à un moment étudier le cinéma. Le cinéma, ou la musique. Steven Spielberg, George Lucas – c’était les noms qui revenaient pour moi. Je fais toutes ces choses dont j’ai toujours rêvé, même s’il y avait un Ronald Reagan, même s’il y avait des lois qui ont détruit sans pitié la communauté noire, ont mis des tonnes de gens en prison pour des accusations montées de toutes pièces, ou des crimes pour lesquels d’autres se font baiser la main. (…) J’ai lu des ouvrages de philosophie orientale adolescent, donc je vois de l’équilibre dans tout, j’ai la tête plus froide grâce à ça, assure-t-il. Si j’ai pu faire ça, aujourd’hui, on peut sauver davantage. Surtout à notre époque avec toutes les ressources qu’on a, toutes les informations de notre société du savoir, et ça, peu importe que Trump soit en poste ou non. Donc je n’ai pas le temps de me plaindre. J’ai le temps d’agir. A chaque fois que je prends la parole, j’agis. » Like a boss.