On était à la clôture du Pitchfork Festival 2015 et, autant le dire, c’était plutôt pas mal. Le lineup de ce dernier jour s’annonçait lourd : Run The Jewels, Ratatat et Hudson Mohawke au programme, éparpillés au milieu d’artistes de rock mélodieux ou d’électro éclectique. Bilan de la dernière soirée de la 5e édition parisienne du festival américain.
On arrive sur la fin de Unknown Mortal Orchestra, juste avant que la foule ne chante en choeur « We are the Champions » en se retournant vers la scène opposée sur laquelle arrivent, acclamés, les MCs de Run The Jewels. En fond, la couverture rouge flambante de Meow The Jewels. Killer Mike est déchainé, saute partout, fait des grimaces. EI-P est plus contenu, mais se marre bien. Dans un nuage de fumée, le public scande « RTJ » à chaque fin de son, et l’énergie du dernier album en live fait l’effet d’une bombe.
On quitte la foule transpirante, on se retourne. Les stands de bière parsemés partout nous font nous arrêter une première fois. Le timing parfait du Pitchfork fait commencer Spiritualized pile à l’heure. On passe du coq à l’âne. C’est l’ovni de la programmation, tant il tranche avec les autres noms de cette soirée de clôture. On aurait presque tendance à oublier que Pitchfork, à la base, c’est un magazine de rock indé. La fanbase en place, accolée à la barrière, chante les mélodies du groupe de rock britannique.
On continue de jongler entre les scènes. Cette fois-ci, c’est le duo de guitaristes les plus hype qu’on va retrouver. Gros gros point pour le jeu de lumière. Faisceaux fluorescents brouillés par la fumée, statues grecques mises en mouvement, bébés de marbre aux bras multiples qui courent, nuages, têtes crispées… Le visuel psyché qu’offre la prestation de Ratatat est fou. La guitare est efficace, les musiciens ont les cheveux longs et virevoltants dans tous les sens, les formes géométriques de toutes les couleurs défilent sur l’écran du fond : on se croirait dans Guitar Hero.
Fin du concert, deuxième bière. Dur de se hâter rejoindre les places de devant pour l’hyper attendu Hudson Mohawke. On se fraie un chemin dans cette salle full. On note au passages les déguisements réussis (et ceux ratés) de Halloween. D’ailleurs, le DJ est dans les tons. Ses platines sont enrobées d’un décor macabre, genre planches en bois et épaisses toiles d’araignées. La lumières cette fois-ci est dark, et la trap efficace. Il commence à se faire tard les festivaliers s’échauffent. Climax à le fin de ce set, où Hudson Mohawke termine avec le classique de TNGHT, le surpuissant « Higher Ground ».
Ok, la Grande Halle de la Vilette s’est officiellement transformée en boîte. Moins de gens agglutinés au barrière, plus d’espace pour danser. L’arrivée des grands noms de la musique électronique, John Talabot (qui partagent la scène avec l’allemand Roman Flügel) et Laurent Garnier pour finir en beauté (et en français !) ferme le Pitchfork Festival 2015. Crescendo de house rapide, les plus courageux n’auront pas regretter d’être rester jusqu’à la fin. Le pari est réussi pour les festival américain, qui impose doucement ses événements comme les concerts marquants des automnes parisiens.